Chemin faisant…

Je suis impardonnable ! Cela fait plus d’un mois que je n’ai plus alimenté mon blog… dont je fête pourtant, aujourd’hui même, ce 8 janvier, les 15 ans d’existence avec près de 2600 billets et bien plus de lecteurs que je ne l’aurais jamais cru… ! Impardonnable aussi parce que je n’ai même pas trouvé le temps, en ces semaines tellement chargées, de rédiger un petit compte-rendu du dernier concert de l’U3A où se sont merveilleusement illustrés les jeunes formidables musiciens Camille Jadot au trombone, Daniil Arsenev au violon et Zora Novotná au piano… promis, même avec du retard, je publierai bientôt un petit texte et les photos du concert.

Impardonnable, enfin, parce que je n’ai pas pris la peine de vous présenter mes vœux pour l’année 2023, ce que je fais chaque année à travers un « billet d’humeur ». Il n’est pas trop tard, même si pour les nombreuses raisons que nous connaissons tous, les vœux sont de plus en plus difficiles chaque année ! … Ce n’est pas que l’envie manque, c’est que le monde qui nous entoure me semble de plus en plus tragique chaque année et qu’au regard des destins tragiques individuels et collectifs, j’ai beaucoup de peine à montrer une âme angélique.

Et pourtant, je ne suis pas à plaindre, que du contraire ! Les quelques tracas qui jalonnent la vie des gens ordinaires sont bien loin des angoisses ceux qui doivent lutter tous les jours pour manger, se chauffer, vivre, tout simplement ! Mes pensées vont particulièrement aujourd’hui  aux jeunes parents qui ont perdu leur petite fille, ils se reconnaîtront. Comment comprendre ces injustices de la vie ? Comme les vœux semblent alors dérisoires…

Et plus collectivement, comment comprendre tous les dysfonctionnements de notre société, de notre démocratie dont certains, las mais incultes, réclament la fin ? Comment n’être pas déprimés par ces longs mois de COVID auxquels succèdent la crise économique, la guerre et l’incertitude du lendemain ? Et justement, comment rester indifférent face à cette guerre affreuse et scandaleuse qui se déroule à nos portes et dont nous voyons chaque jour les effets néfastes sur les populations victimes ? Que dire à ceux qui sont loin des leurs, de leur pays et de leur famille avec l’incertitude de l’avenir ? Comment oublier les autres guerres et misères multiples, les réfugiés maltraités, les sans-abri qui peuplent tristement nos rues et vivent quelques fois dans des tentes dans nos parcs en plein hiver tandis que nous consommons encore et encore… ? Sommes-nous au pied du mur ou sommes-nous déjà dans le mur ? Ce billet ne se veut pas l’inventaire de maux de notre temps, vous les connaissez aussi bien que moi. Mais comprenez mon malaise. Alors la seule phrase que ma plume a bien voulu écrire la veille de Noël, c’est celle que j’ai placée sur Facebook « En vous remerciant mille fois pour votre fidélité, je vous souhaite de tout cœur des fêtes de fin d’année sereines et apaisantes. »

Car j’ai tellement de chance d’avoir autant de personne qui me suivent ! Quel privilège et quel carburant pour poursuivre la route. C’est vrai, j’aurais dû ajouter que ce souhait dépassait largement les dites fêtes et qu’il est évidemment valable pour l’avenir proche et lointain de chacun d’entre vous. Car l’espoir fondamental et sein de l’humanité devrait être d’aspirer à la paix et à la sérénité, seules conditions valables à l’épanouissement de l’humanité. Certes, les petites joies de la vie sont importantes à cultiver, mais la vraie sérénité est à conquérir à long terme. Et c’est bien cela que j’aimerais espérer pour vous tous!

Pour ma part, j’essaie de tendre vers cette sérénité… et là chacun a ses moyens, ses ficelles ! Les miens sont multiples et je vous les livre comme une confession : d’abord ma belle petite famille y contribue amplement et, même si l’absence d’une maman, disparue sans crier gare au plus fort de l’été reste cruelle, mon statut de « Papou » depuis bientôt un an a suscité chez moi un émerveillement nouveau face à la vie qui naît, une grande émotion et une formidable tendresse face à l’innocence d’un nouvel être humain et à la force de la vie qui tente de s’y construire ! La petite Louise est un rayon de soleil qui éclaire de son lumineux sourire un ciel souvent bien sombre!

Merci à Solenn pour cette belle photo de Louise.

Mais pour moi, l’art et la musique ainsi que le partage de ces passions qui m’habitent sont aussi essentiels que le pain et le sang qui coule dans mes veines. Ils sont mon voyage initiatique emprunté il y a bien longtemps déjà et qui durera jusqu’à ma disparition. Et ce n’est pas là le caprice d’un enfant gâté… La musique, ses propos, ses correspondances multiples, toutes les transversalités qu’elle nourrit avec le monde qui l’entoure et la manière dont elle les dépasse, ses constructions, ses vocabulaires, ses formidables émotions… tout cela m’offre une véritable fenêtre sur l’humanité si riche et si fragile.

Cette étude, cette disponibilité et cette écoute, car l’érudition n’est rien si elle n’alimente pas l’émotion, sont un mode de vie, c’est le mien… et toute mon énergie s’y incarne pour deux buts fondamentaux. Le premier est personnel, il me permet de m’épanouir en tant qu’être humain. Le second dépend du premier. Si je suis épanoui, je peux alors partager cette passion avec les autres, ceux qui le veulent bien. Car, c’est un credo qui avait déjà, en 2008, pris forme au moment de la création de ce blog et qui dès le choix de ce métier de passion, il y a bien plus longtemps encore, constituait un idéal vers lequel cheminer… Et puis l’assiduité, les rencontres, les circonstances, les découvertes, les joies et les déceptions de l’existence, toute la vie, en fait, alimente la perception des arts. Cela n’empêche pas le chemin d’être jonché d’obstacles et de leurres, mais on peut plus sereinement les accepter et tenter de les surmonter.

Comme je le dis bien souvent au début d’une conférence, il nous faut découvrir le dénominateur commun entre nous et l’expression d’un artiste du passé comme du présent… Et chemin faisant, on se rend compte que le riche mais exigeant voyage ne peut s’achever qu’au terme de la vie… et là, tous ne seront évidemment pas d’accord !