Un jour… Un chef-d’œuvre (234)

C’est l’incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.

Oscar Wilde (1854-1900)

Hasegawa Tôhaku (1539-1610), Pins dans la brume (paravent).

Leoš Janáček (1854-1928), V Mlhach, Dans les brumes, série de quatre courtes pièces pour piano écrites en 1912, I. Andante, interprété par Radoslav Kvapil.

Dans les brumes est un cycle de quatre pièces de Leoš Janáček. Composé en 1912, ce cycle destiné à être joué par des membres du club des amis de l’art de Brno est un des sommets de son répertoire pour piano.

Dans les brumes. Quels symboles ou quelles significations peuvent se cacher derrière un tel titre ? Il semble que le sens premier ne nous aiguille pas sur la bonne voie. L’écriture pianistique ne sombre pas dans le flou, l’imprécision formelle, le délitement de la construction. A l’écoute de ces quatre pièces, nous ne nous retrouvons pas dans les brumes nordiques qu’aurait pu imaginer Johannes Brahms, pas plus que dans le climat nordique de la Norvège d’Edvard Grieg ou l’évocation « impressionniste » des Brouillards debussystes (Les Préludes, 2ème Livre, 1912). Il semble plutôt que ces brumes recouvrent un sentier sur lequel Leoš Janáček a cheminé. Ce passé récent ou plus lointain l’obsédait avec tous ses espoirs déçus jusqu’à présent ou seulement réalisés partiellement concernant tant sa vie affective que sa carrière de compositeur qui, à l’approche de ses soixante ans, ne décollait pas vraiment. (plus ici)

Pluie de pétales –
On aimerait boire de l’eau
des brumes lointaines

Kobayashi Issa (1763-1828)

Issa Kobayashi (小林 一茶, Kobayashi Issa?), plus connu sous son seul prénom de plume Issa (一茶?, signifiant « une (tasse de) thé »), est un poète japonais du 19ème siècle (fin de la période Edo). Il est né le 15 juin 1763 dans le village de Kashiwabara dans la province de Shinano et y meurt le 5 janvier 1828. Il est considéré comme l’un des quatre maîtres classiques du haïku japonais (Bashō, Buson, Issa, Shiki).

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise

Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises.

Guillaume Apollinaire (1880-1918).