Maestro Sinopoli

 

 

Après, et sans doute en partie grâce, aux blogs de Pierre-Jean Tribot (http://tritrileblog.blog.com/2010/06/23/sinopoli-dirige-mahler/) et de Jean-Pierre Rousseau (http://rousseaumusique.blog.com/2010/07/28/mahler-et-sinopoli/) qui en avaient parlé dès le début de l’été, c’est mon tour maintenant de vous faire part de l’agréable surprise provoqué par ce coffret de 12 cd’s consacré à Gustav Mahler dirigé par Sinopoli.

 

 

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À vrai dire, moi aussi, j’étais passé à côté de ces enregistrements lors de leurs parutions et les articles de nos deux auteurs m’avaient donné l’envie de me procurer ce coffret. C’est chose faite! À la faveur d’une excursion à Düsseldorf, j’ai pu dénicher ce coffret, seulement disponible en Allemagne (pour l’instant, du moins), pour une bouchée de pain. Un trésor qu’il va falloir du temps à écouter en détail et dont je vous reparlerai très certainement puisque les deux années Mahler que nous vivons en 2010 et 2011 seront l’occasion de reparler du maître. Sinopoli serait-il l’un des incontournables méconnus? Je ne le sais pas encore. Si j’en crois mes amis blogueurs, il mérite autant le respect que les grandes versions de la discographie et je m’en réjouis.


En attendant, voici quelques mots sur le personnage que, finalement, peu de mélomanes connaissent bien. Souvent démoli par la critique française, Sinopoli a pourtant fait une carrière brillante tant dans la fosse de l’opéra que sur l’estrade des plus grandes phalanges. Il a contribué grandement à la discographie en enregistrant pendant plus de quinze ans pour la prestigieuse marque à l’étiquette jaune, excusez du peu, DGG. Nous comprendrons vite que la diversité de ses connaissances et son extraordinaire culture devraient faire de lui un interprète bien intéressant.


Né à Venise en 1946, Giuseppe Sinopoli a commencé à pratiquer la musique à l’âge de douze ans. À côté de ses études de musique (à Messine, puis à Venise), il fait des études de médecine, de psychiatrie et d’anthropologie à l’université de Padoue. Il étudie la composition à Darmstadt auprès de György Ligeti et Karlheinz Stockhausen, puis à Sienne auprès de Franco Donatoni et Bruno Maderna. Il étudie aussi la direction d’orchestre à Vienne auprès de Hans Swarowsky, maître également de Claudio Abbado et de Zubin Metha.

En 1972, Giuseppe Sinopoli a été nommé professeur de composition et de musique électronique électronique au Conservatoire de Venise. Ayant commencé des études en direction d’orchestre avec Hans Swarowsky à Vienne, il fut surtout connu, durant les années 1970, comme compositeur et il a reçu des commandes de festivals de musique en France, les Pays-Bas et en Allemagne. Son opéra Lou Salomé a été créée à l’Opéra d’État de Bavière, Munich, en 1981.

 

 

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Menant une carrière de chef d’orchestre aussi riche que controversée, Giuseppe Sinopoli a parcouru le monde recueillant ses plus grands succès dans le domaine de l’opéra ou de la musique de la fin du romantisme. Quelques repères incontournables: Aïda et Tosca à Venise en 1976 et 1977, ses débuts en 1980 au Deutsche Oper de Berlin avec le Macbeth de Verdi, à l’Opéra d’État de Vienne avec Attila de Verdi, ses débuts à l’opéra à Londres en 1983 avec Manon Lescaut de Puccini, ceux de New York (au Metropolitan Opera) en 1985 avec Tosca, en 1994 à La Scala de Milan dans Elektra de Richard Strauss.


Il se produit alors régulièrement au Festival de Bayreuth, et est fréquemment invité au Festival de Salzbourg, Lucerne et au Festival de Schleswig-Holstein, ainsi que dans les grands opéras à New York, Londres, Milan, Vienne et Berlin. En 1990, il devient directeur du Festival de Taormina Arte, en Sicile.

Giuseppe Sinopoli a dirigé régulièrement les prestigieux orchestres de Berlin, de Vienne, de New York, l’Orchestre du Deutsche Oper de Berlin, l’Orchestre dell’Accademia di Santa Cecilia de Rome, le Philharmonia de Londres (dont il est nommé chef principal en 1984) et la Staatskapelle de Dresde. De 1983-1987, il fut chef principal de l’Orchestre dell’Accademia di Santa Cecilia entre 1987 et 1994. Il a assumé également le poste de chef principal de la Staatskapelle de Dresde en 1992.

En 1994, Giuseppe Sinopoli a reçu la plus haute distinction de l’Italie, le Gran Croce al Merito, pour sa contribution aux arts et à la musique.

Comme ses aînés Felix Mottl, Joseph Keilberth, Franz Konwitschny ou Dimitri Mitropoulos , il meurt en dirigeant : terrassé brutalement par une crise cardiaque, pendant le troisième acte d’Aïda à la Deutsche Oper de Berlin. Ironie du sort : dans le programme figurait un texte signé par le chef en hommage au metteur en scène allemand Götz Friedrich, décédé l’année précédente, paraphrasant l’ Œdipe de Sophocle, cette phrase aux allures funestes : « Que le destin vous soit favorable et que vous vous souveniez toujours de moi avec joie, quand je serai mort. »

 

 

 


À l’annonce de sa mort prématurée, depuis Bayreuth, Wolfgang Wagner a regretté dans un communiqué la perte d’un « des chefs d’orchestre contemporains les plus importants ».

Pour lui rendre le dernier hommage, des obsèques nationales ont été organisées en présence du Président de la République d’Italie Carlo Azeglio Ciampi, du Premier ministre, ainsi que des plus hautes autorités politiques et culturelles.

 

4 commentaires sur “Maestro Sinopoli

  1. Personnellement, j’ai acheté l’intégrale de Bernstein.A moins de 40€, on peut difficilement être volé !
    Par contre, aujourd’hui, je me suis fait conseillé (dans un magasin bien connu de la place St Lambert 🙂 ) la 4ème par Ivan Fischer : un régal. Un grand merci pour ce conseil.

  2. La 1ère n’est pas la plus grande réussite de cette intégrale. La 2e non plus par ailleurs. Les moments forts sont plutôt dans les symphonies impaires et la 6e (quoique lente). Sommet à mon avis: la 9e….mais que ceux qui trouvent Bernstein « too much » passent ler chemin….
    Votre remarque sur les cuivres vient peut-être de ..l’orchestre. Le Philhramonia est un excellent orchestre ..mais on devient difficile quand on entend Berlin (Haitink) ou le Concertgebouw (Haitink, Bernstein et Chailly) entre autres.

  3. Oui, c’est tout à fait vrai, ce coffret existait sous une autre forme, moins bon marché que maintenant. Cependant, j’étais passé à côté de ce coffret qui avait reçu une critique très mitigée. Puisque j’avais déjà énormément de versions des symphonies de Mahler, je ne l’avais pas pris … à tort, sans doute.
    Vous avez raison, mes premières impressions sont celles d’une grande indépendance stylistique par rapport aux versions dites de « références ». Peut-être, comme le laisse sous-entendre Pierre-Jean, en évitant le piège du trop viennois souvent exagéré chez bon nombre de chefs (tempo et accentuation très étrange des scherzi, par exemple). Une autre forme d’ironie, sans doute aussi, moins évidente, « moins grasse », plus au second degré …? J’ai été très surpris par les tempi de la première symphonie, assez lente, il est vrai, et par le soin apporté à mettre en évidence chaque contrepoint, chaque instrument mélodique (le basson, surtout, qu’on entend pas toujours aussi bien). Par contre, je suis un peu déçu par les trombones et tubas qui manquent de poids dans le final, effacés par les cors et trompettes éclatantes … a suivre

  4. Il y a quelques années, j’avais acheté ce coffret sous une autre présentation….à la FNAC de Liège ;-). Très belle intégrale, très personnelle en ces temps où on déplore (à tort à mon avis) le manque de personnalité des chefs

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