Un jour… Un chef-d’œuvre (161)

Le lustre se lève et se couche. Il nous accompagne aux bouts de la nuit, nous plonge et nous invite au réveil général, au retour à notre monde.

Georges Banu

Le grand lustre de l’Opéra royal de Wallonie par Gilderic, Les Secrets de l’Opéra, octobre 2012.

 

Franz Joseph Haydn (1732-1809), Symphonie n°96 en ré majeur, Hob. I:96 « LE MIRACLE » interprétée par l’Orchestre de chambre d’Europe, dirigé par Claudio Abbado.

La Symphonie no 96 en ré majeur dite « Le miracle » Hob. I: 96, est une des premières, sinon la première dans l’ordre de composition, des 12 symphonies londoniennes de Joseph Haydn. Elle date du premier voyage du compositeur à Londres. Son titre provient d’un incident qui, en réalité, se produisit lors de la première audition de la 102e symphonie, le 2 février 1795. Alors que les spectateurs du premier rang s’étaient levés de leur siège pour voir de plus près le compositeur et chef d’orchestre, un lustre tomba du plafond sur les places laissées vides. Aucun spectateur ne fut blessé.

 

Le fantôme de l’opéra est un drame musical anglo-américain de 2004 basé sur la comédie musicale du même nom d’Andrew Lloyd Webber en 1986, qui à son tour est basée sur le roman français Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.

Gilderic, Illustrateur, photographe, webmaster, dessinateur de BD, Les Secrets de l’Opéra, octobre 2012.

En Californie, la veille du retour vers l’Europe, après un long séjour universitaire, un ami décida, à la dernière minute, de me montrer le coucher de soleil sur l’océan mais malgré ses coups d’accélérateur, nous le ratâmes…
« Trop tard« , conclut-il déçu. Aujourd’hui encore, je m’en souviens.

Comme le dit Peer Gynt, le personnage d’Ibsen, « On possède à jamais ce que l’on n’a pas eu »: nos défaites, nos échecs, nos pertes. De même que le coucher manqué du soleil californien fait souvent retour. J’y pense parfois lorsque les lustres majestueux s’éteignent progressivement et que la lumière meurt en douceur. Je jette alors un dernier coup d’œil sur la salle avant qu’elle s’assombrisse tout à fait. Cet entre-deux m’apaise, car nous passons en douceur de la splendeur initiale au déclin des derniers rayons comme sur la plage de San Diego, regorgeant de nostalgie lorsque le soleil passe de l’autre côté du monde. At théâtre, les yeux rivés sur le plateau, ne passe-t-on pas nous aussi de l’autre côté…?

Le lustre se lève et se couche. Il nous accompagne aux bouts de la nuit, nous plonge et nous invite au réveil général, au retour à notre monde.

À une époque révolue, on engagea les hostilités contre le lustre en faveur d’une lumière constante, lumière du procès et de la pensée… mais aujourd’hui, cette confiance dans la lucidité du spectateur s’épuise, et le lustre regagne sa place centrale d’où il déploie les charmes de la disparition et de l’éclaircie. On regrettera toujours une disparition, on profitera toujours d’une éclaircie…

Georges Banu, Une lumière au cœur de la nuit, Paris, Arléa, 2020, pp.103-104.