Marathon que cette journée de samedi au Festival Voyages d’été… pas moins de trois séances musicale et… un match de football! Si on m’avait dit qu’un jour, je diffuserais du foot à l’U3A, je ne l’aurais jamais cru! Non pas que je sois un vrai amateur du ballon rond… mais je ne suis pas indifférent au sort de nos Diables et reste, comme beaucoup, animé d’un esprit patriotique certain. Et puis certaines conditions, sur lesquelles on n’a évidemment aucune prise, imposent des décisions inédites. On avait le choix: soit on ignorait la rencontre entre la Belgique et l’Argentine et on donnait un concert à 19H devant une salle… vide ou on s’adaptait. J’ai préféré l’adaptation et les musiciens aussi. Ce fut un succès au-delà de mes espérances!
Garder le public jusqu’après la fin des hostilités sportives m’obligeait à offrir la possibilité de regarder le match en direct dans un des locaux de l’U3A. Ce fut fait… dans une formidable ambiance conviviale, dans la bonne humeur, … mais aussi à la fin avec un peu de déception.
La journée avait commencé magnifiquement par une séance autour du saxophone, année Adolphe Sax oblige. J’avais invité deux formidables étudiants du Conservatoire royal de Liège à m’accompagner dans cette aventure. Sébastien Kreins, saxophoniste et compositeur avait tout de suite marché dans le projet. Avec le pianiste Benoit Zandona, il m’avait proposé un programme fait de pièces variées pour le saxophone.
Présenter le saxophone dans le cadre d’une conférence illustrée de conversations avec le musicien, d’une projection et d’extraits musicaux joués en direct, voilà une belle formule qui a plu à un public venu nombreux.
Et puis ces musiciens sont formidables. Extraits des traits d’orchestre des Danses symphoniques de Rachmaninov, Pièce en forme de Habanera de Ravel, Prélude de Gershwin, Il Vecchio Castello des Tableaux d’une exposition de Moussorgski/Ravel, une pièce originale entre composition et improvisation de Sébastien Kreins… un vrai bonheur! et pour les auditeurs, la découverte, autrement, d’un instrument si connu… et pourtant mystérieux ainsi que d’un homme, Adolphe Sax, personnage romantique et passionné, musicien d’exception, génial inventeur et homme d’affaire avisé (malgré les faillites successives de ses usines).
On se réjouissait aussi d’entendre le trio formé par Miriam Arnold (flûte), Sylvain Crémers (hautbois) et Étienne Rappe (piano) dans un très beau programme de musique de chambre. Quels musiciens! Virtuosité stupéfiante, d’abord, dans l’incroyable Allegro final du concerto pour 2 violons de Bach arrangé pour flûte et hautbois. Style, classe et sens des structures dans la Sonate en do mineur de Quantz. Émotions des sublimes mouvement lent de Bach et dans les pièces pour flûte (K.315) et l’arrangement pour hautbois de l’Aria K.538.
Et puis belle découverte du Trio de la compositrice anglaise méconnue Madeleine Dring (1923-1977)… à réécouter absolument! Succès immense du public venu nombreux! Après un bis extrait du superbe « Hänsel und Gretel » de Humperdinck, Étienne Rappe nous gratifie du début de la Brabançonne… signe d’un événement majeur à ne pas rater…
20H30… le moment d’entrer en scène pour Maud Renier qui va débuter son récital Chopin avec 1H30 de retard! Salle quasi comble! Ambiance surchauffée, étouffante! Ce n’est pas le foot, c’est simplement la chaleur d’une salle mise à rude épreuve durant la journée entière. Maud est en pleine forme, on l’entend dès les premières notes de son funèbre quinzième Prélude. Profondeur de son, couleurs ténébreuses… bouleversant! Suit la Première Ballade et ses luttes terribles, son tragique et ses époustouflantes envolées. Quand tombe la dernière rafale, comme un couperet implacable, le public s’enflamme et applaudit à tout rompre.
Le temps de préparer la scène, Maud revient accompagnée du quatuor à cordes formé par Barbara Milewsky (violon 1), Hélène Lieben (violon 2), Pierre Heneaux (alto) et mon éternel complice Étienne Capelle (violoncelle) pour débuter l’extraordinaire Premier Concerto de Chopin. L’arrangement pour quatuor est magnifique, répartissant les voix orchestrales entre les quatre cordes, offrant au magnifique altiste Pierre Heneaux, l’occasion de dialoguer avec le piano que le font le cor et le basson dans la version originale. Tout le quatuor sonne comme un orchestre plus vaste. Le travail ardent et passionné des répétitions a fait son effet. Tout est en place. Quand à Maud, habitée par son sujet, elle est de tous les traits, de tous les chants, elle fait miroiter l’instrument aux milles facettes de l’harmonie de Chopin. Bonheur total, public comblé! Quel défi… réussi de superbe manière!
Un bis, arrangement des la cinquième Danse hongroise de Brahms… et cap vers le Hall d’entrée de l’U3A où le tirage de la tombola ne tarde pas à faire des heureux et à récompenser… artistiquement ceux qui nous ont fait l’honneur de nous soutenir!
Des cadeaux superbes, des peintures, des abonnements, des cd’s… un dernier verre amical au bar et déjà… il est 23H. On n’a pas vu passer le temps!