Un jour… Un chef-d’œuvre (228)

 Il n’y eut jamais d’aromates comme ceux que la reine de Saba donna au roi Salomon. 

Ancien Testament, 2ème livre des chroniques 9:9

Claude Gellée, dit « le Lorrain » (1600-1682), L’Embarquement de la reine de Saba, 1648.

Le tableau représente le départ de la reine de Saba pour rendre visite au roi Salomon à Jérusalem, décrite dans le dixième chapitre du Livre des Rois.

Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Solomon, Ouverture de l’acte III, l’Arrivée de la Reine de Saba, interprété The Academy of Ancien Music dirigée du clavecin par Christopher Bucknall.

Or donc, Salomon – le Salomon biblique – s’entendait bien avec Hiram, roi de Tyr. Hiram lui fournissait du bois de cède et de cyprès, Salomon lui livrait en échange de l’huile d’olive et du blé. Les flottes des deux rois rapportaient tous les trois ans de l’or, tellement « qu’en une seule année, le roi Salomon vit arriver à Jérusalem vingt tonnes d’or » (Livre des Rois), de l’argent, bien qu’on ne fit à peu près rien en argent car à l’époque de Salomon, on considérait l’argent comme sans grande valeur, de l’ivoire, des singes et des paons.

La surenchère atteignit son paroxysme avec la visite de la reine de Saba, sans doute l’une des plus spectaculaires jamais rendues par un chef d’état à un autre.

La souveraine arriva à Jérusalem avec un cortège impressionnant de courtisans, de musiciens, de magiciens (elle-même étant un peu sorcière), de suivantes, d’esclaves, de chameaux chargés de parfums et d’or en quantité (trois tonnes et demie, précise la Bible) et de pierres précieuses (Livre des Rois). Comme elle avait la réputation d’être une belle femme, Salomon avait imaginé la recevoir dans une pièce de son palais dont il avait fait recouvrir le sol de verre et de marbre bleu – habile stratagème: croyant qu’il s’agissait d’une surface liquide, la reine releva sa robe, dévoilant ainsi ses jambes splendides au regard admiratif de son hôte. […]

Car le point faible de Salomon, de furent les femmes. Il est réputé en avoir connu (bibliquement) jusqu’à mille: sept cents princesses « régulières » et trois cent concubines. Elles venaient de partout, chacune avec son dieu. Pour complaire ses favorites, Salomon coiffait les collines de Jérusalem de temples en l’honneur de leurs divinités exotiques, dressait à celles-ci des autels, leur offrait des sacrifices. Faiblesse d’un homme qui ne voulait surtout pas d’histoire avec ses femmes, paroxysme de tolérance, ou bien avait-il, au nom de l’amour, inventé l’œcuménisme? Toujours est-il que YHVH l’en punit à travers sa descendance.

Didier Decoin, Dictionnaire amoureux de la Bible, Paris, Plon/Gründ, 2015, p. 245-248.  

 

Hocine Ziani (né en 1953), La Reine de Saba chez Salomon, 2015.