Qui dit Festival d’été dit aussi soleil et qui pense soleil pense chaleur ! Chaque Festival à l’U3A est ponctué d’un beau temps, parfois caniculaire, qui, manifestement, est devenu typique de nos régions au passage entre juin et juillet. Depuis près de dix ans d’existence, je ne me souviens pas d’un festival accompagné par la pluie ! La chaleur musicale n’était donc pas la seule au rendez-vous de cette quatrième journée de nos Voyages d’été 2022, celle, bien réelle, d’une salle exposée aux rayons du soleil s’invitait également sur notre scène. Pas de quoi démonter nos musiciens du jour pour qui la passion de la musique surpasse, et de loin, les aléas petits ou grands de l’existence. Pas de quoi, non plus, décourager notre public fidèle et toujours très attentif !
Nous débutions la journée à 17H avec une habituée des Concerts de l’U3A, la merveilleuse pianiste Maud Renier. Notre complicité musicale, de longue date, nous a amenés à donner de nombreux concerts commentés sur divers sujets. Nous avions choisi, pour le festival de cet été, de revenir sur une œuvre à la fois célèbre et importante dans le répertoire des pianistes et dans l’Histoire de la musique, la fameuse Sonate n°14 en ut dièse mineur Op.27 n°2… « Clair de Lune » de Ludwig van Beethoven.
Mille mercis à Jean Cadet pour ces merveilleux souvenirs photographiques.
Un moment d’explications historiques, analytiques et philosophiques débutait la séance. Il s’agissait de proposer une écoute active pour mettre en évidence le passage entre le classicisme et le romantisme, pour développer le rôle de cette œuvre célèbre mais parfois méconnue d’un des géants de la musique et pour décrire, avec la complicité de Maud qui illustrait chaque propos par l’exemple musical ad hoc, le parcours philosophique et vital d’une œuvre qui garde encore en elle pas mal de mystères.
À ces 45 minutes de commentaires ponctués de musique, suivait l’interprétation brillante et habitée de Maud Renier. Un moment privilégié où toutes les pièces du puzzle se mettaient en place et permettait aux mélomanes venus très nombreux, de savourer le talent de notre pianiste et de vibrer aux mille émotions mises en musique par Beethoven.
Je dis souvent que les Concerts de l’U3A offrent leur scène à la jeunesse talentueuse… je ne croyais pas si bien dire et trouver artiste si jeune… Au moment du bis que nous avait concocté Maud, sa toute jeune fille de quatre ans, Élise, nous a gratifié d’une chorégraphie de son cru… alors que sa maman jouait la fameuse bagatelle « Für Elise »… un moment émouvant rempli d’une grande tendresse ! C’est aussi cette spontanéité qui renforce la convivialité de nos concerts.
Quelques dizaines de musique plus tard, à 19H, nous recevions un tout jeune ensemble, le Duo Anchor qui allait, une fois de plus nous conduire au cœur d’un voyage inouï mêlant le chant du violoncelle aux suavités du saxophone. Andrea Van Acker avait amené un saxophone soprano et un alto, alternant excellemment le jeu de ces deux instruments pour notre plus grande joie.
Alexandre Bughin, magnifique violoncelliste, présentait le programme qu’ils nous avaient proposé. Un mélange très subtil entre des œuvres classiques et des compositeurs contemporains de chez nous comme, par exemple, les Sentiers de janvier, une œuvre magnifique et d’une rare poésie composée par Nicolas Paternotte, une première belge. Outre des pièces du jeune Beethoven, l’évocation de la forêt de Dvorak et du rare Glière, Andrea et Alexandre montraient également toute leur sensibilité dans des œuvres de Bonesso et le très enlevé Disco Toccata de Guillaume Connesson. Un régal !
Le Duo Anchor montre beaucoup de subtilité dans la recherche des timbres qui fusionnent merveilleusement et se distancient quelques fois. Si les saxophones sont souvent porteurs de la mélodie, instrument monodique oblige, le violoncelle ne se cantonne jamais au rôle d’un accompagnateur. Les riches dialogues entre les deux protagonistes offrent un bel équilibre porté par leur complicité et un sens aigu de la musique de chambre.
Le public ne s’y trompe pas et, plein d’étoiles dans les yeux et les oreilles, applaudit très chaleureusement nos deux musiciens, heureux de s’être produits dans notre Festival. Quant à moi, outre les plaisirs musicaux qu’ils nous ont offerts, je me sens enthousiaste et fier de leur avoir fait confiance ! Bravo !