Un jour… Un chef-d’œuvre (169)

…Comme si elle écoutait les vieilles voix impérieuses qui glissaient dans son sang.

Frederico Garcia Lorca (1898-1936)

Pablo Picasso (1881-1973), Desemparats (Maternité, Mère et enfant), 1903.

Manuel de Falla (1876-1946), Sept Chansons populaires espagnoles, V. Nana (berceuse), interprétée par Elina Garanca.

« Plutôt que d’utiliser strictement les chansons populaires, j’ai essayé d’en extraire le rythme, la modalité, leurs lignes et motifs ornementaux caractéristiques, ainsi que leurs cadences modulantes […]. Je pense modestement, que c’est plus l’esprit que la lettre qui importe dans le chant populaire. Le rythme, la modalité et les intervalles mélodiques déterminés par leurs inflexions et leurs cadences constituent l’essentiel de ces chants […]. Et je dirai même plus : l’accompagnement rythmique ou harmonique d’une chanson populaire a autant d’importance que la chanson elle-même. Nous devons donc prendre l’inspiration directement du peuple et celui qui ne le comprend pas, ne réussira qu’à faire de son œuvre une imitation plus ou moins ingénieuse de ce qu’il a l’intention de faire. »

Manuel de Falla, « Nuestra Música », Música, no 2, juin 1917.

Federico Garcia Lorca (1898-1936), Berceuses espagnoles, Nana de Sevilla, interprétée par La Argentina (voix) et Federico Garcia Lorca (piano).

« Il y a quelques années, me promenant dans les alentours de Granada, j’entendis chanter une femme du village qui endormait son enfant. J’avais toujours remarqué la tristesse aiguë des berceuses de notre pays ; mais jamais je n’avais ressenti cette vérité si concrète comme ce jour-là. En m’approchant de la chanteuse pour noter la chanson j’ai observé que c’était une belle andalouse, gaie et sans le moindre tic de mélancolie ; mais une tradition vive travaillait en elle et elle exécutait fidèlement l’ordre, comme si elle écoutait les vieilles voix impérieuses qui glissaient dans son sang. Depuis lors j’ai essayé de recueillir des berceuses de partout en Espagne ; j’ai voulu savoir comment les femmes de mon pays endormaient leurs enfants, et après un temps j’ai eu l’impression que l’Espagne emploie ses mélodies pour imprégner le premier sommeil de ses enfants. »

Federico Garcia Lorca (1898-1936), Berceuses espagnoles, Paris, Éditions Allia, coll. « Petite collection », 2018.

 

Sam Jinks (1973), Woman and Child, Supports divers. Ceci est une sculpture et pas une photo (Exposée à la Boverie à Liège du 22/11/2019 au 03/05/2020 dans le cadre de l’exposition Hyper-Realism Sculpturen ceci n’est pas un corps).

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