Demain, je serai à Cambrai pour donner une conférence sur Giuseppe Verdi. Cela fait maintenant la dixième année que je m’y rends une fois par an afin de parler de divers sujets musicaux devant un public particulièrement enthousiaste et chaleureux. L’histoire a commencé lorsque Jean Bézu et Daniel Herbin sont venus écouter une séance du « Dessous des Quartes » que je présentais à l’OPL (pas encore OPRL à l’époque). Responsables d’associations culturelles à Cambrai, ils m’ont invité à donner une première conférence qui a eu tant de succès que depuis, j’y suis le bienvenu chaque année… et je me réjouis chaque fois de retrouver le Théâtre, sa belle salle et son public.
On attend une assemblée de plus ou moins 550 personnes pour la conférence
Cambrai est une ville au riche passé historique située au nord de la France à 55 km de la frontière belge en direction de Paris. Il y a quelques années, j’avais eu envie de revisiter la ville et de partager quelques images avec vous, j’avais pris mes précautions et étais parti un peu plus tôt pour revoir les quelques monuments que mes hôtes du jour m’avaient fait découvrir une fois précédente.
Les Bêtises de Cambrai
Cambrai est une petite ville de 33 000 habitants située dans le département du Nord et la région Nord-Pas-de-Calais. Si la ville est surtout connue pour ses friandises nommées les « bêtises », elle possède un passé que les cambrésiens aiment vous raconter. Dès la fin de l’Empire Romain, Cambrai (Camaracum) est la capitale des Nerviens. Elle devient ensuite le siège d’un évêché dont Fénelon, surnommé le « Cygne de Cambrai » fut archevêque. Centre d’une petite principauté ecclésiastique jusqu’à son rattachement à la France en 1678, elle fut prospère grâce aux terres fertiles qui l’entourent et à l’industrie du tissus durant le Moyen-Âge. Rattachée aux domaines de Charles Quint en 1543, il y construit une citadelle qui sera prise par Vauban sous les ordres de Louis XIV en 1677 et quitte définitivement la domination espagnole. Il en reste une « Maison espagnole » construite en 1595, faite de pans de bois et pignon sur rue. C’est le dernier exemple de ce type de maisons très courantes entre le XVIème et XVIIème siècle. Les murs porteurs sont en pierre, la façade en encorbellement est en bois et le pignon est bardé d’ardoises. Le rez-de-chaussée est réservé au commerce tandis que les appartements se situent dans les étages.
La Maison espagnole
Elle ne parvient cependant pas à se renouveler lors des grandes périodes d’industrialisation, à l’inverse d’autres villes de la région, et son autorité et sa richesse s’amenuisent considérablement. Comme me le disait encore hier un cambrésien, la plus grande bêtise des autorités du XIXème siècle est de n’avoir pas voulu du nouveau chemin de fer qui allait relier Bruxelles et Paris.
La Première Guerre Mondiale voit Cambrai assiégée par les allemands et occupée de manière très violente. Ils gardent, encore aujourd’hui, une rancœur terrible vis-à-vis des ennemis d’antan qu’ils nomment encore parfois et malgré eux « les Boschs ». La bataille de Cambrai en 1917 qui voit la première utilisation massive des tanks, témoigne d’un passé douloureux. Cependant, la reprise économique qui suit la Seconde Guerre mondiale est cruellement interrompue par le choc pétrolier. Les autorités cherchent aujourd’hui à tirer profit d’une situation pourtant bien intéressante grâce aux axes fluviaux et routiers importants (autoroute du Nord vers Paris), sa proximité de la capitale de l’Europe et des grandes métropoles (Lille, Paris, Bruxelles) et un nouveau dynamisme touristique et culturel.
Le carillon de l’Hôtel de Ville
Outre le très bel Hôtel de Ville dans un style classique bien qu’il ait été inauguré en 1932 et la traditionnelle Grande Place commune à bien des villes, on peut découvrir quelques joyaux historiques, comme cette très belle Chapelle des Jésuites, datant de 1692, dans un style purement baroque. Typique de ces églises aux soubassements dépouillés cherchant ensuite à conduite l’œil vers le ciel ses ornements sont très fins et mériteraient de figurer en bonne place des témoignages de l’art jésuite dans les régions du nord.
Comme de nombreuses villes, Cambrai possède son beffroi. C’est, en fait l’ancienne tour de l’église Saint Martin détruite pendant la Révolution, qui était utilisée comme tour de guet depuis le Moyen-Âge (XVème siècle). A cette époque, Cambrai est un centre musical important. Guillaume Dufay, Johannes Tinctoris et Jacob Obrecht, les plus grands polyphonistes du XVème siècle, y fréquentent l’ancienne cathédrale. Le terme d’Ecole franco-flamande porte donc bien son nom. Cette cathédrale qui était jadis en style gothique et un des éléments de l’abbaye du Saint-Sépulcre a disparu. Endommagée en 1792, elle fut utilisée comme magasins à grains avant d’être vendue quelques années plus tard à un marchand de Saint Quentin qui entreprit de la démolir pour revendre ses pierres. Avec ses 114 mètres de hauteur, on la surnommait la « Merveille des Pays-Bas. La cathédrale actuelle, dans un style académique, date du début du XXème siècle et ne présente pas d’attrait particulier.
La cathédrale actuelle entourée de l’abbaye
Eglise Saint Géry à Cambrai en 1543
Saint Géry aujourd’hui
Saint Géry possède un superbe et monumental Rubens, une émouvante mise au tombeau
La conférence que je donnerai demain se déroulera, comme chaque fois, au Théâtre municipal qui est un élégant édifice restauré il y a peu. Situé juste à côté du Conservatoire de musique, il possède un équipement remarquable pour la diffusion sonore et la projection, une vaste scène qui peut accueillir des pièces de théâtre, des concerts symphoniques (l’Orchestre de Lille y joue régulièrement) et de nombreux spectacles de toutes sortes. La salle de 700 places est en pente avec une sorte de mezzanine qui surplombe les derniers rangs. Voici la façade de l’édifice ainsi qu’une vue prise de la scène.
Le Théâtre
La salle vue de la scène après une conférence