Voyages d’été 2022… Troisième journée: Violons et plus si affinités…

De merveilleuses musiques, des artistes d’un niveau exceptionnel, un public nombreux et chaleureux, une convivialité de tous les instants, voilà les ingrédients que j’essaye de rassembler lors des Concerts de l’U3A et du Festival Voyages d’été. C’était déjà la troisième journée des festivités hier et on peut dire que la sauce a très bien pris… pour la plus grande joie des musiciens et des mélomanes.

À 17H, la salle était comble pour accueillir Bertrand Lavrenov au violon et Kephren Baiwir au piano. Deux jeunes musiciens surdoués qui avaient été programmés lors des festivals annulés des deux dernières années. Il faut souligner que Bertrand est un habitué des concerts de l’U3A. Tout jeune, il participait déjà avec le quatuor familial (la famille Lavrenov est bénie des dieux car presque tous ses membres sont de formidables musiciens bien connus à Liège et au-delà…) aux premiers concerts organisés dans notre salle. Depuis, il y revient régulièrement, drainant, grâce à son talent, un large public toujours très avide d’écouter les sons couler avec tant de naturel de son violon. Il était donc chez lui dans notre salle.

Merci à Jean Cadet pour les reportages photographiques du Festival Voyages d’été.

Il se produisait en compagnie de Kephren Baiwir, jeune pianiste très éclectique, aussi à l’aise dans le jazz que dans la musique classique et contemporaine. Avec Bertrand, il forme un duo parfaitement homogène et l’on sent la grande complicité dans l’art de la musique de chambre. Leur programme, très classique et romantique, s’inscrit dans la grande tradition des récitals. Une bouleversante Sonate en mi mineur K.304 de Mozart, la plus triste sans doute de ses œuvres pour violon, ouvrait la séance. Émotion recueillie… presque spirituelle ! Puis, au fur et à mesure du récital, les pièces devenaient plus enjouées, plus romantiques comme le toujours très apprécié Salut d’Amour d’Elgar. La virtuosité, à la fois spontanée et spectaculaire culminait avec quelques pièces où la patte de Frits Kreisler chatouille l’oreille et génère un enthousiasme indescriptible. Henryk Wieniawski refermait avec brio et sensibilité ce magnifique récital… plaisirs de la musique, acclamations du public… un succès total !

Le deuxième concert du jour proposait une formule rare et un instrument qui ne s’était encore jamais invité sur notre scène. Nous avions la grande joie de recevoir le Duo Phébus constitué de l’excellente violoniste Hélène Petit et du percussionniste Martin Descamps qui venait nous présenter son… marimba !

 

Première constatation : jouer du marimba est un véritable sacerdoce ! Le transport, en pièces détachées, de cet immense instrument demande, outre les qualités de musicien, celle d’un déménageur d’objets encombrants et de spécialiste des mécanos… monter l’instrument prend près d’une demi-heure… le démonter aussi ! Mais manifestement, Hélène, qui, elle, voyage plus léger, et Martin sont rompus à l’exercice et très efficaces. Miracle, l’instrument tient sur notre petite scène… je suis soulagé !

Un récital singulier aux mille couleurs. D’emblée, Martin explique les origines de son instrument et ses particularités. Il nous dit aussi que peu d’œuvres ont été composées pour l’association d’un violon et d’un marimba. Ce seront donc surtout des arrangements à partir d’œuvres aux destinations originales diverses qui seront au programme. Plusieurs des adaptations sont de la main de Martin. L’improbable de rencontre avec le violon réside sans doute dans le son bref et percuté du marimba, à la fois doux et sonore, et le legato de la corde frottée du violon qui chante littéralement. Hélène a ce chant en elle et donne à ses phrases une lyrisme magnifique teinté d’une solide sonorité et d’un rare sens de la nuance. Mais comme toujours, lorsque les musiciens sont passionnés et ont exploité toutes les subtilités de leur instrument, l’improbable se mue en évidence.

Le Duo Phébus nous entraîne dans un voyage fantastique aux mille miroitements et sonorités rares en exploitant, certes, les possibilités de la musique française de Ravel et de Debussy mais aussi en exprimant l’essence des musiques plus contemporaines comme celles de Takemitsu ou de la superbe Tarantella de Anders Koppel… le tout en passant par une sonate de Bach magnifiquement menée et une belle adaptation de la grande Fantaisie pour violon et harpe de Saint-Saëns. On se prend à rêver que les sonorités d’un marimbas ne sont finalement pas si éloignées de celles de la harpe… serait-ce un mirage ?

Les mélomanes intrigués se pressent, à l’issue du concert pour observer et découvrir, sur les explications de Martin, ce marimba qui marquera, à coup sûr, les annales des Concerts de l’U3A. Bravo à Hélène et Martin pour leur talent et merci pour ces formidables découvertes musicales.