Un jour… Un chef-d’œuvre (172)

Avoir l’âme qui rêve, au bord du monde assise…

Anna de Noailles (1876-1933)

Edgar Degas (1834-1917), L’Orchestre de l’Opéra, 1870, détail.

Camille Saint-Saëns (1835-1921), Sonate pour basson et piano en sol majeur (1921), interprétée par Ondřej Šindelář (basson) et Dušan Holý (piano)

00:00 01-Allegro moderato 02:39 02-Allegro scherzando 06:27 03-Molto adagio 12:00 04-Allegro moderato

La Sonate pour basson et piano de Camille Saint-Saëns (1835-1921) marque l’achèvement de la carrière du compositeur. Le compositeur infatigable de 85 ans avait le projet, en 1921, année de son décès, d’écrire une sonate pour chaque instrument à vent. Le projet verra naître les très belles œuvres pour hautbois, pour clarinette et, la toute dernière de sa production, la sonate pour basson au programme de notre concert. Y avait-il chez Saint-Saëns quelque chose de l’idée de Claude Debussy qui, pendant la Première Guerre Mondiale, voulait ramifier avec un sentiment patriotique, sa musique à la sonate française ancienne et qui, emporté trop tôt par le cancer, n’avait réalisé que trois sonates sur les six projetées ? Les spécialistes ne trouvent pas l’hypothèse non avenue…

JMO

Le Basson

 

Dernière destrois, la Sonate pour basson et piano, opus 168, dédiée à Léon Letellier, se révèle un modèle – de transparence, de vitalité, de légèreté. Mais aussi, un quasi exception dans l’histoire de cet instrument (peu célébré par les compositeurs) et dont « on doit user avec beaucoup de prudence » disait Saint-Saëns refusant ainsi l’emploi trop généreux qu’en faisait Meyerbeer.

L’Allegretto moderato est une aria, qui se déroule sur les doubles croches du piano dans un sentiment de paix sinon de recueillement. L’Allegro scherzando se veut, lui, humoristique, qui réserve au basson des arpèges et staccato contrastant avec la couleur générale de l’instrument, accentuant ainsi le caractère primesautier, voire bouffon, voulu par le compositeur qui, à pas comptés, évoque sa Tarentelle opus 6! Le troisième mouvement, Adagio, s’éploie comme une grande mélodie d’opéra, laissant à travers ses arabesques, s’extérioriser quelques réminiscences du premier volet. Quant au finale, Allegro moderato, c’est une fête, une sorte de pied de nez aussi, au clin d’œil peut-être au vieillard de La Fontaine qui, à 80 ans passé, « plantait » encore. Non pour lui mais pour ses descendants…

Jean Gallois, Camille Saint-Saëns, Sprimont, Éditions Mardaga, 2004, p. 369.

Edgar Degas (1834-1917), L’Orchestre de l’Opéra, 1870, détail.

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