Un jour… Un chef-d’œuvre (168)

N’est malheureux que celui qui ne sait pas chanter.

Proverbe égyptien

Luca della Robbia (1399-1482), Cantoria de la Cathédrale de Florence, 1431 (détail).

 

Gioacchino Rossini (1792-1868), Petite Messe solennelle, Kyrie Eleison, interprété par l’Orchestre et les Chœurs du Gewandhaus de Leipzig et les Chœurs de l’Opéra de Leipzig, dirigés par Riccardo Chailly.

En 1930, le docteur Rollrath s’avise que de nombreux chanteurs célèbres ont atteint l’âge de 80 ans, voire plus de 100 ans, dans une proportion bien plus élevée que la population générale. Il en déduit que le fait de chanter améliore la santé mentale et physique. Le chant, surtout quand il est pratiqué collectivement, en chorale ou avec des amis, procure un bien-être dû à la sécrétion d’endorphines qu’il stimule – il s’agit de la même hormone que le corps sécrète pendant une séance de sport. Il n’est pas nécessaire de chercher plus loin la popularité du karaoké! Pour le professeur Arron Blackburn, le chant associé à la danse ajouterait dix ans à votre vie. Ainsi, cette musique du corps et de l’esprit n’est pas seulement un art ou un divertissement mais une réelle thérapie, quel que soit l’âge. Comment cela fonctionne-t-il?

De façon passive, écouter une belle voix chantée entraîne la stimulation de nos neurones miroirs avec la sécrétion de certaines hormones, l’augmentation de notre circulation sanguine et la contraction passive de certains muscles.

Luca della Robbia (1399-1482), Cantoria de la Cathédrale de Florence, 1431 (détail).

De façon active, le chant permet une activité respiratoire rythmée, une accélération de notre métabolisme et également un changement significatif de nos taux d’hormones. Une coordination corporelle musculaire, pulmonaire et cardiaque est nécessaire pour augmenter notre flux sanguin et apporter une meilleur oxygénation. Le chant stimule également notre mémoire, nos émotions et notre intellect, et nous aide à surmonter le stress journalier. Cette activité harmonise le corps et l’esprit.

Mais cette sécrétion est-elle différente pour le professionnel et l’amateur? Chez l’amateur, le cortisol, hormone du stress, diminue grâce à la pratique du chant, alors qu’elle augmente chez le professionnel à cause du trac qui le met sous pression. Mais dans les deux groupes, les S-IgA, protéine de notre défense immunitaire, ainsi que l’ocytocine, hormone de l’amour, la dopamine, hormone du plaisir, et les endorphines, hormones euphorisantes et relaxantes, augmentent et provoquent un réel plaisir avec une sensation bien réelle de bien-être.

Jean Abitbol, La belle Histoire de la Voix, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2019, p.290.

Luca della Robbia (1399-1482), Cantoria de la Cathédrale de Florence, 1431 (détail).