Un jour… Un chef-d’œuvre (119)

Comme le globe terrestre sur son axe, la toupie symbolise, par son mouvement rotatif, l’équilibre subtil d’un univers en mouvement.

Jean Siméon Chardin (1699-1779), Enfant avec une toupie, 1736.

Il s’agit d’un portrait de Auguste-Gabriel, fils du joaillier Charles Godefroy. Il représente un enfant absorbé dans la contemplation du tournoiement d’un toton, une sorte de toupie. Le jouet tourne sur la table au bord de laquelle s’appuie l’enfant. Sur cette table, en second plan, on distingue des livres, une plume et un encrier. Du tiroir du meuble entrouvert, dépasse un porte-crayon.

Il traite avant tout d’une image en dehors du temps, d’un enfant absorbé dans son monde de jeux, étranger à tout ce qui l’entoure. Le XVIIIe siècle s’est caractérisé par la découverte et l’estime du monde de l’enfance, à qui l’on a accordé grand intérêt, comme on pourra le voir plus tard dans les œuvres de Jean-Jacques Rousseau. Cette scène reflète également l’éveil d’une classe sociale aux sciences, en ce début des Lumières : le décor dénote un milieu studieux, favorisant l’ascèse.

Le tableau réussit à refléter le repos et la félicité enfantine. (Wikipédia)

Georges Bizet (1838-1875), Jeux d’enfants pour piano à quatre mains, Op.22

1.Reverie: L’Escarpolette
2.Impromptu: La Toupie à 2:30
3.Berceuse: La Poupée à 3:31
4.Scherzo: Les Chevaux de bois à 5:53
5.Fantaisie: Le Volant à 7:10
6.Marche: Trompette et Tambour à 8:10
7.Rondino: Les Bulles de Savon à 10:20
8.Esquisse: Les quatre coins à 11:48
9.Nocturne: Colin-Maillard à 14:04
10.Caprice: Saute-Mouton à 15:38
11.Duo: Petit mari, petite femme à 16:54
12.Galop: Le Bal à 20:12

interprétés par Katia and Marielle Labèque.

Nous sommes à l’automne 1871, Georges Bizet apprend qu’il va être Papa d’un petit Jacques, qui naît quelques mois plus tard.
Il compose alors de la musique pour enfant, douze pièces pour piano à 4 mains inspirées des jeux à la mode à l’époque: la Toupie, Colin Maillard, les petits Chevaux de bois, la poupée…
C’est la première fois en France que l’on évoque l’enfance en musique, d’autres compositeurs suivront son exemple : Claude Debussy avec les Children Corner ou Maurice Ravel avec Ma mère l’Oie.
Bizet a composé ses douze pièces pour piano à 4 mains, deux ans plus tard, il donne en concert une version pour orchestre. Il a pris les partitions de 5 des pièces pour piano, et les a réécrites. Il a redistribué et enrichit la mélodie et l’harmonie pour les instruments de l’orchestre. En musique, on dit qu’il réalise une orchestration. (France Musique)

Toupies à fouet, Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1559), Jeux d’Enfants, vers 1560.

Pour y jouer, il faut tenir, d’une main, un fouet enroulé étroitement autour de la partie supérieure de l’axe et empoigner la toupie de l’autre. Puis tirer le fouet en arrière jusqu’à ce que la toupie tombe par terre et tourne et la fouetter continuellement pour la garder en mouvement.

Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1559), Jeux d’Enfants, vers 1560.

Si les jeux sont identifiables (on en a dénombré près de 91), l’enfant n’est guère individualisé : une attitude, une expression le font vivre et le mouvement naît d’une ligne, d’une forme, d’une tache de couleur. Tel serait peut-être le caractère positif de ce grand tableau dont le titre, Khinderspill von Bruegel, figure en 1595 dans l’inventaire de la succession de l’archiduc Ernest qui l’avait acquis l’année précédente à Bruxelles. Carel van Mander mentionne également une œuvre avec tous les jeux d’enfants, et d’innombrables petites allégories. Ce dernier membre de phrase, qui peut se rattacher aux Jeux ou terminer une énumération, ouvre la porte à des lectures plurielles. En contrepartie à la simple et habile suite des quelque deux cent dix-huit divertissements de Gargantua que Rabelais aligne. On a vu chez Brueghel un prétexte à dénoncer la folie humaine.