Un jour… Un chef-d’œuvre (104)

« Je veux dessiner chaque jour, afin d’emporter avec moi les croquis des endroits dont je désire conserver le souvenir »

Felix Mendelssohn (1809-1847)

Félix Mendelssohn (1809-1847), Le collège et l’église Saint-Thomas de Leipzig, aquarelle.

Félix Mendelssohn, Variations sérieuses en ré mineur pour piano op. 54, interprétées par Murray Perahia.

« […] « Il semble qu’on plonge dans son âme. Sur cette figure blême, ardente et triste, dans ses yeux noirs et profonds, on lit qu’il ne peut pas encore exprimer tout ce qu’il voit, tout ce qu’il sent, que le sentiment de cette impuissance le force à marcher sans cesse en avant, et qu’il mourra jeune; cela vous donne presque le frisson. » Ainsi s’exprime à Florence, le jeune Félix Mendelssohn, admiratif et compatissant à propos d’un sombre autoportrait de Raphaël, mort à trente-sept ans. Sans s’en douter, il écrit son propre hommage funèbre.

Félix Mendelssohn, Vue de Florence, aquarelle.

À la disparition prématurée du musicien de trente-huit ans, ex-enfant prodige, comment ont réagi ceux qui l’ont connu? Le critique anglais Henry Chorley rapporte: « pas un peintre n’a su perpétuer son aspect lorsqu’il écoutait de la musique qui lui plaisait. Rien en lui n’était affecté; il n’avait pas besoin de courir après l’esprit, il en avait à revendre; c’était une intelligence pure et sincère. Peut-être n’y eut-il pas de peintre contemporain assez fort et assez simple à la fois pour saisir la physionomie d’un tel homme. » Tout en lui est effectivement duel, sérieux et fantaisie. Pour ses treize ans, Goethe lui avait envoyé ce petit couplet, jamais oublié: « Wenn über die ernste Partitur… Même si la partition sérieuse te donne du fil à retordre, poursuis l’effort! Dans le domaine des sons, tu continueras à dispenser maintes joies, comme tu l’as fait avec amour et bonheur. Nous souhaitons tous ton retour. Weimar le 20 janvier 1822. Goethe. » »

Brigitte François-Sappey, Félix Mendelssohn, La lumière de son temps, Paris, Fayard, 2008, p. 251.