Un jour… Un chef-d’œuvre (152)

Ces pauvres toits, ces champs par la neige envahis
Où peine le moujik nourri de graisses rances,
C’est le séjour natal des longues endurances,
Peuple russe ! c’est ton pays.

Fiodor Tiouttchev (1803-1873), Le Tsar des Cieux.

 

Gavril Kondratenko (1854-1924), Matin d’hiver.

 

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Symphonie n°1 en sol mineur op.13 « Rêves d’Hiver », Op.13 (1866 – révisée en 1874), IV. Finale (Andante lugubre – Allegro maestoso) , interprété par l’Orchestre national de Russie, dirigé par Mikhaïl Pletnev 

Alexandre Pouchkine (1799-1837), La Tempête de neige (Les Récits de Belkine)

« Mais Vladimir ne fut pas plus tôt dans la campagne que le vent commença à souffler, soulevant une telle tourmente de neige qu’il en fut aveuglé. En un instant, le chemin fut recouvert ; les alentours disparurent dans une brume jaunâtre et trouble à travers laquelle tourbillonnaient des flocons de neige blancs ; le ciel se confondit avec la terre. […] Le cheval avançait au hasard, montant sur les tas de neige et tombant dans les trous, renversant le traîneau à chaque instant ».

Nicolas Gogol (1809-1852), La Nuit de la veille de Noël (recueil Les Soirées du hameau près de Dikanka)

« La veille de Noël passa et vint la nuit, claire et froide. Des étoiles apparurent. Le croissant de lune se leva majestueusement dans le ciel pour éclairer les braves gens et le monde entier afin que chacun puisse glorifier le Christ par de joyeuses chansons. Il faisait plus froid que le matin, mais le silence était tel que le crissement du froid sous la botte se faisait entendre à une demi-verste ».

Anton Tchékhov (1860-1904), Vanka

« L’air est calme, limpide et frais. La nuit est noire, mais on distingue tout le village avec ses toits blancs et ses spirales de fumée qui montent des cheminées, les arbres argentés par le givre, les tas de neige. Tout le ciel est semé d’étoiles qui scintillent joyeusement et la Voie lactée se dessine nettement, comme si on l’avait lavée et passée à la neige pour la fête ».

Ivan Tourgueniev (1818-1884), Pères et fils

« C’était l’hiver blanc avec le terrible silence de ses gelées, la neige compacte et crissante, le givre rosé sur les arbres, le ciel couleur émeraude pâle, les dômes de fumée au-dessus des cheminées, les tourbillons d’air chaud sortant des portes entrouvertes, les visages frais comme mordillés des passants et le trot pressé des chevaux transis de froid. Cette journée du mois de janvier touchait à sa fin ; le froid du soir condensait davantage l’air immobile et le crépuscule couleur de sang s’éteignait rapidement ».

Léon Tolstoï (1828-1910), Anna Karénine

« Le vent semblait l’attendre, il siffla gaiement et voulut l’enlever et l’emporter, mais elle s’accrocha d’une main au poteau glacé et, retenant sa robe, descendit sur le quai et passa derrière la voiture. Avec un véritable plaisir elle respirait à pleins poumons l’air froid et, debout près de la voiture, regardait le quai et la station baignée de lumières ».

Alexeï Tolstoï (1883-1945), L’Enfance de Nikita

« De gros tas de neige poudreuse s’élevaient sur les rives abruptes de la rivière Tchagra. Par endroits, ils surplombaient la rivière en formant des promontoires. Il suffisait de marcher sur l’un de ces promontoires pour qu’il s’affaisse, se tasse et pour qu’une montagne de neige dévale la pente dans un nuage de neige poussiéreuse ».

Boris Pasternak (1890-1960), Le Docteur Jivago

« Ce n’est que maintenant, en sortant une deuxième fois, que Lara regarda attentivement autour d’elle. C’était l’hiver. C’était la ville. C’était le soir. Le froid était vif. Les rues étaient recouvertes de glace noire, épaisse comme des tessons de bouteilles de bière. Elle avait du mal à respirer. L’air était obstrué de givre gris. […] Le brouillard laissait émerger les visages gelés des passants, rouges comme du saucisson, et les museaux barbus des chevaux et des chiens, couverts de glaçons ».

Sélection de textes sur l’hiver russe par le site Russia Beyond
https://fr.rbth.com/art/culture/2017/01/03/lhiver-inseparable-compagnon-des-auteurs-russes_674111

Alexeï Kondratjevitch Savrasov (1830-1897), Hiver (1870).