Un jour… Un chef-d’oeuvre! (46)

Le stratagème tient dans un récit à tiroirs où fleurissent mille mises en abyme : à l’intérieur de chaque conte, un personnage raconte un épisode de sa vie ou une autre histoire, de façon à entretenir l’attention des auditeurs (les contes sont avant tout oraux). Cette forme de récit est caractéristique d’un genre littéraire indo-persan destiné à éduquer les fils des rois et des gouvernants en leur montrant des personnages auxquels ils peuvent s’identifier et appelé pour cette raison «Miroir des princes».

46. Léon Bakst, décor pour Sheherazade, 1914.

Léon Bakst (1866-1924), Décor pour la représentation de Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov dans le cadre des Ballets russes, 1910.

Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908), Shéhérazade, Suite symphonique pour orchestre d’après Les Mille et une nuits, 4. Fête à Bagdad — La Mer — Le Vaisseau se brise sur un rocher surmonté d’un guerrier d’airain (Allegro molto — Vivo — Allegro non troppo maestoso) interprétée par L’Orchestre philharmonique de New York, dirigé par Kurt Masur.

46b. George Barbier (signé LARRY), Shéhérazade, 1910

George Barbier (1882-1932), Shéhérazade, 1910. (signant LARRY).

« Le sultan Shahriar, persuadé de la perfidie et de l’infidélité des femmes, avait juré de faire donner la mort à chacune de ses épouses, après la première nuit. Mais la sultane Shéhérazade sauva sa vie en le captivant par des contes qu’elle lui raconta pendant mille et une nuits. Pressé par la curiosité, le sultan remettait d’un jour à l’autre le supplice de sa femme, et finit par renoncer complètement à sa résolution sanguinaire.
Bien des merveilles furent racontées à Shahriar par la sultane Shéhérazade. La sultane lui conta bien des merveilles empruntées aux vers des poètes, aux paroles des chansons populaires, imbriquant les récits et les aventures les uns dans les autres. »

Préface de la partition.

46f. Paul Emile Destouches (1794-1874), Schéhérazade, accompagnée de sa soeur, 1824.

Paul Emile Destouches (1794-1874), Shéhérazade, accompagnée de sa sœur, 1824.

« C’est en vain que l’on cherche dans ma suite des leitmotive toujours liés à telles idées poétiques. Au contraire, dans la plupart des cas, tous ces semblants de leitmotive ne sont que des matériaux purement musicaux du développement symphonique. Ces motifs passent et se répandent à travers toutes les parties de l’œuvre, se faisant suite et s’entrelaçant. Apparaissant à chaque fois sous une lumière différente, dessinant à chaque fois des traits distincts et exprimant des situations nouvelles, ils correspondent chaque fois à des images et à des tableaux différents. »

Nikloaï Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale (1876-1906).

46g. Léon Bakst, Costume pour Michel Fokine et Vera Fokina, Shéhérazade Ballets russes, 1914.

Léon Bakst, Costume pour Michel Fokine et Vera Fokina, Shéhérazade Ballets russes, 1914.