L’ultime Sonate pour piano de Franz Schubert figure parmi les monuments musicaux les plus bouleversants de l’Histoire de la Musique. Datées du 26 septembre 1828, le compositeur allait disparaître moins de deux mois plus tard à l’âge de 31 ans, les trois dernières sonates semblent conçues comme un triptyque. Il faut rappeler qu’un certain Ludwig van Beethoven (1770-1827) était mort l’année précédente et que Schubert, grand admirateur du maître, avait figuré parmi les porteurs de flambeaux lors de ses funérailles. Il est bien possible que, pour les 20 mois qui lui restaient à vivre, il se soit senti investi de la mission de continuateur malgré de grandes divergences de style et de perspective. Accablé par la syphilis depuis 1823 et conscient du sombre destin qui l’attend, il meurt cependant, plus rapidement que prévu, des suites d’un typhus abdominal.
Ses dernières œuvres, dont le sublime Voyage d’Hiver, le second Trio avec piano, les Impromptus et Klavierstücke, le merveilleux Quintette avec deux violoncelles, les six terribles mélodies du Chant du Cygne, le fameux Pâtre sur le Rocher, composé sur son lit de mort dans la maison de son frère Ferdinand et les trois dernières sonates pour piano, figurent aujourd’hui au panthéon des chefs-d’œuvre les plus aboutis de la musique romantique.
« En septembre 1828, Schubert compose donc ses trois dernières sonates pour piano : en 1. ut mineur (D. 958), 2. la majeur (D. 959) et 3. si bémol majeur (D. 960). C’est lui-même qui note ces numéros et l’ordre des œuvres ; il est donc évident qu’il les considère comme un tout.
« J’ai composé entre autres trois sonates pour pianoforte seul, que je voudrais dédier à Hummel […]. J’ai joué ces sonates en différents endroits avec beaucoup de succès. »
— Schubert à son éditeur Probst, le 2 octobre 1828
Schubert avait fait la connaissance de Johann Nepomuk Hummel (1778-1837) , pianiste et ami de Beethoven, à l’occasion de la dernière maladie de celui-ci. Le manuscrit de la dernière sonate porte à la fin l’indication « Vienne, le 26 septembre 1828 » ; cette date doit donc être considérée comme celle de l’achèvement de la trilogie. C’est bien ensemble qu’elles seront publiées en 1838, par Anton Diabelli, sans numéro d’opus mais avec le titre : « Toutes dernières compositions de Franz Schubert – Trois Grandes Sonates ». Hummel étant déjà mort en 1837, l’éditeur offre la dédicace du volume à Robert Schumann qui avait fait l’éloge de bien des œuvres de Schubert dans ses critiques.» (d’après Wikipédia)
Portrait de Franz Schubert en 1827 (attribué à Anton Depauly)
C’est cette dernière Sonate, en si bémol majeur D.960, que le jeune pianiste Jean Hu, un habitué de notre scène à l’U3A de Liège a décidé de présenter ce mercredi 13 février prochain à 18H dans notre salle 11. Un défi de taille ! L’œuvre est vaste, complexe, techniquement ardue et émotionnellement très forte. Pour ma part, je tâcherai de mettre en lumière les éléments historiques, formels et sémantiques de cette œuvre emblématique en la commentant, avec la complicité de notre pianiste. La forme du concert commenté est souvent prisée par nos mélomanes et musiciens dans la perspective d’une écoute active. Ce sera, pour moi, une véritable joie de collaborer une fois encore avec Jean Hu.
Ces quelques mots sur notre artiste du jour devraient finir de vous convaincre à nous rejoindre mercredi :
« Issu d’une famille scientifique, le jeune pianiste Jean HU s’est initié à la musique par la pratique du chant choral et a très vite demandé à approfondir ses connaissances, suivant alors un parcours académique auprès d’Hélénitza Homatas dès l’âge de 8 ans. Au terme de cette formation, il délaisse ses origines scientifiques, nage à contre-courant et plonge dans le monde musical du Conservatoire Royal de Liège où il se forme auprès de Jean Schils, Marie-Paule Cornia, François Thiry, Vincent Royer et Nadia Jradia.
Il obtient une bourse des Fonds Gustave Wernaers avec laquelle il va se perfectionner lors de masterclass à l’étranger, notamment à l’Académie Internationale d’Eté de Nice, auprès de Françoise Chaffiaud, et plus récemment avec Daniel Pollack. Amateur de grands défis, demi-finaliste du Concours de piano de Liège, il s’est récemment distingué d’une 1ère médaille au Concours International de Brest en 4 mains, d’un 1er Prix au Concours Musical International de France avec Zhuojun Chen et d’un 3e Prix au Concours Triomphe de l’Art avec Benoît Zandona.
Au-delà de l’artiste de scène, il nourrit une passion pour la transmission des savoirs et collabore souvent en ce sens avec le musicologue Jean-Marc Onkelinx pour créer des concerts-conférences uniques et captivantes. S’il a brassé le romantisme de Chopin et Schumann, c’est toujours vers Schubert que ses pas l’emmènent. Il porte le même feu musical dans l’enseignement, menant une pédagogie décloisonnée mêlant musique, théâtre et chant, en partenariat avec Natacha Kowalski à l’Académie de Beyne-Heusay. Depuis septembre 2018, il pourvoit également ces passions à l’Académie Grétry. Il est également accompagnateur pour l’ensemble « L’Elan Vocal » de Nandrin sous la direction de Roland Foliez et mène sa propre aventure vocale avec le groupe « Grâce au Chant ». L’expérience de la musique pour choeur l’amène à travailler pour la première fois avec le Choeur de Chambre de Liège autour des Liebeslieder Walzer de Brahms.
Petit amateur des grandes lettres, il nourrit le rêve de transcrire l’insaisissable de la musique dans l’orfèvrerie des mots. »
Je crois que la soirée vaudra le déplacement et que ce concert commenté ne laissera personne indifférent, tant, en évoquant son monde, son destin et ses idées, Franz Schubert parle de nous-mêmes avec une force absolument bouleversante. Je n’en dis pas plus pour l’instant et vous donne rendez-vous pour une soirée inoubliable ce mercredi 13/02 à 18H dans la Salle 11 de l’U3A de Liège (27, Avenue J. Prévers 27 à 4020 Jupille). Ces concerts conviviaux faisant la part belle aux jeunes talents de chez nous sont ouverts à toutes et tous, membres de l’U3A ou pas. Je vous y attends très nombreux !