Deuxième journée du Festival ce jeudi… et un nouveau succès de foule ! Je croise les doigts pour la suite des événements. Cela ne fait en effet que commencer. Il faut dire que la qualité musicale de nos deux concerts du jour était exceptionnelle.
D’abord, Nadia Jradia et Harold Noben nous donnaient ces formidables Six pièces pour piano à quatre mains op.11 de Serge Rachmaninov. J’avais étudié un peu le sujet pour présenter la séance et avais été séduit pas ces miniatures, sortes de moments musicaux, qui distillent chacun leur lent poison et qui vous enivrent avec une force irrésistible.
Comme toujours, nos deux pianistes ont relevé le défi de ces œuvres très difficiles avec une aisance incroyable et une sympathie exemplaire dans l’exercice toujours très ardu du concert commenté. Un vrai moment de bonheur et d’émotion.
Puis, je donnais une petite conférence sur la Traviata de Giuseppe Verdi. Je suis sans doute bon public, mais la force de cette musique me plonge toujours dans un état particulier. Petite confidence… La Traviata est le premier opéra que j’ai aimé. Et je l’ai aimé dès mon adolescence avec une force inimaginable. Je l’ai écouté mille fois, j’ai pleuré autant de fois la mort de Violetta et, me mettant à la place d’Alfredo, j’ai souffert de cette indicible douleur à chaque air, à chaque inflexion. Combien de fois ai-je maudit Germont dans la première scène du deuxième acte… Bref, ma passion de l’époque m’aurait sans doute empêché d’examiner cette œuvre avec sérénité pour construire une conférence si je n’avais pas acquis un peu de recul !
Mais il n’y a rien à faire et, en matière d’opéra, j’ai un cœur d’artichaut. Mes larmes… et puis, je n’ai pas besoin de vous en dire plus. J’ai bien vu que les nombreux auditeurs qui ont assisté à la projection de l’œuvre n’en menaient pas large en sortant de la salle.
La journée se terminait par Jean-Luc Votano, le génie de la clarinette qui nous offrait un récital incroyable. Il était accompagné par Geoffrey Baptiste, le pianiste de l’OPRL, qui remplaçait, au pied levé et avec un brio et une pertinence formidable, Denis Vernimmen qui avait dû annuler sa prestation. Conséquence : la première sonate de Brahms avait été déprogrammée et remplacée par la magnifique sonate de Francis Poulenc. Œuvre composée au soir en 1963, au soir de la vie du compositeur, la sonate est dédiée à Benny Goodman. Elle fut créée par le dédicataire accompagné pour la circonstance de Leonard Bernstein au piano… excusez du peu !
Mais si on peut rêver d’entre le grand Benny Goodman, je crois qu’il faut se féliciter d’avoir eu la chance d’entendre un jour Jean-Luc Votano. Clarinette solo de l’OPRL, il est aussi l’un des plus grands clarinettistes de son temps.
Séance de dédicaces pour Jean-Luc… actualité discographique oblige… Un cd Schumann tout frais aves ses complices Arnaud Thorette et Johan Farjot (CYPRES)
Sympathie, virtuosité, sonorité formidable, capable de mille et une nuances, tout ce qu’on peut dire sur ce clarinettiste est faible par rapport à ce qu’on entend ! À l’écouter, on pourrait se prendre à croire que la clarinette est un instrument facile tant tout semble naturel et simple ! N’est-ce pas là la marque du génie musical ?
Pendant la répétition, je me suis demandé s’il retrouverait toutes ses notes… mais le concert a montré avec force qu’elles étaient bien toutes là!
Alors, après une journée pareille, comment ne pas se sentir en pleine forme. C’est d’ailleurs l’un des propos d’après-concert entendus… : « la musique permet de rester jeune ! » Et c’est vrai qu’à l’U3A, les gens sont plus jeunes qu’ailleurs…
Demain est un autre jour avec son lot de formidables séances. On pointera avec intérêt la rencontre avec Jean-Pierre Rousseau, directeur général de l’Orchestre philharmonique royal de Liège à 15H qui nous parlera de la vie de l’orchestre et de la saison qui s’annonce.
Jean-Pierre Rousseau
Ensuite ce sera la projection du très beau document réalisé par la RTBF lors des festivités pour le cinquantenaire de l’orchestre, l’Accord parfait. On y vit une plongée au cœur de la vie de ces musiciens d’exception ainsi que la préparation du concert anniversaire qui réunissait trois chefs d’orchestre impliqués intensément dans la vie de l’orchestre, Pierre Bartholomée, Louis Langrée et Pascal Rophé… à ne pas rater !
Puis, pour finir en beauté cette troisième journée, nous écouterons le grand récital de Maud Renier.
Maud renier
Au programme :
1. Wolfgang Amadeus Mozart, Sonate pour piano K. 330 en do majeur
2. Robert Schumann, Deuxième Sonate en sol mineur op.22
3. Frédéric Chopin, Deux Nocturnes
- op.55 n°1
- op.48 n°1
4. György Ligeti, Etude n°6, Premier Livre, « Automne à Varsovie »
5. Claude Debussy, Images Livre I:
- Reflets dans l’eau
- Hommage à Rameau
- Mouvement
Je vous y attend avec impatience !
