Un jour… Un chef-d’œuvre (177)

Commence le pleur
De la guitare.
Il est inutile de la faire taire.

Edouard Manet (1832-1883), Le Chanteur espagnol, 1860 (détail).

 

Enrique Granados (1867-1916), Danses espagnoles Op. 37 n°2, Oriental, interprété par John Williams et Julian Bream.

Commence le pleur
De la guitare.

De la prime aube
Les coupes se brisent.
Commence le pleur
De la guitare.
Il est inutile de la faire taire.
Il est impossible
De la faire taire.
C’est un pleur monotone,
Comme le pleur de l’eau,
Comme le pleur du vent
Sur la neige tombée.
Il est impossible
De la faire taire.
Elle pleure sur des choses
Lointaines.
Sable du Sud brûlant
Qui veut de blancs camélias.
Elle pleure la flèche sans but,
Le soir sans lendemain,
Et le premier oiseau mort
Sur la branche.
Ô guitare !
Ô cœur à mort blessé
Par cinq épées.

Federico Garcia Lorca (1898-1936) : La guitare / la guittara, traduit de l’espagnol par Pierre Darmangeat, in « Anthologie bilingue de la poésie espagnole », Editions Gallimard (La Pléiade), 1995.

 

Edouard Manet (1832-1883), Le Chanteur espagnol, 1860.