Reportée!

Si vous lisez ces lignes… c’est que la fin du monde n’a pas (encore) eu lieu…! Et que les mayas se sont soit trompés, soit ont été mal interprétés…! Je blague évidemment, comme vous, je n’ai pas cru une seconde à cette histoire à dormir debout… et dont pourtant tout le monde parle. Les étudiants qui reçoivent ce jour les résultats de leurs examens de Noël aimeraient  que cela arrive avant la remise des bulletins…, les nombreuses personnes croisées ces derniers jours et qui émettent avec humour, ironie, se moquant un peu d’elles-mêmes, des hypothèses, des éventualités. Fallait-il économiser? Aurions-nous du « profiter »? Il est évident que fin du monde ou pas, il nous faut profiter un maximum de l’éphémère vie qui nous est accordée. Étrange d’y penser maintenant comme une échéance proche, non,… prise de conscience de notre finitude?

Mais je suis de ceux qui, optimistes et réalistes, mesurent tout le côté saugrenu de telles prédictions et qui affirment que la fin du monde est bel et bien reportée à une date ultérieure. Rassurez-vous, on aura vite fait de trouver une nouvelle date et d’alimenter une nouvelle fois les peurs collectives. On a tous lu et étudié les fameuses peurs de l’an mil, celles de l’an 2000 qui allaient dérègler les machines de la terre entière et causer la perte du genre humain. Et même Pierre Kroll a saisi l’opportunité de la fin de monde… reportée pour sortir un nouvel album… savoureux! Alors pas de quoi s’inquiéter…

 

Fin du monde, Horloge de la Terre, Menace nucléaire

Le nouvel album de Pierre Kroll, une bonne idée comique pour les fêtes de fin d’année.


Sauf si la fin du monde menaçait d’une toute autre matière? Les différents cataclysmes que le monde subit de plein fouet ces dernières années m’ont ramené à un texte qui m’avait interpellé il y a quelques temps déjà. Un exemplaire de la revue de l’Association Médicale pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (A.M.P.G.N.) qui m’avait été offert par le professeur Henri Firket, Président de la dite association pour sa partie belge francophone, que j’ai eu la chance  et l’honneur de compter parmi mes auditeurs fidèles. La réputation du professeur n’est plus à faire et tout qui a, un jour, fréquenté les disciplines scientifiques liées à la biologie lui vouent le plus grand respect. Parcourant le monde pour plaider la cause de l’humanité, son leitmotiv a été et reste la construction d’un monde de paix débarrassé des menaces nucléaires engendrées par les guerres et les détériorations de notre planète par les hommes inconscients de la fragilité de notre monde… l’évocation d’una autre fin du monde, bien plus menaçante et sérieuse, celle-là!

 

Professeur Henri Firket
 Le Professeur Henri Firket

 

Un article sur les risques de l’extinction de la race humaine m’avait interpellé plus que les autres. Les auteurs y rappellent que 99,9% des espèces qui ont peuplé la terre se sont éteintes et qu’il n’y a pas de raison majeure pour que l’humanité ne subisse le même sort. La certitude est là. L’augmentation de la taille du soleil, étoile vieillissante, produira un effet de serre tel que la vie sera désormais impossible sur la planète. Échéance : un milliard d’années ! Pas de panique ! Nous ne serons plus là depuis bien longtemps. La durée de vie des espèces de mammifères n’est que de deux millions d’années en moyenne et nous sommes bien au-delà. Nous serions donc très heureux d’atteindre le milliard d’années d’existence. Car les dangers immédiats sont bien plus nombreux. Risques naturels : les astéroïdes, les volcans libérant la matière en fusion du centre de la terre, les énormes tremblements de terre, l’explosion d’une gigantesque étoile, …. Tous menacent notre espèce de disparition progressive ou subite.

 

Glaciation, soleil éteint
 « Surprise par le froid, la dernière famille humaine a été touchée par le doigt de la mort. Bientôt, ses ossements seront ensevelis sous le suaire des glaces éternelles » Extrait de l’Astronomie populaire de . Flammarion (1880-1900)

 

Une vision totalement périmée de l’extinction humaine; le soleil ne s’éteindra certainement pas de cette façon. Elle fascinait mes douze ans, et chaque fois que je rouvrais ce gros livre, et que je tombais (involontairement?) sur cette page, elle me faisait terriblement peur » (Professeur Henri Firket)

 

Risques humains ensuite : guerres nucléaires (de nombreux pays possèdent cette arme pourtant très règlementée), agents pathogènes (provocation de pandémies), nanotechnologies moléculaires échappant à la maîtrise de l’homme (dans un avenir proche), dérèglement du climat due à l’action de l’homme (les scientifiques nous mettent en garde tous les jours contre ce qui est sans doute plus avancé qu’on ne le croit). En bref, il y a bien plus de chance que le monde disparaisse suite à l’action de l’homme que celle de la nature. Toutes les instabilités politiques, économiques et sociales constituent de véritables dangers d’escalade destructrice. Pour faire prendre conscience de ces dangers, un groupe de scientifiques a créé une horloge (Doomsday Clock) de l’Apocalypse censée nous mettre en garde.


Horloge de l'Apocalypse

 

La symbolique « horloge du jugement dernier » du « Bulletin des scientifiques atomiques », basé à Chicago, a été avancée récemment de deux minutes pour signifier que le monde se rapproche d’une apocalypse nucléaire et d’une catastrophe environnementale. Elle indique désormais 23h55.   

Les éminents scientifiques du conseil d’administration du « Bulletin », en charge de l’horloge depuis 1947, ont pris cette décision en raison de « la menace d’un second âge nucléaire et des conséquences attendues du changement climatique ». Selon eux, l’humanité se rapproche donc de minuit, heure choisie pour symboliser un cataclysme planétaire.  

Leurs inquiétudes sont largement liées aux crises nucléaires avec l’Iran et la Corée du Nord. Toutefois, « les dangers posés par le changement climatique sont presque aussi graves que ceux liés aux armes nucléaires », soulignent-ils. C’est la quatrième fois que l’aiguille de l’horloge est avancée depuis la fin de la guerre froide.  

Le « Bulletin » a été créé en 1945 comme une lettre d’information destinée aux physiciens préoccupés par la possibilité d’une guerre nucléaire, mais s’est depuis concentré plus généralement sur les menaces à la survie de l’homme. « En tant que scientifiques, nous comprenons les dangers des armes nucléaires et leurs effets dévastateurs, et nous découvrons comment les activités et technologies humaines affectent le climat d’une manière qui pourrait changer pour toujours la vie sur terre », a expliqué le célèbre cosmologiste britannique Stephen Hawking. « En tant que citoyens du monde, nous avons le devoir d’alerter l’opinion des risques inutiles que nous encourons tous les jours et des périls que nous prévoyons si les gouvernements et les sociétés ne prennent pas des mesures maintenant », ajoute le professeur de mathématiques de l’université de Cambridge. L’horloge du « Bulletin », qui pendant 60 ans a suivi les fluctuations des tensions nucléaires, va également refléter désormais la situation climatique, souligne Mark Strauss, rédacteur de la publication. « Il y a une prise de conscience que nous détériorons le climat, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. »Le déplacement de l’aiguille est décidé par le conseil d’administration du « Bulletin », composé de scientifiques et de politologues, en coordination avec des « parrains » comme Stephen Hawking.

 

Stephen Hawking
 Stephen Hawking

 

Depuis 1947, l’aiguille a été déplacée au total 18 fois. L’horloge avait été réglée à l’origine sur 23h53. C’est en 1953, après l’essai réussi de la bombe à hydrogène par les Etats-Unis, qu’elle s’est le plus approchée de minuit, affichant 23h58. Elle avait été reculée le plus loin de l’heure fatidique en 1991, à 23h43, dans le sillage de l’effondrement de l’Union soviétique. Pour tenter de faire reculer cette horloge et, de la sorte, nous éloigner du minuit ultime et fatal, les scientifiques planchent tous les jours sur des solutions qui préviendraient facteurs déclenchant la disparition de l’espèce. Pourtant, Stephen Hawking n’est pas optimiste quand il affirme qu’il ne croit pas que l’humanité survivra au-delà du prochain millénaire. Il y a tant d’accidents qui peuvent atteindre la vie sur une seule planète. Sa solution : se péandre dans l’espace et coloniser l’univers… dans l’état de nos connaissances actuelles, ce n’est pas demain qu’on ira en week-end dans un autre système solaire… même si on envisage, pour les plus fortunés, un court séjour sur la lune…!