Un jour… Un chef-d’oeuvre! (28)

Jouez le jeu… et laissez-vous transporter, surprendre, émerveiller, éprouver mille émotions… avant de lire de quoi il s’agit… et, peut-être alors, si le cœur vous en dit, allez un peu plus loin… le jeu n’a pas de fin! Ce n’est pas l’origine des choses qui génère leur beauté, c’est l’âme qui les fait vivre…!

29b. Edward Burne-Jones, Le Cortège nuptial de Psyché, 1895.

« La perplexité devant un tableau est chose courante. D’abord parce qu’il traite souvent d’un sujet dont on ignore tout. Nul n’est censé avoir parcouru la Bible et les textes apocryphes, les légendes de la mythologie, les événements historiques et tout le répertoire des symboles connus avant de visiter un musée ou de regarder un tableau. Aussi frustrant soit-il sur le moment, ce type d’inconvénient est relativement facile à surmonter. Il suffit de se reporter à un dictionnaire ou à un manuel pour y trouver une première réponse à ses questions. L’identité des personnages, le sens des scènes représentées, la raison d’être d’un décor ou d’un costume, rien de tout cela ne fera plus mystère. Peut-être l’énigme d’une subtile iconographie subsistera-t-elle, mais alors à un niveau stimulant pour l’intellect, problématique au sens positif du terme.

La véritable confusion commence lorsque le spectateur ne sait pas où poser les yeux, lorsqu’il ne trouve pas le point de repère qui lui permettrait de se diriger dans l’image. Le titre du tableau ne l’aide pas toujours, quand il ne l’égare davantage. Certaines œuvres apparaissent comme des terrains glissants, donnant le sentiment de perdre son chemin avant même d’être parti. Suivant les cas et son propre état d’esprit, on pourra trouver la chose plus ou moins décourageante, mais, à ce stade, l’idée qui domine en général est simple: on n’y comprend rien, ou trop peu.

La peinture cependant joue rarement aux devinettes. Elle attend d’être parcourue. Peu importe par où l’on commence dès lors qu’on accepte d’y accorder du temps, car elle ne se livrera que par étapes. En ralentissant la découverte de son sens, elle donne au spectateur le sentiment trompeur de manquer l’essentiel alors qu’en fait elle le mène à s’interroger sur la validité de ce qu’il perçoit. Rien ne lui sera donné d’emblée: il lui faudra parfois changer de route, changer mentalement de lunettes. Un tableau sème la confusion délibérément, pour engager à une vigilance, une attention renouvelée du réel. C’est avant tout l’espace d’un cheminement, dont le terme, au fond, demeure secondaire.»

Le texte ci-dessus:

Françoise Barbe-Gall, Comment regarder un tableau, Vanves, Éditions du Chêne, Hachette Livre, 2016, p. 155.

Le tableau:

Edward Burne-Jones (1833-1898), Le Cortège nuptial de Psyché, 1895.

La musique:

Manuel de Falla (1876-1946), Psyché pour soprano, flûte, harpe, violon, alto et violoncelle, interprété par Jennifer Smith et le London Sinfonietta dirigé par Simon Rattle.

Le texte chanté:

Jean-Frédéric-Emile Aubry (1882-1950), Psyché.

Psyché ! La lampe est morte; éveille-toi.
Le jour te considère
avec des yeux noyés d’amour,
et le désir nouveau de te servir encore.
Le miroir, confident de ton visage en pleurs,
reflète, ce matin, lac pur parmi des fleurs,
Un ciel laiteux ainsi qu’une éternelle aurore.
Midi s’approche et danse,
ivre sur ses pieds d’or.
Tends-lui les bras, sèche tes pleurs ;
dans un essor abandonne, Psyché,
la langueur de ta couche.
L’oiseau chant au sommet de l’arbre,
le soleil sourit d’aise
en voyant l’universel éveil,
et le Printemps s’étire,
une rose à la bouche.

Lien vers plus d’informations sur Psyché… et sur le symbolisme!

Psyché (Wikipédia)

Symbolisme (Wikipédia)

 

 

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