Mon angoisse est toujours importante quand approche le début du Festival « Voyages d’été ». Tant de travail d’organisation, tant d’heures passées à préparer, des centaines de mails et de communications Messenger, des affiches, des programmes, une tombola,… tout est prêt ! Et pourtant, nul n’est à l’abri… une météo caniculaire, une coupe de monde de football, une fin d’année académique chargée pour tout le monde… et si justement ce monde tant attendu ne venait pas… Ouf ! Il est bien là ! Comme d’habitude, très mélomane, amateur d’art, convivial et souriant ! La bonne humeur tant attendue est au rendez-vous… allez, c’est parti pour onze manifestations, onze voyages d’été que vont nous proposer pas moins de 25 musiciens avec 30 compositeurs. Il y en aura pour tous les goûts, toutes les sensibilités et la découverte sera aussi de la partie.
La première réussite du Festival, c’est celle de l’exceptionnelle exposition que nous proposent les élèves de Jacques Grégoire ! Superbe, pleine de couleurs d’une formidable beauté et d’une remarquable homogénéité. Le professeur déclare que la seule recette de l’art, c’est le travail et que, même si chaque individu est plus ou moins doté d’un sens artistique, c’est bien le travail, l’application et la curiosité qui font l’artiste. Je partage évidemment cet avis et suis en effet convaincu que le travail, multiple, sur les matières extérieurs, ne peut se réaliser qu’avec un formidable travail sur soi-même. C’est mon credo depuis toujours et je le partage avec Jacques… que je connais admire et respecte depuis… si longtemps !
Le vernissage de l’exposition s’agrémentait d’un petit récital de basson solo ! Formule originale à plus d’un titre et pas seulement à cause de cet instrument trop rarement mis en évidence.
L’excellente Laurence Criquillion nous avait concocté une petit voyage à travers les traits d’orchestre confiés au basson. Sous la forme de petites devinettes, elle donnait quelques indications permettant aux participants de deviner l’œuvre d’où était extrait le trait en question. Noces de Figaro, Carmen, Shéhérazade, Apprenti sorcier et le célèbre Une furtiva lagrima de l’Elisir d’Amore étaient au programme.
Ensuite, elle nous a montré à quel point le basson pouvait être autonome en interprétant brillamment deux extraits de la troisième Suite pour violoncelle seul de J.S. Bach ! On comprend alors à quel point l’instrument est physique et demande une énergie incroyable. Les auditeurs, ébahis et émerveillés, se sont ensuite pressés pour rencontrer notre jeune et talentueuse bassoniste en savourant toasts et verres de l’amitié ainsi qu’en déambulant joyeusement dans l’exposition. Un départ festif idéal augurant de merveilleux voyages !
Il ne fallait d’ailleurs pas attendre très longtemps pour que le premier grand concert débute. Pour marquer d’une pierre blanche la première soirée, j’avais demandé à la soprano Marie-Luce Dias et à la pianiste Isabelle Landenne de nous présenter leur programme… voyage… Odyssée amoureuse ! Tout un programme centré autour de l’amour décliné de mille manières par les grands compositeurs.
C.W. Gluck, R. Hahn, Cl. Debussy, R. Schumann, R. Strauss, G. Fauré, F. Poulenc, R. Wagner, E. Satie et E. Granados illustraient, chacun à sa manière, les facettes de l’amour, du désir, du fantasme ou encore de… la mort ! Eros et Thanatos si souvent associés depuis S. Freud trouvaient sur notre scène leur expression la plus convaincante d’autant qu’Isabelle Landenne, pianiste et musicologue, avait préparé une projection de portraits, de peintures et d’images documentaires pour nous faire sentir à quel point les recoins de l’amour sont le fondement même de l’âme humaine.
Nos deux musiciennes, avec un talent exceptionnel et une finesse musicale à toute épreuve, sont parvenues à nous faire voyager en leur compagnie dans un périple d’une heure quart alternant les pièces vocales et les solos de piano. Impossible de détailler ici l’art et la finesse adaptée à chaque pièce ! Toutes relèvent d’une esthétique différente et convoquent des styles musicaux et interprétatifs variés qui exigent non seulement une capacité d’adaptation immédiate des interprètes, mais surtout une maîtrise des techniques et émotions propres à chaque pièce ! Formidable beauté et remarquables interprétations!
Le public ravi et chaleureux acclame nos héroïnes du soir… rendez-vous à la cafétéria pour une troisième mi-temps conviviale où chacun peut librement bavarder avec les artistes autour d’une boisson bien rafraîchissante… c’est cela, le Festival d’été… et ça commence très bien !