Un jour… Un chef-d’œuvre (171)

« Le présent accouche, dit-on, de l’avenir. »

Voltaire (1694-1778)

Anonyme, Sablier en métal et verre du 18ème siècle.

György Ligeti (1923-2006), Lontano (Loin, Lointain), interprété par l’Orchestre philharmonique de Vienne et Wien Modern, dirigés par Claudio Abbado.

Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours; ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt: si imprudents, que nous errons dans des temps qui ne sont pas les nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent, d’ordinaire, nous blesse. Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir s’échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver.

Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent; et si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin: le passé et le présent sont nos moyens; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et, disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.

Blaise Pascal (1623-1662), Pensées, 172-47, Paris, Garnier-Flammarion, 1976, p. 96.

La culture est l’espace et le temps rendus sensibles au cœur.

Jean D’Ormesson (1925-2017)

 

György Ligeti (1923-2006), Lux aeterna, interprété par Ensemble Aedes, dirigé par Mathieu Romano.