Un jour… Un chef-d’œuvre (232)

La méthode correcte de calcul, pour comprendre le sens des choses et tout savoir sur les choses obscures et tous les secrets.

Titre du Papyrus de Rhind.

Papyrus de Rhind, document retrouvé à Thèbes (près de Louxor) en Égypte vers 1550 ACN. Il contient 84 problèmes mathématiques. L’encre rouge correspond à l’intitulé ou à la solution du problème.

Maurice Ravel (1875-1937), L’Enfant et les Sortilèges, L’Arithmétique. interprété par l’Opéra de Lyon. 

 

Un domaine se compose de sept maisons. Dans chaque maison, il y a sept chats. Chaque chat attrape sept souris. Chaque souris a mangé sept mesures de semence, et chaque mesure de semence aurait pu produire sept hekat de grains. Combien de choses sont mentionnées en tout?

Ce n’est que l’un des dizaines de problèmes similaires qui figurent dans le papyrus de Rhind, tous aussi compliqués et tous transcrits avec soin, accompagnés des réponses et des démonstrations dignes du meilleur manuel. Cet objet est le plus célèbre papyrus mathématique de l’Égypte ancienne à nous être parvenu en même temps que la source majeure dont on dispose pour comprendre quel était le rapport des Égyptiens avec les nombres.

Le papyrus de Rhind ne présente pas les mathématiques comme une discipline abstraite à travers laquelle on peut concevoir et envisager le monde. Mais il nous laisse entrevoir – et partager – les migraines quotidiennes d’un administrateur égyptien. Comme tout fonctionnaire, il semble jeter un regard anxieux du côté de la Cour des comptes, impatient de vérifier qu’il en a bien eu pour son argent. On trouve sur ce papyrus des calculs sur le nombre de litres de bière, ou de miches de pain, que peut produire telle quantité de céréales, et comment déterminer si la bière ou le pain qu’on a payés ont été frelatés.

En tout, le papyrus de Rhind contient quatre-vingt-quatre problèmes différents – des calculs qui auraient servi dans divers scénarios à résoudre les difficultés pratiques de la vie administrative, comme calculer la pente d’une pyramide, ou la quantité de nourriture nécessaire à différentes variétés d’oiseaux domestiqués. Il est principalement écrit en noir, tandis que le titre et la solution  de chaque problème apparaissent en rouge. Et curieusement, il n’est pas rédigé en hiéroglyphes, mais dans une sorte de steno administrative gribouillées, beaucoup plus rapide et plus simple à écrire.

Ce papyrus doit son nom à un juriste d’Aberdeen, Alexander Rhind qui, dans les années 1850, passait ses hivers en Égypte, où la chaleur et la sécheresse du climat soulageaient la tuberculose dont il souffrait. C’est là, à Louxor, qu’il a acheté ce papyrus, le plus grand texte ancien de mathématiques que l’on connaisse, non seulement en Égypte mais dans le monde entier. […]

Neil MacGregor, Une Histoire du monde en 100 objets, Paris, Éditions Les Belles lettres, 2018, pp. 137-140. 

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