Un jour… Un chef-d’oeuvre! (82)

« Manier les couleurs et les lignes, n’est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté, c’est justement d’accorder tout cela.»

Raoul Dufy (1878-1953), Les Problèmes de la peinture.

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Nicolas de Staël (1914-1955)Le Concert (Le Grand Concert, L’Orchestre), 1955.

Antibes, le 16 mars 1955. Une silhouette de plus d’un mètre nonante s’écrase sur le trottoir. Au pied d’un réverbère, face à la mer, Nicolas de Staël vient de se précipiter de la terrasse de son atelier. Le peintre, qui a passé plus des deux tiers de son existence dans la misère, est alors à l’apogée de sa gloire. Et s’il a décidé de briser son corps, c’est parce qu’il ne parvenait pas à recoller son cœur. Quelques heures avant de se supprimer, il achevait son dernier tableau, Le Concert (Le Grand Concert, L’Orchestre). Une toile de plus de 7 mètres carrés.

Parfois, un artiste sait qu’il réalise sa toute dernière oeuvre : « testament » ou apothéose de son talent. A l’inverse, d’autres n’ayant pas vu la mort venir, leur dernière oeuvre ne l’est que par accident. Mais dans certaines d’entre elles, un oeil averti décèle un étrange caractère prophétique.

Marina Laurent, Les dernières œuvres des artistes : le Grand Concert, de Nicolas de Staël, extrait de l’article paru sur le site du Vif/L’Express le 26 juillet 2018.

 

Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Partita n°1 BWV 825, interprétée par Dinu Lipatti lors de son dernier récital à Besançon en le 16 septembre 1950.

Dinu Lipatti, né à Bucarest le 19 mars 1917 et mort à Genève le 2 décembre 1950, est un pianiste roumain dont la carrière fut tragiquement interrompue par une mort précoce due à la maladie de Hodgkin. Il était très admiré pour son sens du rythme ou du tempo et la pureté de son jeu, qui s’accorda particulièrement bien à la musique de Chopin, Bach, Mozart ou Schubert. Son interprétation des valses de Chopin, enregistrées à Besançon quelques mois avant sa mort, demeure une référence. (Wikipédia)

La Profession de foi de Dinu Lipatti

« Notre vraie et seule religion, notre seul point d’appui, infaillible, c’est le texte écrit. Nous ne devons jamais être pris en faute envers ce texte, comme si nous avions à répondre de nos actes sur ce chapitre chaque jour, devant des juges implacables. Étant donné ce tribunal suprême que nous instituons de notre propre gré afin de protéger ce que nous considérons comme « notre foi », « notre évangile », le texte écrit, il faut l’étudier, l’assimiler, le confronter dans plusieurs éditions et finalement en dégager l’image qui correspond le plus fidèlement à la pensée initiale.

Une fois ceci bien établi, nous ne devons pas oublier que ce texte, pour vivre de sa propre vie, doit recevoir notre vie, à nous, et pareillement à une construction, il faudra, sur la carcasse en béton de notre scrupulosité envers le texte, ajouter tout ce dont une maison a besoin pour être finie, c’est à dire l’élan de notre cœur, la spontanéité, la liberté, la diversité de sentiments…»

Extrait d’une lettre que le mythique pianiste roumain Dinu Lipatti (1917-1950) adressa à l’élève d’un conservatoire en Afrique du Sud qui l’interrogeait au sujet des droits et des devoirs de l’interprète face à une partition et sollicitait un conseil, cité par Jean-Pierre Thiollet, L’improvisation so piano, S.L., Éditions Neva, 2017, p. 250.

Wolfgang Amadeus Mozart (1757-1791), Sonate pour piano en la mineur K.310 interprétée par Dinu Lipatti lors de son dernier récital à Besançon en le 16 septembre 1950.

82b. Nicolas de Staël, L'Orchestre, 1953

Nicolas de Staël, L’Orchestre, 1953.

82c. Nicolas de Staël, L'Orchestre, Explications

Nicolas de Staël, L’Orchestre, 1953, explications…