Un jour… Un chef-d’œuvre (203)

II y a du vrai dans tout ce qui est faux, et du faux dans presque tout ce qui est vrai.

François Salvat de Montfort (1653-1722)

Ave Maria dit de Giulio Caccini (1551-1618) par Vladimir Vavilov (1925-1973), interprété par Elina Garanca et le Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken, dirigé par Karel Mark .

Les musicologues continuent de débattre sur l’éventuelle identité du compositeur demeurée inconnue. Différentes hypothèses ont été émises. La première hypothèse serait que l’Ave Maria aurait été écrit par Caccini à la fin de sa vie, souhaitant un renouveau musical. La deuxième hypothèse est que l’Ave Maria aurait été composé par l’un des élèves de Caccini. Comme il fut enregistré en 1970 par Vladimir Vavilov comme « Ave Maria – auteur inconnu du xvie siècle », une troisième hypothèse émergea : non celle de la redécouverte d’une pièce oubliée par un musicien faisant un travail de mémoire, mais celle d’un pastiche, d’une supercherie musicale, venant de Vladimir Vavilov lui-même, ayant subi l’influence de compositeurs italiens ; cette hypothèse est renforcée par la relative pauvreté harmonique et mélodique de l’oeuvre. Enfin, l’Ave Maria aurait pu être écrit par n’importe quel compositeur demeuré soit dans un anonymat volontaire, soit ayant eu peu de renommée à son époque, soit oublié de l’Histoire musicale. D’autre part, beaucoup de compositeurs habitués à travailler toujours avec les mêmes éditeurs, ne signaient alors plus leurs pièces dans les partitions. C’est ainsi que de très nombreuses pièces demeurent encore officiellement écrites par des « auteurs inconnus » qui font toujours l’objet de recherches. […]

Pour les partisans de l’hypothèse qu’il s’agirait d’une composition de Vladimir Vavilov (1925-1973), l’Ave Maria aurait été écrit dans les années 1960. L’Ave Maria a été édité et enregistré dans l’album Musique de luth des XVIe et XVIIe siècles (1970) comme une œuvre sans attribution (« auteur inconnu du 16ème siècle »). L’attribution à Giulio Caccini (1551-1618) apparaît dans un enregistrement d’Irina Bogatcheva de 1975. Cette attribution est d’autant plus étonnante que cet Ave Maria est éloigné du style du compositeur italien et de celui de son époque. Un compositeur de la Renaissance aurait en effet composé sa musique sur l’intégralité de la prière à la Vierge et non sur les deux seuls mots « Ave Maria ». Quant aux harmonies utilisées, elles correspondent davantage à celle pratiquées par Luigi Cherubini et d’autres artistes entre 1780 et 1820/1830. Si l’on s’en tient au choix de croire que Vavilov aurait pu composer les pièces de l’album Musique de luth des XVIe et XVIIe siècles, alors dans un souci d’exactitude, cette pièce musicale devrait être réintitulée Ave Maria (dit de Caccini) par Vladimir Vavilov. (Wikipédia)

Faux tableau de Johannes Vermeer par Han van Meegeren (1889-1947), Femme lisant une feuille de musique, vers 1935.

Han van Meegeren est un peintre néerlandais, un restaurateur d’œuvres d’art et un faussaire. Ce serait l’un des faussaires en art les plus adroits du 20ème siècle puisque les acheteurs qu’il a réussi à duper lui ont donné entre 25 et 30 millions de dollars américains. Sa vie est liée à la renommée de Johannes Vermeer, peintre très prisé des grands collectionneurs à partir de la fin du xixe siècle, et dont environ 35 œuvres seulement nous sont parvenues.

La notion de faux dans l’art met en étroite relation les quatre termes suivants : « copie », « imitation », « contrefaçon » et « faux ».

Copier
Le terme de « copie » trouve ses racines dans le terme latin de « copia », qui signifie « abondance ». Au Moyen Âge, vers 1250, cette définition évolue et devient « reproduire un écrit ». À partir du xviie siècle, ce mot est utilisé dans l’imprimerie pour désigner la reproduction définitive d’un texte destiné à être imprimé.

Jusqu’au premier quart du 17ème siècle le terme « copie » est utilisé dans le cadre de la reproduction identique d’une œuvre dénuée de toute intention de tromper autrui. Pourtant, le mot est aussi employé au 17ème siècle pour désigner la reproduction des œuvres d’art ; « copie » n’a plus le sens de reproduction, il prend le sens d’imitation. Cette idée est soutenue dans le dictionnaire d’Antoine Furetière (1690), qui précise que le nom commun « copie » est « l’imitation [qui est fait d’un original], tous domaines de l’art confondus ». Le verbe « copier » signifie aussi « imiter et dérober l’invention […] ». C’est ainsi que le terme de « copieur » est devenu péjoratif, désignant l’imitateur d’autrui, un plagiaire liée au vol de propriété intellectuelle, concept juridique qui émerge au début du 18ème siècle, entre autres en Angleterre.

Au 19ème siècle, ce terme signifie « reproduire » ou « reproduire frauduleusement », d’après le dictionnaire Petit Robert ; le Vocabulaire typologique et technique Dessin – Peinture précise que la copie est exécutée par un autre que l’original. Quand l’artiste produit plusieurs exemplaires d’une œuvre, on parle de répliques.

Imiter
« Imiter » apparaît au 15ème siècle dans le vocabulaire religieux. Il désigne le fait de reproduire des exemples de vertu et de morale. Le Dictionnaire de l’Académie française rattache ce verbe au domaine des arts car il est question de prendre « le style, l’esprit, le génie d’un autre auteur [d’un peintre] ». Au 17ème siècle, le dictionnaire Robert « imiter » le définit comme l’action de « contrefaire une marchandise, une écriture » et devient synonyme de « contrefaire » quand l’intention est de tromper autrui.

La racine latine du mot « imiter » établit un lien avec le terme de « contrefaire » puisque imiter vient du latin « Imitari » soit la même origine que « contrafacere ». Aujourd’hui, « imiter » a conservé cette double définition. Ce verbe signifie « faire ou chercher à reproduire » tout autant que « reproduire dans l’intention de faire passer la reproduction pour authentique ».

Contrefaire
Le mot « contrefaire » est une affaire d’intention : celle de tromper. Ce terme est nécessairement lié au vol intentionnel de la propriété intellectuelle. Il a deux racines latines. La première, « Imitare », signifie « transformer », « travestir » et par extension « contrefaire une personne dans les gestes », ou plus littéralement « travestir sa main pour la transformer en la main d’un autre ». Au 16ème siècle, ce terme évolue pour prendre le sens de « feindre pour tromper ». Au 17ème siècle, « contrefaire » signifie « imiter quelque chose et tâcher de la rendre semblable », se rapprochant de la définition originale. Le terme s’étoffe, prend plus d’ampleur dans sa seconde racine latine, « adulterare » qui signifie « falsifier », « imiter ».

Au 19ème siècle, « contrefaire » a conservé une signification proche de celle définie au 16ème siècle. Selon le Petit Robert, ce terme signifie « reproduire par imitation » ou encore « changer l’apparence (de quelque chose) pour tromper ».

Falsifier
Selon le Dictionnaire de l’Académie française le terme « falsifier », « faux » signifie « contrefaire quelque chose » ou encore « altérer par un mauvais mélange ». Falsifier a pour but de tromper quelqu’un, duper autrui. Ce rapprochement des termes « contrefaire » et « falsifier » semble confondre les deux mots pour en faire des synonymes.

Au 21ème siècle ce terme a une double signification : « altérer volontairement dans le dessein de tromper » ou « donner une fausse apparence à (quelque chose) ».

D’après Wikipédia

Le vrai Johannes Vermeer (1632-1675), Femme jouant du virginal, 1670-72.

Le célèbre Adagio d’Albinoni (Tomaso Albinoni, 1671-1751), interprété par l’Academy of Saint Martin-in-the-Fileds, dirigée par Neville Marriner.

L’Adagio d’Albinoni ou Adagio en sol mineur ou Adagio pour orchestre à cordes et orgue en sol mineur est un célèbre adagio néo-baroque contemporain pour orgue, instruments à cordes, et basse continue, composé en 1945 par le musicologue compositeur italien Remo Giazotto (1910-1998), un spécialiste de l’œuvre baroque du XVIIIe siècle de Tomaso Albinoni. Il réutilise deux idées thématiques et une ligne de basse empruntées à des fragments retrouvés d’une sonate en trio baroque de ce dernier. Baptisée du nom d’Albinoni, et publiée avec succès pour la première fois en 1958 par la maison d’édition italienne Casa Ricordi, cette composition est depuis une des œuvres les plus célèbres et populaires de la musique classique. Wikipédia