On se pressait nombreux, hier soir, pour assister au premier concert de la saison des Concerts de l’U3A. On y avait programmé deux jeunes musiciens qui se produisaient ensembles pour la première fois. Bertrand Lavrenov et Thomas Waelbroeck n’ont donc pas attendu la fin de leurs études, ils suivent toujours l’un et l’autre les cours du Conservatoire royal de Liège, pour devenir de vrais virtuoses et des musiciens de grande envergure. Ils nous l’ont prouvé avec force dans leur récital.
Et pourtant, ils n’avaient pas choisi un programme facile ! Pensez-donc, Schnittke, Barkauskas, Enesco et Wieniawski… de quoi susciter les craintes de certains de nos auditeurs. Quant à moi, je leur avais laissé carte blanche… et je crois avoir eu raison. Chacune des pièces interprétées montrait un aspect de l’art de nos deux musiciens. Les Pièces dans le style ancien de Schnittke exprimaient la clarté et le style « à l’ancienne », beaucoup de retenue et de finesse. La Sonate pour violon seul de Bakauskas développait une virtuosité au service à la fois du folklore et du tragique, transformant le violon en un véritable orchestre à lui seul.
La Sonate d’Enesco, très dense et puissante drainait un puissant pathos postromantique alternant le lyrisme d’inspiration populaire et l’écriture savante des structures de la sonate, enfin le romantisme et la virtuosité de Wienawski renouait avec le grand style des violonistes de la seconde moitié du XIXème siècle.
Et chaque fois, le duo fut parfaitement homogène, magnifiquement en place et particulièrement fin dans les nuances. Bertrand est capable d’un extraordinaire dégradé de nuances et Thomas, qui était le premier à jouer notre nouveau piano, déploie une formidable virtuosité, elle aussi au service de la nuance. Impressionné par une telle musicalité et un programme, certes lourd, mais mené de main de maître, les auditeurs ont réservé aux vedettes du jour un véritable triomphe qu’ils ont accueilli avec un peu de timidité, vite dépassée d’ailleurs dans l’extraordinaire bis plein de force, d’humour et de sarcasmes, Humoresque de Rodion Shchedrin. Je suis sûr que nous les réentendrons bientôt dans notre salle. Bravo ! … et merci!