Une Perle à Ceylan…

« C’est avec le courage et la persévérance qu’on obtient le succès.  Mes amis, quand je pense qu’autrefois on disait, et tout haut et tout bas, qu’un orphéon ici ne réussissait pas. »*

 

En énonçant une telle maxime en 1867, Adolphe Bizet (1810-1886), poète médiocre à ses heures, était loin d’imaginer que moins de dix ans plus tard, son fils, Alexandre-César-Léopold Bizet (1838-1875), rebaptisé Georges, aurait quitté ce monde, à seulement 36 ans, en laissant derrière lui la réputation d’un des plus grands compositeurs français ayant été rien de moins que l’auteur de Carmen, l’opéra le plus joué, encore aujourd’hui, à travers le monde. Dans le cadre de la conférence que je donnerai ce mardi (exceptionnellement au lieu d’un mercredi) à 20H à l’Opéra royal de Wallonie à propos de G. Bizet de de ses Pêcheurs de perles au programme dans quelques jours, je vous propose un petit voyage biographique au cœur du compositeur de Carmen… en route pour un parcours singulier, riche et pourtant… si bref!

Perles

Georges Bizet naît, en effet, à Paris le 25 octobre 1838 dans une famille de musiciens et d’artistes. Son père Adolphe, perruquier-coiffeur de son état, s’était reconverti, en modeste compositeur et maître de chant improvisé. Sa mère, Aimée Delsarte (1815-1861), était issue d’une famille aisée et cultivée. Elle pratiquait le piano avec un certain bonheur et appartenait à une famille où l’art, musical et théâtral, comptaient et faisaient bon ménage. C’est donc tout naturellement que, lorsque les premières manifestations d’un talent musical émergèrent du petit Georges, la famille prit en charge son premier enseignement. Pourtant, l’éveil hors du commun du garçon et ses immenses capacités dépassèrent vite les aptitudes de ses parents.

05. Félix-Henri Giacomotti, Portrait de Bizet vers 1860-70.

Trop jeune pour fréquenter le Conservatoire, Adolphe imagina un stratagème d’une redoutable efficacité. Il fit venir chez lui un professeur de piano réputé pour sa sévérité et lui demanda de jouer un accord très compliqué. Lorsque l’enfant, dans la pièce voisine, énonça toutes les notes exactes de l’accord, il fut convenu qu’on ferait une exception et qu’il serait reçu dans la prestigieuse institution parisienne sans autre forme de procès. Georges Bizet est admis dans la classe de piano d’abord, d’orgue ensuite. Il couronne son parcours en étudiant l’harmonie, le contrepoint et la composition dans la classe de Jacques-Fromental Halévy (1799-1862), célèbre auteur de l’opéra La Juive et professeur de Charles Gounod (1818-1893). Ce dernier sera bientôt adulé par Bizet qui le prendra comme le modèle à suivre du génie français.

02. Buste de Halévy à l'Opéra de Paris

Dès l’âge de seize ans, il compose une œuvre restée célèbre qui figure très souvent dans les programmes des orchestres symphoniques actuels. Il s’agit de la Symphonie en ut majeur (1855), bientôt suivie d’une opérette, Le Docteur Miracle (1856). Désireux de promouvoir et élargir le répertoire du théâtre des Bouffes-Parisiens qu’il dirige depuis un an, Jacques Offenbach (1819-1880) organise, pendant l’été 1856, un concours d’opérettes. Bizet y participe et figure d’emblée parmi les six finalistes. Tous doivent composer une opérette sur un livret, écrit par Léon Battu (1829-1857) et Ludovic Halévy (1834-1908) d’après une pièce de théâtre anglaise. Elle raconte les aventures burlesques du Docteur Miracle qui prétend guérir tout le monde à l’aide de sa potion… miraculeuse ! Bizet remporte, ex-æquo avec Charles Lecocq (1832-1918), le premier prix, consistant en une somme de 600 francs et une médaille d’une valeur de 150 francs,. Les deux œuvres sont représentées onze fois chacune avant de tomber dans l’oubli. Entre-temps, Bizet se forge un nom et une réputation dans le monde musical parisien. Il est l’invité régulier des très convoitées soirées des salons de Gioacchino Rossini (1792-1868).

13. Villa Médicis à Rome

La Villa Médicis à Rome

La cantate Clovis et Clotilde (1857) reçoit quant à elle le Premier Grand Prix de Rome et est exécutée en grande pompe dans la salle des concerts du Conservatoire de Paris. Le prix, assorti d’un séjour de trois ans à la Villa Médicis de Rome, permet au jeune compositeur de découvrir l’Italie. Ainsi il visite Naples, Venise, Padoue, Ravenne Vérone et Milan. Régulièrement, il envoie à Paris les travaux qui lui sont demandés. Il compose un Te Deum (1858) pour chœur et orchestre dont un thème figurera plus tard dans Les Pêcheurs de perles, Don Procopio (1858), un opéra bouffe en deux actes construit sur une farce italienne, une ode symphonique et chorale, Vasco de Gama (1859) où la découverte des Indes par le célèbre navigateur est glorifiée. Il produit également un Scherzo et Marche funèbre (1861). Ceux-ci seront intégrés plus tard à sa Symphonie « Roma » lors de sa révision en 1871. Découvrant une vie libérée du carcan familial dans un environnement propice à l’épanouissement, Bizet passera là-bas les moments les plus heureux de sa vie. Le bonheur est de courte durée. Rappelé prématurément à Paris où sa mère est mourante, il se consacre à la composition et à l’enseignement. Il est engagé au Théâtre-Lyrique et compose La Guzla de l’émir (1862) un opéra-comique dont le manuscrit, mis en livret par Jules Barbier (1825-191) et Michel Carré (1821-1872), les deux librettistes favoris de Charles Gounod, est détruit. L’œuvre ne sera pas représentée.

41. Le Théâtre Lyrique à Paris en 1863

Le directeur de l’établissement depuis 1856, Léon Carvalho (1825-1897), un ancien chanteur lyrique reconverti en impresario, présente des œuvres de Ludwig van Beethoven (1770-1827), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Gioacchino Rossini et Carl Maria von Weber (1786-1826), peu jouées en France. Mais son mérite le plus grand est d’offrir une chance aux nouveaux compositeurs français refusés par l’Opéra et l’Opéra-Comique, comme Hector Berlioz (1803-1869), Charles Gounod, Camille Saint-Saëns (1835-1921) et Léo Delibes (1836-1891). Georges Bizet bénéficie aussi de cette aide et Carvalho lui suggère un livret d’inspiration orientale d’Eugène Cormon (1810-1903) et Michel Carré. Les Pêcheurs de perles, qui raconte comment autrefois, dans l’île de Ceylan, deux amis Nadir et Zurga en viennent à se déchirer pour Leïla, la belle prêtresse de Brahma. L’œuvre en trois actes est créée en 1863 et obtient un succès public certain malgré l’hostilité farouche des critiques. Seul Berlioz en donnera un avis favorable en considérant l’œuvre comme encourageante pour un jeune musicien qui n’a pas encore 25 ans.

 

Laissé de côté pendant toute la durée du travail sur Les Pêcheurs de perles, Bizet achève ce projet de grand opéra consacré à Ivan le Terrible, connu aujourd’hui sous le titre Ivan IV.  S’il espère une représentation au Théâtre-Lyrique, Carvalho argumente le continuel report de la création par l’aveu d’un manque de moyens financiers. Le compositeur se tourne alors vers l’Opéra où il insiste sur le caractère historique du sujet, mettant en avant des propos nobles sur la loyauté et le devoir, sur l’amour, le patriotisme et la religion,… toutes valeurs essentielles au grand opéra à la française. Rien n’y fait, cependant et l’œuvre ne sera pas acceptée. Désabusé, le compositeur aura cette réaction restée célèbre : « Rien de nouveau à l’Opéra. Il faut attendre encore et intriguer toujours. Comme c’est amusant ! »** Et Bizet attendra jusqu’à son prématuré dernier souffle ! Quant à Ivan IV, il faudra patienter jusqu’à la production du Théâtre de Bordeaux en 1951 pour, enfin, le voir sur scène.

La suite est plus difficile encore. Bizet entame beaucoup d’œuvres, mais ne les achève pas et les brûle. Les superbes Six Chants du Rhin (1865), pour piano, témoignent des capacités pianistiques du compositeur.

Virtuose confirmé et reconnu par Franz Liszt (1811-1883) lui-même, il ne fera jamais carrière comme concertiste, détestant absolument se produire sur scène. Il parvient à mener à bien la mise en musique d’un médiocre livret inspiré d’un roman de Walter Scott (1771-1832) intitulé La Jolie Fille de Perth. L’opéra en 4 actes, commandé par Carvalho, est achevé en décembre 1866. Il raconte l’histoire, dans l’Écosse profonde, des amours tourmentées de Henri Smith et Catherine Glover à la veille de la Saint-Valentin.  Une reine bohémienne, Mab, manifeste préfiguration de Carmen, y joue un rôle ambigu. Une suite orchestrale, dite « Bohémienne » sera extraite des passages les plus réussis. Créée un an plus tard, La Jolie Fille de Perth sera fortement critiquée pour son livret incohérent, lointain et pâle reflet du roman original de Scott. La musique de Bizet, inversement, sera estimée et considérée comme une réussite importante.

11. Geneviève Bizet Halévy épouse de Georges, painted in 1878 by Jules-Élie Delaunay

Geneviève Bizet Halévy épouse de Georges, en 1878 par Jules-Élie Delaunay

Georges épouse au printemps 1869, Geneviève Halévy (1849-1926), la fille de son cher professeur de composition décédé quelques années auparavant. Il achève la partition de Noé laissée incomplète par son beau-père. La famille Halévy, juive, aisée et très réputée en France, compte parmi ses membres un nombre important de personnages illustres comme, par exemple, le dramaturge Ludovic Halévy (1834-1908) qui rédigera l’excellent et efficace livret de… Carmen ! Le couple s’installe confortablement dans un hôtel particulier et ne tarde pas à avoir un enfant, Jacques Bizet (1872-1922) qui nouera, dans son adolescence, une intense amitié avec un certain Marcel Proust (1871-1922). Quant à Geneviève, femme très cultivée et intelligente, elle tiendra par la suite et en dépit d’un état dépressif chronique, un salon littéraire très fréquenté par les artistes, les diplomates et la noblesse, même après la mort de son époux.

49. Georges Bizet, La Maison de Bougival vers 1900

Georges Bizet, La Maison de Bougival vers 1900

Bientôt, la guerre de 1870 contre la Prusse éclate et bouleverse, dans sa tempête, la vie musicale et artistique. Bizet s’engage dans la Garde nationale et souffre, comme ses compatriotes, de la défaite de Sedan. Lorsque la paix revient, les problèmes financiers naissent. Il n’est pas assez reconnu par les autorités pour vivre décemment de son art. Une seule solution ; le travail acharné. Dans l’ombre, il réalise des transcriptions et des arrangements d’œuvres lyriques à la mode pour les éditions Choudens et Heugel.  Il donne quelques leçons de piano. Deux ans se passent. Il compose ses célèbres Jeux d’enfants (1871) pour piano à quatre mains, puis extrait certaines pièces pour transposer à l’orchestre en une Suite orchestrale (1872).

01. Georges Bizet, Portrait en 1875

Mais c’est avec un nouvel opéra en un acte, Djamileh, d’après le conte oriental Namouna (1832) d’Alfred de Musset (1810-1857) que Georges Bizet retrouve le contact avec le public de l’art lyrique. Sur un livret de Louis Gallet (1835-1898), l’œuvre est créée à l’Opéra Comique au printemps 1872. On y assiste aux efforts récompensés de la jeune et belle esclave Djamileh pour reconquérir l’affection et l’amour de son maître le prince Haroun. L’œuvre est mal reçue et ne tient que onze représentations. On lui reproche l’absence de chant et l’influence de Wagner. Djamileh semble pourtant satisfaire Bizet qui sent qu’à travers cette écriture musicale, il a trouvé la voie qui lui permet désormais de s’affirmer pleinement. Gustav Mahler (1860-1911) sera un grand défenseur de l’œuvre et la fera entrer en 1892 dans le répertoire de l’Opéra d’Hambourg.

C’est encore Léon Carvalho qui propose à Bizet de composer la musique de scène pour la pièce L’Arlésienne d’Alphonse Daudet (1840-1897). La pièce, en trois actes, tirée de la nouvelle éponyme appartenant aux Lettres de mon moulin (1869) raconte la tragique histoire de Frédéric, un jeune homme tombé éperdument amoureux d’une arlésienne et délaissé par celle-ci. Désespéré et inconsolable, même s’il fait mine d’être gai, Frédéric finira par se suicider en se défenestrant. La musique comporte 27 numéros qui accompagnent ou ponctuent les mélodrames parlés. L’œuvre est créée au Théâtre du Vaudeville en octobre 1872. Si la pièce de Daudet est dénigrée par la critique, la musique trouve grâce auprès des oreilles averties comme auprès de celles du public du théâtre. Bizet reprendra d’ailleurs ses meilleurs morceaux, parfois inspirés de chants populaires traditionnels provençaux et d’œuvres françaises anciennes, pour constituer deux suites d’orchestre aujourd’hui très célèbres. La Marche des Rois, devenue un chant de Noël célèbre et le bouleversant Adagietto en constituent des morceaux de choix. Donnée aux concerts Pasdeloup un mois plus tard, la suite est un succès immédiat. Dans la foulée de ce triomphe, les Concerts Pasdeloup créent, au Cirque d’Hiver, une ouverture symphonique, Patrie, qui est également acclamée.

Le compositeur travaille sur plusieurs œuvres majeures en même temps. Outre les esquisses inachevées d’un Cid et d’une Cantate, dont le sujet, Sainte Geneviève, la patronne de Paris, utilisent l’un et l’autre de nouveaux livrets de Louis Gallet, c’est un nouvel opéra, Carmen, qui l’occupe le plus. Opéra-comique en quatre actes sur un livret de Henry Meilhac (1830-1897) et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle éponyme de Prosper Mérimée (1803-1870), Carmen fut composée en quelques mois pour répondre à la commande de la direction de l’Opéra-Comique qui voulait « une petite chose facile et gaie, dans le goût de notre public, surtout avec une fin heureuse » !

05. Célestine Galli-Marié Carmen 1875 création par Henri Lucien Doucet

Célestine Galli-Marié créatrice du rôle de Carmen en 1875 par Henri Lucien Doucet

En 1875, Georges Bizet décide de partir se reposer à Bougival où il a loué une maison (voir illustration ci-dessus) pour se consacrer à la rédaction des 1 200 pages manuscrites que compte l’orchestration de Carmen. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur, le jour de la première de son nouvel opéra, le 3 mars 1875. C’est un désastre. L’orchestre et les chœurs sont lamentables. Les lourds décors et les lentes machineries rendent interminables les changements de scène. Le public gronde et quitte la salle progressivement. Condamné par la presse et rejetée par un public au conformisme bourgeois, le destin de Carmen, usant de scènes où la morale puritaine est mise à rude épreuve, semble compromis.

13. Constantin Meunier, Les Marchandes de cigarettes de Séville

Constantin Meunier, Les Marchandes de cigarettes de Séville

Carmen, une jeune et séduisante bohémienne, affirme sa liberté et son tempérament rebelle. Elle provoque une bagarre dans la manufacture de tabac où elle travaille. Le brigadier Don José, chargé de la mener en prison, en tombe éperdument amoureux et la laisse s’enfuir. Pour l’amour de Carmen, il renoncera à sa fiancée Micaëla et à son métier pour rejoindre les contrebandiers et sa belle. Mais dévoré par la jalousie, la libre Carmen va se lasser de lui et se laisser séduire par le célèbre torero Escamillo…

De gauche à droite et de haut en bas: Scène finale de Carmen, Gustave Courbet, Une gitane mélancolique, S. Dali, La Taverne de Lillas Pastia et Edouard Manet, Le torrero mort.

Est-ce le résultat d’un travail harassant et d’un échec cuisant ? La santé du compositeur se dégrade rapidement. Bizet souffrait certes de crises d’angine régulière lors de périodes de travail intense. Il souffrait également de rhumatismes articulaires que l’air de la campagne semblait apaiser. Après s’être baigné dans la Seine, le 29 mai en compagnie de son ami le pianiste Élie-Miriam Delaborde (1839-1913), il ressent les premiers symptômes d’une défaillance du cœur. Il meurt d’une crise cardiaque le 3 Juin 1875 à l’âge de trente-six ans.

41. William Bouguereau, Visage d'une jeune femme (1898).

William Bouguereau, Visage d’une jeune femme (1898) dont la douceur, la tristesse et la beauté peuvent faire penser au rôle de Micaëla antithèse de Carmen.

Les observateurs n’ont pas manqué de relever l’étonnante coïncidence du chiffre trois dans les derniers instants du compositeur : « Carmen fut créée le troisième jour du troisième mois de l’année. Trois mois plus tard, le 3 juin, Bizet succomba à une rupture d’anévrisme au moment où Mme Galli-Marié, chantant pour la trente-troisième fois de l’année le Trio des cartes, au troisième acte, retournait la carte impitoyable qui dit toujours : La Mort ! Le fait que Carmen ait atteint trente-trois représentations en trois mois (une fois tous les trois jours dans un théâtre d’alternance) prouve que l’accueil du public n’avait pas été si mauvais. »***

Les funérailles eurent lieu le 5 juin en l’église de la Trinité à Paris, en l’absence de son épouse, Geneviève, souffrant d’une profonde crise de dépression nerveuse. Georges Bizet est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Lui, qui avait rêvé d’une vie paisible récompensée par le labeur déployé pour la composition de ses œuvres, avait été fauché dans la force de l’âge. Il ne connaîtrait jamais cette gloire immortelle que Carmen allait apporter à son nom.

« Par ironie du sort, Carmen connaît un succès international quelques mois après la mort de Bizet et la carrière de cet opéra est définitivement assurée à partir de 1883. De grands compositeurs comme Johannes Brahms (1833-1897), Richard Wagner(1813-1883) ou Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893) l’admirent et le considèrent déjà comme un chef-d’oeuvre qui transcendera le temps. Carmen est aujourd’hui l’un des opéras les plus joués au monde. La dimension très humaine des personnages place l’opéra dans un registre réaliste, tout comme la modération lyrique qui évite une fin sombrant dans le mélodrame. Le style souple, léger, aéré et lumineux de l’oeuvre, ses mélodies raffinées et contrastées, lui ont valu un succès jamais démenti jusqu’à aujourd’hui. Cette oeuvre majeure est devenue la plus accessible du répertoire français.»****

44. Buste de Bizet

Le grand philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900), à la fin de sa vie, alors qu’il s’éloignait de la pensée de Richard Wagner, louait Carmen qu’il prétendait avoir écouté plus de vingt fois. Modèle de la perfection à ses yeux, il considérait que le miracle de Georges Bizet résidait dans sa capacité à allier la souplesse, la sensualité, le cruel et le mortifère tout en restant populaire. Il ajoutait cette phrase qui aurait sans doute plu au compositeur : « Bizet me rend fécond. Le Beau me rend toujours fécond ».*****

Image pour pêcheurs de perles ORW

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*Adolphe Bizet, Épître aux enfants de Villeneuve-le-roi, 1867, citée par Hervé LACOMBE,

**Hervé LACOMBE, Georges Bizet, Naissance d’une identité créatrice, Paris, Fayard, 2000, p. 331.

***Michel TASSARD, Carmen de Bizet, Avant-Scène Opéra n°26, 1980.

****Notice de l’Opéra royal de Wallonie lors des représentations de Carmen, http://www.operaliege.be/sites/default/files/design/fiche_opera_carmen_bizet.pdf

***** Friedrich, NIETSCHE, Le Cas Wagner, Paris, Garnier-Flammarion, 2005.