Un jour… Un chef-d’oeuvre! (66)

« Et trouvant que la théorie seule était courte et vite résolue, il crut que la pratique serait de même. Aussi, il s’essaya sur le plus noble et le plus difficile des instruments, le luth. Mais là, il se rendit compte que l’apprentissage de l’art était long et il ne voulut pas attendre… »

Samuel Clarke, The Lives… the life of Doctor Preston (1660)

66a. Antiveduto Grammatica, Le Joueur de théorbe, vers 1615 a.

Antiveduto Grammatica (1571-1626), Le Joueur de théorbe, vers 1615 (détail) .

Johann Hieronymus Kapsberger (1580-1641), Canarios, interprété par Robert Cases, théorbe et Diego López, tombak.

Robert de Visée (v. 1650-1665 – après 1732), Prélude et Allemande interprétés par Jonas Nordberg.

Sans doute né en Italie d’où il se diffusa à partir de la fin du 16ème siècle, le théorbe est un instrument à cordes pincées de grandes dimensions utilisé surtout pour l’exécution de la basse continue. Son nom tire peut-être son origine du terme arabe tarab qui désigne un instrument assez proche du théorbe occidental.

Il fait partie, avec le luth théorbé et le chitarrone, de la famille des archiluths ou des grands luths, instruments qui constituent une extension du luth dans le registre grave. Caractérisé par sa caisse bombée, semblable à celle d’un luth, le théorbe était muni d’un long manche quio s’achevait par un cheviller sur lequel on trouvait des cordes normales. Comme la touche ne pouvait pas excéder une certaine longueur, on ajouta un second cheviller, plus haut et légèrement décalé sur le côté, sur lequel furent tendues des cordes plus longues qui vibrent à vide et par « sympathie ».

66a. Antiveduto Grammatica, Le Joueur de théorbe, vers 1615.

Antiveduto Grammatica (1571-1626), Le Joueur de théorbe, vers 1615.

Né de la transformation du luth bas, le théorbe a sans doute été inventé en Italie. L’instrument s’est imposé dans les dernières décennies du 16ème siècle, avec la diffusion de la monodie accompagnée. Grâce à ses sonorités graves, aptes à soutenir l’harmonie, il fut employé surtout pour accompagner la voix humaine, en alternative au clavecin ou à l’orgue. […]

La longueur des cordes limita leur usage soliste, avec les ornementations qu’implique l’exécution des pièces de bravoure, même si de nombreux compositeurs et virtuoses en ont exploré les potentialités sonores, notamment Johann Hieronymus Kpasberger et Robert de Visée, un compositeur qui vécut à la cour de Louis XIV.

À partir du milieu du 18ème siècle, l’emploi de l’archiluth s’est progressivement réduit avec le déclin de la pratique de la basse continue.

D’après La Musique, Guide des Arts, Paris, Hazan, 2006, pp. 262-263.

66b. Théorbe