César Franck à l’U3A…

Le deuxième concert de l’U3A de la saison approche à grands pas. Il se déroulera déjà ce mercredi 13 novembre à 18H dans notre Salle 11. Nous aurons l’immense honneur de recevoir deux musiciens exceptionnels en provenance de… Russie !

Daniil Arseniev et Polina Alexandrova b

Polina Alexandrova et Daniel Arseniev en concert à l’U3A ce 13 novembre à 18H

Arsal’ Duo, composé de Daniel Arseniev au violon et de Polina Alexandrova au piano, a été fondé en 2010 à Saint-Pétersbourg en Russie. Depuis sa création, nos deux talentueux musiciens ont eu l’opportunité de jouer en concert en Russie, en Suède, en Israël, en Allemagne et en Belgique. Après presque une décennie d’expérience, ils ont accumulé un grand nombre d’œuvres constituant un répertoire très diversifié. Ils interprètent avec un bonheur égal les plus grandes œuvres classiques et romantiques.

85. Salon violon et piano Vinteuil (Sonate 1)

 

Daniel et Polina ont commencé leurs études musicales ensemble dans une école de musique pour jeunes talents puis au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. En 2012, ils ont remporté un prix à la Compétition Internationale de Musique de Chambre de Stockholm. Ils ont également participé à de nombreuses master-classes en musique de chambre en Italie, Allemagne et en Belgique.

Daniil Arseniev et Polina Alexandrova

En ce moment, ils achèvent un Master au Conservatoire Royal de Liège dans la classe de Vincent Royer en musique de chambre.

Ils interpréteront la fameuse sonate de César Franck, un « must » du répertoire de la musique de chambre. Pour l’occasion, les musiciens ont accepté de se prêter au jeu du concert commenté et c’est avec la plus grande joie que je parlerai de ce chef d’œuvre.

60. César Franck, Portrait

César Franck

La sonate pour violon et piano de César Franck (1822-1890) est incontestablement une pièce maîtresse du répertoire romantique. Dédiée à Eugène Ysaye qui en assura la renommée à travers le monde, elle fut composée en 1886 et fait donc partie des œuvres de maturité du compositeur au même titre que le Quintette (1879), la Symphonie en ré mineur (1888), les Trois chorals pour orgue (1890) et le Quatuor à cordes (1890).

38. Aimé de Lemud, Le Violon de Crémone, s.d.

Aimé de Lemud, Le Violon de Crémone, s.d.

Les procédés cycliques, si chers au compositeur, sont poussés ici au point le plus haut de la maîtrise, donnant à la sonate une homogénéité hors du commun. Sa densité dramatique est unique à cette époque en France et les sœurs jumelles de l’œuvre, composées par Edouard Lalo, Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré ont souffert de la force incomparable de Franck. Elles sont, du reste, beaucoup moins connues et surtout, moins jouées.

86. Jacques-Émile Blanche, Portrait de Marcel, 1892.

Jacques-Émile Blanche, Portrait de Marcel, 1892.

Son retentissement fut tel que beaucoup de commentateurs ont cru la repérer comme l’inspiratrice principale de la Sonate de Vinteuil si importante dans le monument de Proust : « A la recherche du temps perdu ». Principalement évoquée dans « Un amour de Swann », elle symbolise la relation tumultueuse entre Charles Swann et son aimée Odette de Crécy. Mais l’œuvre ne se limite pas à être le vecteur de l’amour. Elle est aussi un moyen de reprendre conscience du temps passé et oublié, elle représente en fait un idéal esthétique, celui d’une musique métaphysique qui serait à elle seule le vecteur des émotions les plus profondes de l’être humain.

Eugène Ysaÿe, par Emil Fuchs, 1900

Eugène Ysaye, par Emil Fuchs, 1900.

Moyen particulièrement efficace pour faire prendre conscience à l’homme du temps qui passe, la musique représente une continuité qui permet le refuge tout autant que la réflexion sur la nature de l’être et du monde. Si Vinteuil est un personnage de fiction, Proust a tout de même levé, en 1918, un coin du voile en ce qui concerne son inspiration. La Sonate de Franck semble en être la principale source combinée au prélude de Lohengrin et à l’Enchantement du Vendredi Saint de Parsifal de Richard Wagner, la Ballade op. 19 pour piano orchestre de Gabriel Fauré, l’Arietta de la Sonate n°32 op. 111 de Ludwig van Beethoven et, peut-être, la première sonate pour violon de Camille Saint-Saëns, des œuvres certes très différentes les unes des autres, mais qui, toutes, explorent la nature humaine face au temps qui s’écoule inexorablement. Nul doute que le lyrisme de Franck, doublé de sa rigueur de contrapuntiste puisse être évoqué dans cet extrait de « Un amour de Swann » :

Theodore Robinson - At the Piano - 1929.

Theodore Robinson  Au Piano, 1929.

« Par là, la phrase de Vinteuil avait […] épousé notre condition mortelle, pris quelque chose d’humain qui était assez touchant. Son sort était lié à l’avenir, à la réalité de notre âme dont elle était un des ornements les plus particuliers, les mieux différenciés. Peut-être est-ce le néant qui est le vrai et tout notre rêve est-il inexistant, mais alors nous sentons qu’il faudra que ces phrases musicales, ces notions qui existent par rapport à lui, ne soient rien non plus. Nous périrons mais nous avons pour otages ces captives divines qui suivront notre chance. Et la mort avec elles a quelque chose de moins amer, de moins inglorieux, peut-être de moins probable. » À la recherche du temps perdu édition 1919 tome 2, p.178.

Affiche 13112019 Arseniev Alexandrova

Vous l’aurez compris, le moment musical sera unique et intense ! Alors, une seule date à retenir, le mercredi 13 novembre à 18H et un seul lieu à mémoriser, Université du troisième Âge de Liège, avenue J. Prévers 27 à Liège (Jupille)… j’espère vous y voir nombreux !