Semaine Mahler (4)

Alma Mahler passait au tournant du siècle pour l’une des plus belles femmes de Vienne. Ses contemporains se plaisaient à la décrire comme une « femme fatale », exerçant sur les hommes une fascination érotique mais cruelle, et les entraînant à leur perte. Rares étaient ceux capables de se soustraire à la fascination générale exercée, vers la fin du XIXe siècle, par la figure symbolique de la « femme fatale ».


ALMAMAHLER


Fille d’un peintre paysagiste célèbre, Emil Jacob Schindler (1845-1892), installé près de Vienne, elle est élevée dans un milieu où se rencontrent les membres de l’élite et de l’Avant-Garde artistique, particulièrement le mouvement Sezession (Sécession), avec des plasticiens et architecte tels Otto Wagner, Josef Hoffmann, Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich ou Gustav Klimt qui éditent une revue «Ver Sacrum». Des écrivains et des musiciens fréquentent aussi la maison tels Arthur Schnitzler, Alban Berg, Hugo van Hofmannsthal. Après le décès de son père, sa mère se remarie avec  Carl Moll, peintre et élève de Schindler.

Dès l’âge de 10 ans, elle suit des cours de composition et de piano avec le pianiste et organiste aveugle Joseph Labor (1842-1924), puis avec Alexander Zemlinsky (1871-1952). Elle compose par prédilection des Lieder. Elle est une excellente pianiste.

En 1901, lors d’une soirée chez Bertha Zuckerkandl (épouse d’un anatomiste de renom et belle-sœur de Georges Clemenceau ) elle fait la connaissance de Gustav Mahler arrivé à Vienne depuis peu.

« Dès le premier instant, Mahler m’observa attentivement, non seulement à cause de mon visage que l’on aurait pu trouver «beau» cette époque-là, mais aussi à cause de mon air piquant. A travers ses lunettes; il m’étudiai longuement et minutieusement. Le dernier invité arrivé, nous passâmes à table. J’étais assise entre Klimt et Burckhard et nous formions un trio très gai, riant beaucoup. De l’autre côté de la table, Mahler observait et écoutait, discrètement tout d’abord et ensuite ouvertement. A la fin il dit tout haut avec envie : «Ne pourrions-nous pas aussi profiter des plaisanteries ?» Son infortunée voisine de table fut totalement ignorée ce soir-là ! »

Le mariage a lieu dans l’intimité le 9 mars 1902. Gustav Malher lui demande de cesser de composer. Ils ont deux filles. Maria, née en 1902 meurt à l’âge 5 ans des suites d’une scarlatine compliquée d’une diphtérie.


 Mahler et sa fille Maria en 1905

Mahler et sa fille Maria en 1905


Anna (1904-1988), élève de Giorgio Chirico à Rome deviendra sculpteur. Dans les années 1910 elle a une liaison avec l’architecte Walter Gropius (1883-1869), l’inventeur du Bauhaus, qui pousse Gustav Malher à consulter Freud alors en vacances en Hollande à Leiden. Elle reprend la composition et Mahler corrige ses oeuvres. Ce dernier décède à Vienne le 18 mai 1911.


Alma Mahler avec Anna Mahler

Alma et Anna Mahler


Elle a une liaison avec le peintre et dramaturge Oskar Kokoschka (1886-1980) puis se marie avec Walter Gropius le 18 août 1915. Ils ont une fille, Manon qui décède en 1934 des suites de la poliomyélite paralysie de la colonne vertébrale). Alban Berg, proche de la famille lui dédiera son œuvre pour violon, le Concerto à la mémoire d’un ange.

Elle quitte Gropius pour l’écrivain Franz Werfel. Leur fils Martin, né prématurément meurt en bas-âge en le 15 mai 1919. Elle se marie avec Werfel le 6 juillet 1929. Ils fuient le nazisme et se fixent après plusieurs destinations aux États-Unis. Werfel meurt le 26 août 1945 à Beverly Hills. En 1952, elle s’installe à New York où elle est jusqu’à sa mort en 1964 une figure importante de la vie artistique.


Alma Mahler avec Bruno Walter et Eugène Ormandy

 Alma avec Bruno Walter et Eugène Ormandy


 

Outre le célèbre best-seller de Françoise Giroud, « Alma Mahler ou l’art d’être aimée » (1988), l’histoire de sa vie a été adaptée au cinéma dans le film de Bruce Beresford, « Alma la fiancée du vent » (2001) reprenant le titre de la célèbre peinture de Kokoschka.


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Kokoschka, La fiancée du vent


A suivre…