Très, très, très en retard pour vous parler du dernier concert de l’U3A… ! Mille excuses à nos magnifiques musiciens, mais un agenda vraiment très rempli et quelques contretemps pas très agréables m’ont fait perdre pas mal de temps dans la publication du blog et, d’ailleurs, dans les messages Facebook ! Les jours qui viennent sont encore très chargés, mais j’espère vous faire part d’ici quelques jours de quelques humeurs sur l’actualité des derniers jours et de bonheurs musicaux et artistiques.
Toutes les photos sont d’Armand Mafit
Toujours est-il que le mercredi 17 février dernier, nous recevions deux musiciens exceptionnels, tous les deux verviétois et tous les deux des piliers de la vie musicale en Belgique, Jean-Bernard Barnabé à la flûte et Christiane Rutten au piano. Je vous avais parlé de leur parcours dans le billet qui leur était consacré avant le concert et je vous avais confié que c’était un véritable honneur pour nous de recevoir sur notre modeste scène, de si formidables musiciens confirmés.
Leur prestation a été à la hauteur de nos attentes ! Tout était au rendez-vous. Aisance technique, répertoire riche et plein de découvertes, virtuosité, émotions et sympathie de ceux qui montrent à quel point faire de la musique ensemble est un bonheur qui se partage.
Les trois romances op. 94 de Robert Schumann (1810-1856), cheval de bataille des hautboïstes, des clarinettistes et des flûtistes, ouvraient la séance en en donnant un ton résolument romantique à la soirée. Entre les gouffres schumanniens bouleversants et les romances lyriques, l’émotion, profonde, puissante et tragique souvent, transparaissait dans les riches timbres et dans le chant subtil de la flûte en parfaite symbiose avec le piano. Superbe !
Suivait la Suite op. 34 du français Charles-Marie Widor (1844-1937) que l’on connaît mieux pour ses fameuses symphonies pour orgue. L’œuvre, datée de 1898, se raccroche clairement au romantisme et témoigne de la connaissance du compositeur de la musique allemande. Il prônait, dans son enseignement de l’orgue, la fréquentation assidue des œuvres de Bach. Pourtant, on y entend aussi l’écho de Franck et de Debussy et on n’est pas surpris d’apprendre que, succédant à César Franck, justement, comme professeur d’orgue au Conservatoire de Paris, il soit devenu le maître de musiciens aussi majeurs que Arthur Honegger, Darius Milhaud ou encore Edgar Varèse. Sa Suite pour flûte semble une véritable synthèse de son art alliant la virtuosité parfois diabolique et un superbe sens de la structure classique. Là encore, Jean-Bernard Barnabé et Christiane Rutten étaient dans le juste ton. Le public ne s’y trompait d’ailleurs pas en acclamant la prestation comme une découverte majeure et un exploit musical exceptionnel.
La Rêverie et Petite Valse d’André Caplet (1828-1925) qui suivait après une brève pause bien méritée, n’avait rien d’une pièce secondaire. D’ailleurs, chaque fois que j’ai entendu des pièces de Caplet, j’en ai été émerveillé, tant l’écriture, elle aussi romantique, est riche, habile et expressive. La subtilité des harmonies, le sens mélodique et la convergence entre les couleurs du piano et de la flûte donnent à la Rêverie une émotion formidable, entre contemplation intemporelle et sensualité impressionniste. Travail superbe de musique de chambre, nos deux musiciens parviennent à un mimétisme magnifique, laissant la fusion des timbres, le dialogue entre la flûte et le piano se dérouler avec un naturel confondant qui nous amène loin, très loin dans l’essence de la pensée musicale. Leur formidable maîtrise témoigne de leur longue pratique de la musique de chambre. Magnifique !
Sortie du rêve et de l’envoûtante valse… et c’est déjà la dernière pièce du concert ! Mais quelle œuvre ! La Grande Sonate en la mineur op. 35 du compositeur germano-danois Friedrich Kulhau (1786-1832) est, on peut le dire, un morceau de choix et de bravoure qui met à l’épreuve tant le flûtiste que le pianiste. Beaucoup de pianistes se souviennent sans doute de ses sonatines et sonates relativement accessibles aux jeunes doigts, mais qui, pour être réalisées avec toute leur force, demande une maîtrise de l’instrument. La Sonate pour flûte est vraiment emblématique de la sonate romantique virtuose. Entre le tragique du premier mouvement, le fantasque scherzo, si proche de ceux de Mendelssohn, le superbe et lyrique Adagio et l’extraordinaire Rondo final, nos deux invités déploient toute leur émotion et nous ravissent les oreilles et le cœur. Et comme souvent, le public, heureux du moment de bonheur vécu, clament bruyamment leur gratitude à nos interprètes… sûr qu’on les reverra bientôt sur notre scène, s’ils acceptent de s’y produire à nouveau !