De Mozart à Pärt (Festival J+2)

 

Deux concerts au programme de notre deuxième journée du Festival Voyages d’été et succès de foule pour nos musiciennes du jour. Un concert commenté, d’abord, avec la formidable pianiste Justine De Wandeler, était entièrement consacré à W.A. Mozart. Au programme, trois œuvres importantes, la Sonate en fa majeur K.332, la Fantaisie en ré mineur K. 397 et l’ultime Sonate, La Chasse, en ré majeur K.576… de quoi prendre beaucoup de plaisir et… commenter abondamment.

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Photographie J. Cadet

Pour les explications, j’avais eu envie de montrer l’influence de Bach sur le Mozart des années viennoises. On sait qu’il avait découvert, grâce au baron Van Swieten et ses deux passages à Leipzig, les richesses de Jean-Sébastien Bach. On sait également que dès son enfance, le jeune Wolfgang avait reçu les conseils de Johann Christian Bach, le Bach de Londres, et qu’en contact avec Berlin, plus tard, il avait aussi découvert l’œuvre de Carl Philip Emmanuel Bach, le « passeur » des œuvres de son père. Bref, il s’agissait d’expliquer comment le langage de Bach avait été assimilé par Mozart pour être exploité de manière tout à fait originale, en parfaite adéquation avec l’esprit du temps… mais aussi de monter à l’aide d’extraits choisis, que ces techniques allaient servir la cause des compositeurs romantiques. Comment, en effet, ne pas sentir dans certains moments mozartiens l’annonce de Beethoven, de Schubert, de Chopin, de Schumann, de Mendelssohn… et même de Wagner !

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Photographies J. Cadet

À ce jeu-là, Justine répond avec une clarté, une intelligence et une efficacité rare, se pliant à l’exercice difficile du concert commenté. Elle joue, je l’interromps, elle reprend, elle sépare les mains, elle les réunit… Et pour l’auditeur, c’est la découverte d’une écoute active et une manière originale d’entrer dans le propos de Mozart, dont on pense parfois mais toujours à tort avoir tout compris.

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Photographies J. Cadet

Puis vient le moment de l’interprétation de la pièce dans son intégralité. C’est là le plus important bien sûr puisque le discours musical reprend le dessus et se restitue avec toute sa clarté. Justine De Wandeler a un jeu limpide, clair, magnifiquement phrasé et dosé. La subtilité et l’intelligence ( capacité à comprendre), voilà ses forces. Résultat, une efficacité magnifique et une palette d’émotions très vaste… entre rires et larmes, entre chant et rythme, entre piano et théâtre intérieur ! Elle aime profondément Mozart et cela se sent !

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Photographie J. Cadet

Le second concert du jour offrait à la toute jeune violoncelliste Leonor Swyngedouw l’occasion d’un grand récital pour lequel elle avait carte blanche. En duo avec la magnifique pianiste Julie Delbart, Leonor avait judicieusement programmé toutes les facettes du violoncelle… Elle avait aussi choisi les multiples expressions de son instrument. La profondeur de Bach, la sensualité sublime de Falla, le lyrisme et les contrastes de Schumann, la couleur de Feldbusch, la mélancolie et l’ironie de Chostakovitch, l’extrême virtuosité de Piatigorsky et la paix de l’âme meurtrie du Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt.

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Photographie A. Mafit

 

Pour notre plus grand bonheur, le duo est quasi parfait. Très nuancé, le piano soutient à merveille le violoncelle et lui offre la couleur, l’harmonie sans renier sa propre expression. Leonor Swyngedouw possède une sonorité fascinante. Elle ne joue jamais en force et parvient à tout doser.

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Photographies A. Mafit

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Photographie J. Cadet

Sa musicalité, hors du commun, domine son jeu et l’on sent que, malgré son jeune âge, elle possède une technique très sûre exploitée comme un outil au service exclusif de la musique… ceci peut sembler une évidence, mais la réalité nous en éloigne hélas trop souvent… Du haut de ses vingt ans, elle peut regarder l’avenir avec confiance et espérer, elle aussi (je le disais hier aussi avec Silviu Dumitrache) atteindre les sommets de la musique… mais ça, c’est la vie qui le dira ! Je lui souhaite les plus grandes joies de la musique… et surtout, je garde ses coordonnées pour une prochaine invitation.

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Photographies A. Mafit

Je l’ai dit et redit, l’un des buts de nos concerts à l’U3A est d’offrir une scène de qualité, un accueil chaleureux et un public amateur (au vrai sens du terme « qui aime ») à nos jeunes musiciens qui en ont bien besoin. Je crois que nos deux premières journées du festival ont été la preuve que la formule fonctionne et que tout le monde y gagne… un peu de bonheur… ce n’est pas négligeable! Les musiciens sont heureux parce qu’ils ont la possibilité d’exprimer leur passion dans de bonnes conditions, les auditeurs vivent des moments d’émotions inoubliables et l’organisateur, en voyant ce succès se réjouit parce que le projet fonctionne, que le courant passe humainement ! Pourvu que ça dure… !