Valdor

Tous les liégeois connaissent ce lieu, le Valdor. Il est pour beaucoup de personnes de mon âge, le symbole de la vieillesse, de la maladie, de la pauvreté et de la misère humaine. Qui n’a jamais redouté de rendre visite à un malade ou un vieillard dans ce lieu qui, longtemps, fut considéré comme un mouroir ?

C’est dire que je n’aurais jamais imaginé qu’on me demande de donner une conférence musicale à cet endroit. Et pourtant, la semaine dernière, je présentais un exposé sur Frédéric Chopin en guise d’ouverture et d’inauguration (dans le cadre des Journées du Patrimoine) des magnifiques, ultramodernes et toutes nouvelles installations du Valdor où seront, à terme, transférées les activités hospitalières.

Valdor affiche.jpg

Voila encore un formidable chantier qui rendra à Liège non seulement un lustre ancien parfaitement réhabilité mais aussi et surtout, une infrastructure de soins médicaux à la pointe des nouvelles technologies, le tout dans un écrin architectural somptueux et lumineux. Fini les locaux sombres et glauques ! Adieux la désespérance ! Le Valdor sera désormais un lieu de vie plus qu’un lieu de mort. Retour sur l’histoire d’une véritable institution liégeoise.

Nouveau Valdor 7.JPG

Le Valdor est donc un hôpital situé à Liège dans le quartier d’Amercœur. Il s’agissait au départ d’un hospice pour personnes âgées et invalides. Aujourd’hui, il est devenu un établissement hospitalier, mais reste spécialisé dans la gériatrie et la revalidation. Le bâtiment initial fut construit en 1889. En 1969, de nouvelles installations sont inaugurées juste à côté et les activités s’y concentrent. À partir de 1987, l’ancien hôpital est entièrement laissé à l’abandon. En 2005, la démolition et la reconstruction de celui-ci est entreprise; seule la façade originale est conservée.

L’histoire de ce lieu est très riche et témoigne de l’avant-garde des liégeois en matière de prise en charge des plus faibles de la société. Le Valdor fut en effet l’un des premiers asiles de vieillesse dans nos régions. Au XVIIe siècle, de nombreux invalides sans ressources sont refusés par les hôpitaux. Le chanoine de la collégiale Saint-Denis, Pierre-Paul de Valdor, se met à loger des malheureux en sa demeure tout en faisant appel à des amis.

valdor,hopital,gériatrie,conférence,rénovation,patrimoine,architecture

Le prince-évêque Louis d’Elderen autorise la fondation de l’Hospice des incurables (1689),

Anonyme, école liégeoise, huile sur toile

Il forme une association, la Compagnie des personnes charitables, qui devient une confrérie par édit du prince-évêque Louis d’Elderen, le 5 mars 1689, sous l’invocation de Saint Charles Borromée, donnant naissance à la congrégation liégeoise des Sœurs de Saint-Charles Borromée. Après la publication d’un Tableau de la misère des pauvres malades incurables, les personnalités de la ville prirent conscience de la nécessité de la création d’un hospice pour recevoir ces malades.

En 1701, l’hospice hérite d’un terrain au Vert-Bois et d’une forte somme d’argent de Jean-Ernest Surlet de Chokier afin de construire un hôpital pour les incurables et un autre pour les repentis. Le projet sera mené à bien par son frère, Ignace vicomte de Montenaeken, donateur de nombreuses œuvres d’art. Les locaux trop exigus, la Commission des Hospices civils transfère l’hospice des hommes incurables en 1891 sur les trois hectares du terrain dit des Prébendiers, site actuel de l’hôpital.

valdor,hopital,gériatrie,conférence,rénovation,patrimoine,architecture

Le grand hall d’entrée est un véritable et formidable puits de lumière.

Après les bombardements du mois d’aout 1914 qui occasionnent des dégâts considérables, et l’hôpital de Bavière étant réquisitionné par les Allemands, un service de médecine est ouvert le 26 octobre 1915 pour les liégeois indigents. Le service de chirurgie de Bavière y sera transféré le 7 octobre 1918.

valdor,hopital,gériatrie,conférence,rénovation,patrimoine,architecture

Le terrible poumon d’acier, exposé dans le hall d’entrée, m’a toujours impressionné et effrayé. Je ne sais plus les circonstances qui m’ont fait le voir pour la première fois il y a bien longtemps, mais je ne l’avais jamais oublié. C’est un appareil de taille humaine permettant à une personne de respirer en cas d’insuffisance de la ventilation pulmonaire. Il est, pour moi, l’expression et le symbole de toute la détresse des hommes même s’il représente aussi et surtout l’effort et le génie mis en oeuvre par la médecine pour soulager les malades.

En 1954, la Commission d’Assistance Publique divise l’hospice en un asile de vieillesse et un hôpital pour malades chroniques. Les activités cliniques se déploient alors. En 1967, un nouveau bâtiment de 248 lits est construit dans les jardins de l’ancien asile, ainsi que 64 petits appartements réservés aux vieux couples dont un des conjoints est atteint de maladie chronique. L’ensemble se composera de l’hôpital gériatrique, de la maison de repos, des appartements ainsi que du Centre Social d’Amercoeur. Les anciens bâtiments furent fermés en juin 1990.

valdor,hopital,gériatrie,conférence,rénovation,patrimoine,architecture

Le réfectoire entièrement vitré, où se déroulait la conférence, un quart d’heure avant le début de mon exposé.

En 2005 débute la démolition de l’ancien hôpital, désaffecté depuis quinze ans. La façade est conservée et restaurée. Derrière celle-ci sont construits de nouveaux bâtiments. Le projet architectural reçoit le Prix du Public lors de la remise du Prix de l’Urbanisme 2007 (ce résumé de l’Histoire du Valdor est inspiré de la notice de Wikipédia).

Un magnifique ouvrage, Le Valdor, une Histoire, un Avenir vient de paraître en parallèle à l’exposition organisée en ses locaux jusqu’à la fin du mois de septembre. Véritable histoire complète du site et de ses activités, ce catalogue, magnifiquement illustré, vous permettra de mesurer l’importance de l’institution. Un endroit qu’on aimera désormais visiter et qui pourrait bien devenir un passage obligé de la visite de notre Cité ardente… en tant que touriste et amateur d’art… bien sûr !

valdor,hopital,gériatrie,conférence,rénovation,patrimoine,architecture

Le catalogue de l’exposition

Exposition à visiter jusqu’au 30 septembre
ISoSL – Site Valdor
Rue Basse-Wez, 301
4020 LIEGE
Tél : +32 (0)4 341 78 11

2 commentaires sur “Valdor

  1. Bonjour Madame Van Eyck,
    Je vous avoue que je ne sais pas si ce catalogue est toujours en vente. Le mieux serait de contacter le Valdor. Après une rapide exploration du catalogue, force est de constater qu’il y a peu d’informations sur Jean Valdor. Un seul paragraphe lui est consacré: le voici:
    « Le nom « Waldor » ou « Valdor » – en un seul mot-, « Devaldor » ou « Walder » est celui d’une famille liégeoise de graveurs. Jean Valdor l’Aîné naît aux alentours de 1580 à Liège. Il fait son apprentissage de graveur chez le maître anversois Jérôme WIERIX. Il tient ensuite une officine d’imageries religieuses dont il obtient l’exclusivité pour Liège. Il orne de ses estampes des livres de morale et de piété. Grâce à sa renommée, Jean entre au service du Duc de Lorraine chez qui il poursuit une brillante carrière. Il meurt après 1632.
    Son fils, Jean Valdor le Jeune, naît en 1616. Graveur comme son père, il est également un des premiers médailliste de son siècle. Il quitte Liège, en 1634, pour l’Italie, où il reste six ans avant de se rendre à Paris en qualité de « chargé d’affaires » du Prince-Évêque Maximillien Henri de Bavière. Suite à la parution de l’ouvrage Les Triomphes de Louis le Juste, qu’il agrémente de gravures, Louis XIV lui attribue un titre de noblesse. Jean Valdor se nomme alors lui-même Sieur de Valdor. Il est désormais le chalcographe du Roi. Il quitte la France après le décès de son épouse dont il a trois enfants. Inconsolable, il rentre à Liège pour devenir chanoine à l’Église Saint-Denis où il décédera. »
    Plus loin, je trouve mention de Jean Ernest, baron de Surlet-Chokier:
    « Fils d’Érasme, il épouse, comme deux de ses frères, une carrière ecclésiastique: il est chanoine de Liège, archidiacre d’Andenne, abbé de Visé et grand vicaire du diocèse de Liège sous le règne de Maximillien Henri de Bavière.
    En 1684, Jean Ernest de Surlet est l’un des trois promoteurs auprès du Prince-Évêque du projet de fondation d’un Hôpital général. En tant que grand vicaire, il a autorisé, en 1685, la publication du chanoine Moreau, préfacé par P.P. de Valdor. Il décède en 1701 à l’age de 81 ans.
    Par testament, il lègue sa propriété du Vert-Bois pour y installe deux Hospices, pour les Filles repenties et les Incurables, âgés d’au moins 60 ou 70 ans. Cet hospice est ppourvu de la plus grande partie de la propriété, avec une somme de 50 000 florins Brabant (fls bb) pour construire un immeuble adéquat et une chapelle. Outre cette donation, Jean Ernest lui octroie 3600 fls bb de rente annuelle pour l’entretien des vieillards et l’installation de treize sœurs hospitalières. Il est considéré comme le véritable fondateur de l’Hospice des Incurables ».
    Arlette JORIS, Évolution institutionnelle, In Catalogue Le Valdor, une histoire, un avenir – Septembre 2012, pp. 64-65.
    J’espère que ces quelques informations pourront vous aider un peu.
    Si vous désirez essayer de vous procurer ce catalogue magnifiquement illustré, je vous conseille de prendre contact avec le Valdor:
    ISoSL – Site Valdor
    Rue Basse-Wez, 301
    4020 LIEGE
    Tél : +32 (0)4 341 78 11
    Fax: +32 (0)4 341 78 10
    Bien cordialement,
    Jean-Marc Onkelinx

  2. Cher Monsieur Onkelinx
    Est-il en ce moment encore possible à acheter ce catalogue? Je suis en train de rechercher sur les liens entre Jean Valdor et Jean de Chokier de Surlet.
    Je vous remercie pour me contacter,
    Bien à vous
    Griet Van Eyck
    Assistant scientifique IRPA

Les commentaires sont fermés.