Un jour… Un chef-d’oeuvre! (14)

Dans la lande solitaire elle pleurait en chantant,
La pauvre pleurait.
Ô saule ! saule ! saule !
Assise, elle penchait la tête sur son sein,
Saule ! saule ! saule !
Chantons! Chantons !
Le saule funèbre sera ma guirlande.

G. Verdi (1813-1901) Otello, Chanson du Saule (début), Acte IV.

14a. Pierre-Nicolas Tourgueneff (1853-1912), Ophélie

Pierre-Nicolas Tourgueneff  (1853-1912), Ophélie.

Dmitri Chostakovitch (1906-1975), Sept poèmes d’Alexander Blok, op.127 (1967), n°1 Chant d’Ophélie pour voix et violoncelle interprété par Galina Vichnevskaïa et Mistslav Rostropovitch.

14b. Texte d'A. Blok Chant d'Ophélie

Alexander Blok (1880-1921), Chant D’Ophélie.

Alexander Blok écrit : « Pouchkine est mort… Ce qui l’a tué ce n’est pas la balle de D’Anthès. Ce qui l’a tué, c’est l’absence d’air… » Pouchkine avait écrit que ce qui existe, c’est la paix et la liberté. Blok enchaîne : « Paix et liberté ; elles sont indispensables au poète pour pouvoir libérer l’harmonie. Mais on lui enlève et la paix et la liberté. Non pas la paix extérieure, mais celle qui est nécessaire au créateur. On lui enlève aussi… la volonté de créer, sa liberté secrète et profonde. Et le poète meurt parce qu’il ne peut plus respirer, la vie a perdu tout son sens. »

Encyclopédie Universalis.

« Sa vie a été sans événements. Il est allé à Bad Nauheim. Il n’a rien fait, il s’est contenté de chanter. De chanter une chanson infinie. Pendant vingt ans, de 1898 à 1918. Puis il s’est arrêté ; et aussitôt il est entré en agonie. La chanson était sa vie. La chanson s’est arrêtée, et lui aussi. »

« Avec Blok c’est toute la littérature russe qui s’achève. Voilà le plus terrible. La littérature est un travail des générations, travail de tous les instants, ininterrompu, interaction complexe de tout ce qui s’est imprimé au cours des siècles. »

Journal du critique littéraire, Korneï Tchoukovski, 1921, p. 215.

Textes repris de Wikipédia

14a. Ophelia - Konstantin Yegorovich Makovsky (1839-1915)

Konstantin Yegorovich Makovsky (1839-1915), Ophelia.

LAËRTES – Noyée! Oh! Où donc?
LA REINE – Il y a en travers d’un ruisseau un saule qui mire ses feuilles grises dans la glace du courant. C’est là qu’elle est venue, portant de fantasques guirlandes de renoncules, d’orties, de marguerites et de ces longues fleurs pourpres que les bergers licencieux nomment d’un nom plus grossier, mais que nos froides vierges appellent doigts d’hommes morts. Là, tandis qu’elle grimpait pour suspendre sa sauvage couronne aux rameaux inclinés, une branche envieuse s’est cassée, et tous ses trophées champêtres sont, comme elle, tombés dans le ruisseau en pleurs. Ses vêtements se sont étalés et l’ont soutenue un moment, nouvelle sirène, pendant qu’elle chantait des bribes de vieilles chansons, comme insensible à sa propre détresse, ou comme une créature naturellement formée pour cet élément. Mais cela n’a pu durer longtemps: ses vêtements alourdis par ce qu’ils avaient bu, ont entraîné la pauvre malheureuse de son chant mélodieux à une mort fangeuse.
LAËRTES – Hélas! Elle est donc noyée?
LA REINE – Noyée, noyée.
LAËRTES – Tu n’as déjà que trop d’eau, Pauvre Ophélie; je retiendrai donc mes larmes… Et pourtant… (il sanglote) […].

William Shakespeare (1564-1616), Hamlet, Acte IV, Scène 7.