Un jour… Un chef-d’œuvre (206)

Au nord, toujours au nord, courons, courons encore,
Et ne nous arrêtons qu’où finit l’univers.

Joseph Autran (1813-1877)

William Bradford (1823-1892), Lever de soleil sur l’Arctique, 1879

Einojuhani Rautavaara (1928-2016), Cantus Arcticus Op. 61, Concerto pour oiseaux et Orchestre interprété par l’Orchestre symphonique de la Radio de Leipzig, dirigé par Max Pommer.

Composé en 1972, le Cantus Arcticus est une pièce orchestrale qui incorpore des bandes magnétiques sur lesquelles sont enregistrés de chants d’oiseaux recueillis près du cercle arctique à Liminka au nord de la Finlande. L’œuvre est en trois mouvements:

I. Suo (La Tourbière)
II. Melankolia (Mélancolie)
III. Joutsenet muuttavat (Cygnes migrants)

Compositeur né à Helsinki le 9 octobre 1928, Einojuhani Rautavaara étudie la musicologie et la composition au Conservatoire Jean Sibelius, aux Etats-Unis et en Allemagne à Cologne. D’abord influencé par le néo-classicisme de Stravinsky et de Hindemith, il se tourne ensuite vers la musique des russes, puis de Debussy, de Messiaen ainsi que vers la musique atonale d’Alban Berg. Ses techniques très variées passent du chant grégorien au dodécaphonisme en passant par la musique aléatoire et l’usage de bandes magnétiques et d’ordinateurs. Son langage le plus récent laisse percevoir des tournures et propos post-romantiques qui rendent sa musique parmi les plus accessibles des compositeurs d’aujourd’hui. Sa production est immense et l’homme est honoré dans le monde entier. Il est indéniable qu’il constitue, par de nombreux aspects de son œuvre, une prolongation de l’art de son maître Sibelius.

En -330 avant notre ère, Pythéas, un géographe, mathématicien et astronome grec venu de Massilia est le premier homme à partir explorer les latitudes les plus au nord de notre planète. Un véritable exploit. À l’époque, il part en quête d’ambre et d’étain et cherche à assouvir sa curiosité scientifique. Pendant près de mille ans, personne ne lui emboîtera le pas. C’est pendant la Renaissance qu’une véritable fièvre de l’exploration arctique s’empare des nations maritimes européennes. Celles-ci tentent de se frayer une route par le nord des continents américain et européen pour commercer plus rapidement avec l’Asie, sans toutefois parvenir à leurs fins.

Aujourd’hui, avec le développement des technologies et le changement climatique, le rêve de nos ancêtres se concrétise. Au nord de la Russie transitent déjà des méthaniers brise-glace, véritables poids lourds de la navigation capables de forcer toute l’année la route du nord de l’Occident à l’Orient.

La première exploration de l’Arctique dont on a une trace n’a pas encore vocation à ouvrir une route commerciale ?

Effectivement, elle est menée par le grec Pythéas en -330 avant notre ère. Et sa mission consistait à trouver une nouvelle source d’approvisionnement en étain et en ambre. À ces motivations s’ajoute peut-être une démarche scientifique dont le but est de contribuer à l’agrandissement de l’univers connu. Il s’agit aussi de vérifier des calculs. Pythéas est mathématicien, astronome et géographe. Depuis Massilia (l’actuelle Marseille) il a imaginé qu’au-delà d’une certaine latitude boréale, le jour est permanent en été et inexistant en hiver. Son voyage lui permet effectivement de le vérifier. Il rapporte d’ailleurs une description précise de la course du soleil ainsi que de la banquise.

À l’époque, personne ne le croit.

Son texte est tellement stupéfiant qu’il est critiqué de façon très virulente ! C’est d’ailleurs grâce aux critiques très précises que l’on a une trace de son exploit. Le document d’origine, lui, a probablement disparu lors de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Pendant longtemps, faute de connaître le bateau qu’il avait utilisé, on pensait que c’était une légende. Les Anglais ont cantonné les navires grecs aux galères de combat. Il est évident qu’à bord d’un tel vaisseau, Pythéas n’aurait jamais pu naviguer vers le Grand Nord. En 1969, on découvre une épave d’un bateau d’une modernité tout à fait étonnante au nord de Chypre. Le navire date d’avant l’époque de Pythéas et il aurait très bien pu monter vers l’Arctique. Aujourd’hui, pour tous les archéologues et les navigateurs, Pythéas s’est bien rendu au nord de l’Islande.

Dominique Le Brun, journaliste spécialiste de l’histoire maritime. Lire l’article complet ici.