Un jour… Un chef-d’œuvre! (91)

Et c’est parfois dans un regard, dans un sourire,
Que sont cachés les mots qu’on n’a jamais su dire.

Yves Duteil

 

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Autoportrait avec sa fille Julie, 1786 (détail)

« La première représentation du sourire dans l’art apparait vers 2400 av JC. C’est ce qu’affirme la critique d’art Alexia Guggémos. La conservatrice du Musée du sourire cite la statue mésopotamienne Ebih-Il, l’intendant de Mari, aux yeux pétillants de lapis-lazuli conservée au Musée du Louvre comme le premier sourire de l’Histoire de l’art.

L’historien britannique Colin Jones considère que l’autoportrait de la peintre Élisabeth Vigée Le Brun avec sa fille (1786) est le premier vrai sourire représenté de l’art occidental où les dents sont apparentes. Lors de sa présentation, il est jugé scandaleux. En effet, depuis l’Antiquité, les représentations de bouches avec les dents existent mais elles concernent des personnages connotés négativement, comme le peuple ou des sujets ne maîtrisant pas leurs émotions (peur, rage, extase, etc.), par exemple sur les toiles flamandes du 17ème siècle avec des ivrognes ou encore avec des enfants comme sur La Marchande de crevettes de William Hogarth. Rarement, des artistes font d’eux des autoportraits où on les voit sourire avec leurs dents (Rembrandt, Antoine Watteau, Georges de La Tour) mais Colin Jones considère cela comme un hommage à Démocrite, où le rire furieux fait écho à la folie du monde (comme sur la toile d’Antoine Coypel représentant le philosophe antique).

Ebih-Il est un dignitaire du royaume de Mari en Mésopotamie. Il est connu par une statue découverte en 1934 et aujourd’hui conservée au musée du Louvre. Elle est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art statuaire mésopotamien de la période des dynasties archaïques III (2500-2334 av. J.C.).

Il convient également de noter que l’hygiène déficiente de l’époque gâte les dents et les fait souvent perdre avant l’âge de 40 ans : garder la bouche fermée et contrôler son sourire répond donc à une certaine nécessité pratique. Néanmoins, sous la houlette de Pierre Fauchard, la dentisterie progresse au XVIIIe siècle. La toile de Vigée Le Brun choque ainsi car elle transgresse les conventions sociales de son temps, qui demandent une maîtrise de son corps, l’art n’en étant que le reflet.

Par la suite, la démocratisation de la médecine et la possibilité de conserver des dents saines et blanches permet au sourire de s’afficher. C’est dans les années 1920-1930 qu’on commence à dire « Cheese » devant un appareil photo. Il s’est depuis imposé comme une norme sur les publicités, les affiches électorales, les photos de famille ou encore les selfies. Paradoxalement, ne pas sourire apparaît au 21ème siècle comme une distinction, en témoigne la célébrité du visage impassible de la journaliste de mode Anna Wintour ou le développement des moues boudeuses sur les photos personnelles, comme contrecoup à la banalité du sourire sur les clichés. » d’après Wikipédia.

 

Wolfgang Amadeus Mozart, (1756-1791), Sonate pour deux pianos en ré majeur K.488, II. Andante interprété par Murray Perahia et Radu Lupu.

Leonardo da Vinci, Saint Jean Baptiste, 1513-16.

On voit dans la lumière tombant sur saint Jean-Baptiste la métaphore de saint Jean-Baptiste, lui-même, « récepteur et témoin de la lumière divine ». Kenneth Clark, lui, voit dans ce geste le paradigme de la quête de Léonard, « l’éternel point d’interrogation, le mystère de la création » et dans le sourire du Saint, celui du Sphynx. L’androgynie du Saint Jean-Baptiste a été interprétée à la lumière de la philosophie néo-chrétienne : saint Jean-Baptiste est le nouvel Adam, l’homme avant le péché, en qui coexistent natures féminine et masculine. (Wikipédia)

 

The Shadow of your Smile, chanson écrite par Paul Francis Webster et composée par Johnny Mandel pour le film Le Chevalier des sables (The Sandpiper) sorti en 1965.

« L’ombre de ton sourire, quand tu seras parti(e), colorera tous mes rêves et illuminera l’aube. »

Un sourire.

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu’un instant, mais son souvenir est parfois éternel,
Personne n’est assez riche pour s’en passer,
Personne n’est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l’amitié,
Un sourire donne du repos à l’être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s’acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c’est une chose qui n’a de valeur qu’à partir du moment où il se donne.
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu’un qui ne sait plus sourire,
Soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n’a autant besoin d’un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.

Raoul Follereau (1903-1977), Le Livre d’amour (1920)