En 1964, année de ma naissance, alors que la Tchécoslovaquie se rapproche du fameux « Printemps de Prague » de 1968 censé rendre le communisme plus humain que le dur régime en place, Eduard Petiska raconte, dans un livre illustré destiné aux enfants et aux parents, un bon nombre de mythes de la Grèce antique. Son ton est à la fois conventionnel et rempli d’esprit. On y sent un auteur désabusé par l’homme mais nourrissant l’espoir secret d’un monde nouveau. En cela, ses arrangements des légendes grecques sont prophétiques.
Ils le sont pour le destin de son propre pays (on connaît le destin tragique de la Tchécoslovaquie ‘soviétique »), ils le sont pour notre époque également. Car au-delà de l’aspect spectaculaire de tous ces récits, on distingue bien une lucidité vis-à-vis de l’homme et du monde dans lequel il vit. Alors, à l’examen des événements divers de ce début d’année, comment ne pas remarquer que ces contes narrent notre propre histoire. Et même si tout cela ne représente qu’un sens figuré de notre réalité, si encore on pense bien que Zeus et sa clique n’existent pas, c’est bien observé. Je ne résiste pas à vous livrer à la lecture ce superbe récit, que j’ai abrégé pour des raisons de place tout en conservant l’essentiel.
Le livre, jadis illustré de beaux dessins aussi extraordinaires qu’effrayants, cernait, dans un style et une présentation d’avant-garde l’essence de la pensée universelle de la Grèce antique. Les illustrations ci-dessous ont été puisées dans l’actualité toute récente de notre Terre. Mais lisez plutôt…
« Il vint un jour aux oreilles de Zeus que les hommes étaient devenus tout à fait corrompus et commettaient beaucoup de crimes. Aussi pensa-t-il qu’il devait descendre sur la terre : il voulait voir de ses propres yeux si réellement les hommes volaient, tuaient, se moquaient des dieux et disaient des mensonges au lieu de la réalité.
Attentat en Irak
Il vit avec peine et irritation que les hommes étaient encore pires que dans les récits qu’on lui avait faits. Un individu volait un autre en lui mentant, les hôtes attaquaient et massacraient leurs invités endormis, les enfants impatients d’hériter attendaient impatiemment la mort de leurs parents, les femmes donnaient du poison à leurs maris et les frères s’entre-tuaient.
Extraits de la page « Actualités » de Google le 19 janvier 2010
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Zeus se sentit soulagé lorsqu’il atteignit les régions rocailleuses où il n’y avait aucun signe de vie : pas d’hommes, pas de villes ni de villages.
….
Zeus retourna dans les cieux et convoqua les dieux à un conseil… Dès qu’ils furent rassemblés, la voix du dieu suprême tonna, décrivant les horreurs de la terre. « J’ai déjà foudroyé un palais » dit-il, « mais tous les mortels, sans exception doivent être punis.
Incendies dans le sud de l’Australie
Je voudrais brûler toute la terre par la foudre, mais je crains qu’un tel incendie atteigne les cieux. Nous connaissons tous la prophétie selon laquelle le monde entier périra par les flammes. C’est pourquoi j’ai choisi le déluge pour laver la surface de la terre des démons et de l’indigne race humaine qui l’habitent ».
Inondations en Australie
Alors Zeus enferma dans une caverne le vent du Nord ainsi que les rafales qui dispersent les nuages et libéra le vent du Sud. Celui-ci déploya ses ailes ruisselantes et s’élança. Un épais brouillard au front, sa barbe grise dégoulinante de pluie. De sa main droite, il pressait et tordait les nuages noirs, exprimant des torrents d’eau. Poséidon, dieu des flots, aidait son frère Zeus dans sa tâche : il appela les dieux de toutes les rivières et de tous les fleuves et leur ordonna de laisser les cours d’eau sortir de leur lit, briser les digues et inonder les habitations. Les eaux envahirent les villages et les villes recouvrant les champs, les buissons et les arbres. Bientôt, le niveau atteignit les toits et même le sommet des tours. Les gens essayèrent de se sauver en nageant mais la pluie les assommait. Quelques uns parvinrent à gagner le sommet des montagnes, mais, mais bientôt l’eau les submergea, entraînant leurs corps dans les profondeurs infinies de la mer nouvelle. Ceux qui montèrent dans des barques et des bateaux pour essayer de sauver leur vie firent naufrage sur les anciennes montagnes transformées en récifs. Des poissons étranges nageaient dans les profondeurs – au sommet des arbres -, passaient ça et là à travers les maisons et les temples dont les fenêtres et les portes avaient été arrachées par la tempête. Les cerfs, les loups et les sangliers luttaient en vain contre les vagues et les forêts étaient peuplées de dauphins. La terre devint une mer immense. Même les oiseaux, épuisés par leur vol, finissaient par tomber faute de pouvoir se percher. Celui qui ne fut pas englouti par les vagues mourut de faim.
Glissements de terrain suite aux inondations au Brésil
Épidémie de Cholera en Haïti
Dans le pays de Phocide, le Mont Parnasse s’élevait encore au-dessus de l’eau. Un petit bateau dans lequel s’étaient réfugié Deucalion, fils de Prométhée et Pyrra, sa femme, s’avançait dans sa direction. Prométhée les avait prévenus à temps et leur avait donné une robuste embarcation.
Lorsque Zeus vit que les seuls rescapés étaient Deucalion et Pyrra, tous deux honnêtes, justes et pieux, il dispersa les nuages, montrant les cieux à la terre et la terre au ciel. De même, Poséidon posa son trident qui avait soulevé la mer, appela son fils Triton et lui demanda de souffler dans sa conque. Triton sut souffler avec une telle force que le bruit emplit toute l’atmosphère. Il souffla et les eaux se mirent à refluer, les rivières retournèrent dans leur lit et la mer revint à ses anciens rivages.
Rescapé en Haïti
Deucalion et Pyrra arrivèrent au Mont Parnasse, se mirent à genoux et remercièrent les dieux de les avoir laissés en vie. Puis ils regardèrent autour d’eux et ne virent qu’un désert. Les forêts retenaient encore dans les branches des arbres quelques parcelles de terre ; tout était silencieux et privé de vie. Deucalion soupira doucement : « Chère Pyrra », dit-il, « nous sommes les seuls survivants ; qu’allons-nous faire ? Si seulement je pouvais comme mon père créer un homme avec de l’argile ! » Les yeux pleins de larmes, Deucalion et Pyrra se mirent à prier sur les marches pleines de mousse du temple de Zeus. Ils l’implorèrent de les aider à rendre la vie à la terre et le maître des dieux, ému, leur donna ce conseil :
« Quittez ce temple, voilez vos têtes et jetez derrière vous les ossements de votre grand-mère ».
Perdus dans leurs pensées, ils quittèrent le temple sans parvenir à comprendre pourquoi ils devaient ainsi troubler la paix de leurs ancêtres. Ils réfléchirent longtemps quand soudain Deucalion comprit que la grand-mère dont parlait le dieu était la Terre.
« La Terre est notre grand-mère à tous » dit Deucalion, « et ses ossements ne peuvent être que les pierres ».
Manifestations d’espoir d’une nouvelle vie en Tunisie
Il doutait que des cailloux puissent faire revenir la vie sur terre. Pourtant, aidé de Pyrra, il en ramassa et les jeta par-dessus son épaule. C’est alors que le miracle se produisit : à peine touchaient-elles la terre que les pierres perdaient leur dureté et qu’elles se transformaient en êtres humains. La partie la plus dure devenait les os, quant aux veines de la pierre, elles sont à l’origine des veines du corps humain. Les pierres que Deucalion jetait se transformaient en hommes, celles que jetait Pyrra se transformaient en femmes.
C’est ainsi que vint au monde une nouvelle race d’hommes, actifs et résistants au travail et à la souffrance, race issue de la pierre et dure comme elle ». (Mythes et légendes de la Grèce antique contés par E. Petiska, traduits du tchèque par A. Gründ, Sixième édition, Paris, Gründ, 1977).