Malgré une météo estivale, notre salle 11 résiste bien aux températures élevées et le public l’a bien compris. Il se pressait nombreux pour venir découvrir deux concerts qui s’annonçaient remarquables à plus d’un titre… Il n’a pas été déçu ! Voici quelques photos, souvenirs d’une belle journée. Toutes les photos sont de Jean Cadet.
Les festivités du jour s’ouvraient par un récital de chant. La soprano Aurore Rinchon et son partenaire à la ville comme à la scène, le brillant pianiste Carmelo Sorce nous proposaient un répertoire axé sur des textes et adaptations du grand poète Johann Wolfgang von Goethe, l’occasion de mesurer quelques unes des immenses beautés qu’ont pu générer les pensées du grand homme.
Au programme, des lieders de Franz Schubert et de Franz Liszt ainsi que des airs du sublime Werther de Jules Massenet et du Faust de Charles Gounod. Retrouvez le programme complet ICI.
Duo de toute beauté, dans la complicité comme dans la tenue de la pensée musicale, nos invités ont littéralement soulevé l’enthousiasme de la salle qui a admiré non seulement la superbe voix d’Aurore, mais aussi sa capacité à incarner génialement et avec très peu de moyens extérieurs, les quatre personnages qui figurent dans Le Roi des Aulnes de Schubert (Erlkönig), Charlotte et sa profonde mélancolie en lisant les lettres de Werther ou encore Marguerite et sa chanson du Roi de Thulé.
Puis, dans le fameux et périlleux airs des bijoux, Aurore montre toute sa maîtrise vocale… une Marguerite justement nuancée, souple, puissante quand il le faut, spontanée et vraiment séduisante ! Quant à Carmelo, il est un orchestre à lui seul et porte la vocalité de son épouse avec une complicité à toute épreuve. Un vrai travail de musique de chambre !
Le second concert du jour faisait la part belle au Concours de piano de Liège. Le Liégeois est souvent trop modeste pour reconnaître les extraordinaires qualités de la vie musicale de sa cité. Le Concours de Liège, comme le nomment les pianistes, est pourtant devenu une institution et sa renommée s’étend dans tout le pays, générant des candidats issus de toutes les provinces belges comme du Grand-duché de Luxembourg.
Pour renforcer, auprès de nos mélomanes, la certitude de la qualité du concours, j’avais invité son président, Bernard Rentier, à venir, en introduction au concert des lauréats, expliquer le passé, le présent et les ambitions futures de l’institution liégeoise.
Et pour confirmer ses propos, nous avions l’honneur de recevoir trois lauréats vainqueurs de leur catégorie. Programme complet ICI.
Nous écoutions d’abord la toute jeune Anastassia Eggerickx qui avait remporté la catégorie A, celle des plus jeunes en 2018. L’occasion de découvrir l’évolution de son talent ! Stupéfiant. Un programme magnifiquement mené, plein de finesse et de justesse de ton. Un talent qui ne demande qu’à s’ouvrir mais qui, précoce à ce point, est plein d’extraordinaires promesses.
C’était ensuite le jeune anversois Amadi Manuchimso qui, du haut de sa belle sonate de Beethoven, montrait d’exceptionnels moyens. Précision rythmique, sens du toucher et de la phrase, sonorité remarquable ! Impressionnant !
Enfin, j’avais désiré réécouter, cinq ans plus tard, la lauréate de la catégorie C de 2014, Adélie Vandenbranden qui m’avait tant ému lorsqu’elle avait joué le mouvement lent de l’avant dernière sonate (D.959) de Franz Schubert lors de la finale. J’avais été fasciné par son tempérament très discret, mais animé d’une vie musicale intense et d’une remarquable technique pour son âge.
Je voulais donc écouter et voir comment ce talent singulier avait évolué. Je n’ai pas été déçu. Son intériorité est intacte, c’est sa force, mais sa maturité musicale est exceptionnelle. On a le sentiment que les Klavierstücke op. 119 de Johannes Brahms ont été écrits pour elle ! C’est bouleversant. C’est également très rare de jouer cette musique si mature avec tant de compréhension quand on n’a que 21 ans ! Émotion renouvelée !
Quels talents… le public ne s’y trompe pas et acclame avec bonheur cette jeunesse musicienne vraiment exceptionnelle ! Décidément, le Concours de piano de Liège est bien un tremplin essentiel vers la musique ! Préservons-le et, surtout, soutenons-le !
