Un jour… Un chef-d’œuvre (167)

Un jour par an, le Mardi gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours.

Claude Aveline

Giandomenico Tiepolo (1696-1770), Le menuet, 1756.

Joseph Jean-Baptiste Laurent Arban (1825-1889), Variations sur le thème du Carnaval de Venise pour trompette et orchestre, interprétées par Wynton Marsalis et Eastman Wind Ensemble. 

Joseph Jean-Baptiste Laurent Arban (1825-1889) est un cornettiste, enseignant et compositeur français. Il est l’auteur de la Grande Méthode complète pour cornet à pistons et saxhorn publiée en 1864, qui est encore aujourd’hui la méthode de référence pour l’apprentissage de la trompette et du cornet. En 1857, il est nommé professeur de saxhorn à l’École militaire, et publie sa Grande Méthode complète pour cornet à pistons et saxhorn en 1864, dans laquelle figurent, entre autres études de virtuosité, les célèbres Variations sur le Carnaval de Venise.

Masques vénitiens

 

Francisco Tarrega (1852-1909), Variations sur Le Carnaval de Venise d’après N. Paganini, interprétées par David Russel.

La chanson populaire appelée Le Carnaval de Venise est à l’origine une mélodie napolitaine O cara mamma mia, remontant à la première moitié du 19ème siècle. Elle a donné naissance à une chanson autrichienne, reprenant le même timbre musical, sur des paroles différentes : Mein Hut, der hat drei Ecken (Mon chapeau, qui a trois coins ou Mon tricorne). La musique de cette chanson se développe sur un rythme de valse, très à la mode pendant tout le 19ème siècle. Le succès de cette petite œuvre a ensuite donné naissance à de très nombreuses variations, d’aspect aussi léger et divertissant que celui de la partition originale. Ces développements, souvent pleins d’imagination et de virtuosité, furent composés par différents auteurs, célèbres ou non, par exemple Jean-Baptiste Arban, Franz Liszt, Niccolo Paganini, Francisco Tárrega,…

Giandomenico Tiepolo, Scène de carnaval ou Le Menuet, 1754-55.

 Venise pour le bal s’habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.

Arlequin, nègre par son masque,
Serpent par ses mille couleurs,
Rosse d’une note fantasque
Cassandre son souffre-douleurs.

Battant de l’aile avec sa manche
Comme un pingouin sur un écueil,
Le blanc Pierrot, par une blanche,
Passe la tête et cligne l’oeil.

Le Docteur bolonais rabâche
Avec la basse aux sons traînés;
Polichinelle, qui se fâche,
Se trouve une croche pour nez.

Heurtant Trivelin qui se mouche
Avec un trille extravagant,
À Colombine Scaramouche
Rend son éventail ou son gant.

Sur une cadence se glisse
Un domino ne laissant voir
Qu’un malin regard en coulisse
Aux paupières de satin noir.

Ah! fine barbe de dentelle,
Que fait voler un souffle pur,
Cet arpège m’a dit : C’est elle !
Malgré tes réseaux, j’en suis sûr,

Et j’ai reconnu, rose et fraîche,
Sous l’affreux profil de carton,
Sa lèvre au fin duvet de pêche,
Et la mouche de son menton. 

Théophile Gautier (1811-1872) – Variations sur le Carnaval de Venise (Émaux et Camées) 

Masques vénitiens.