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Il n’est pas dans mes habitudes de vanter ou de critiquer, à tort et à travers, les actions de mes patrons. Je ne l’ai jamais fait et cela me permet de garder cette forme de liberté face à mon propos et à mes idées. 

Il y a pourtant des gestes qui interpellent et qu’il me faut signaler, en toute objectivité, j’espère. Vous avez probablement tous et toutes entendu parler du film de Yann Arthus-Bertrand diffusé à grand renfort de publicité et sorti simultanément en salle, en DVD, en télévision et sur YouTube. Et bien ce film a été financé par François-Henri Pinault, l’une des plus grosses fortunes de France, propriétaire d’un empire commercial extraordinaire dont la Fnac est une filiale importante. C’est donc bien de mon patron qu’il s’agit (même si je ne l’ai jamais rencontré) !


 

Yann Arthus-Bertrand
 Yann Arthus-Bertrand


 

Le film est magnifique. Les images sont splendides et montrent à la fois toutes les merveilles de notre planète (des paysages à vous couper le souffle) et surtout, tous les dangers qui la guettent. Le but est de sensibiliser les spectateurs aux dégâts particulièrement graves que la race humaine a fait subir à la nature ces cinquante dernières années et à faire réfléchir aux conséquences terribles pour l’avenir d’un manque de réaction ou d’actions trop faibles. On ressort de ce film avec une motivation nouvelle mêlée d’un terrible sentiment d’impuissance. Quand on évoque les fontes des glaces, la pollution incroyable et que les conséquences nous effleurent, on imagine ce que peut être notre avenir, fait de guerres pour l’eau potable, de migrations incontrôlables, de catastrophes géologiques et climatiques inédites, bref un scénario catastrophe qui fait froid dans le dos.


 

pollution
 


Mais outre ces mises en garde déjà présentées par les scientifiques depuis bien longtemps, on ne voit pas vraiment de pistes efficaces pour renverser la vapeur. Si les pays semblent effectivement prendre conscience de l’urgence, les moyens mis en œuvre se heurtent à des impératifs économiques aveugles. On dit qu’il faut faire quelque chose, mais qui fait quoi ? On parle de développement durable et de changement de mentalité, mais est-ce que tout un chacun est prêt à remettre en question son mode de vie. Il ne suffit pas de placer des éoliennes un peu partout ou des panneaux solaires, encore très chers, pour se donner bonne conscience (même si c’est déjà mieux que rien !). Il faut que cette mentalité atteigne aussi les grandes entreprises, non seulement ceux qui polluent le plus et qui achètent (c’est un comble, tout se vend !) des droits d’émettre des gaz à effet de serre, mais aussi ceux qui peuvent permettre aux plus pauvres d’avoir accès à l’essentiel. 


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Alors, ce beau film, qui est financé par le groupe PPR (Pinault-Printemps-La Redoute) à raison de 10 millions d’euros, n’empêche pourtant pas les entreprises de consommer de l’électricité de manière déraisonnable, de ne pas trier les déchets, d’utiliser des machines polluantes et donc de contribuer à ce que dénonce Yann Arthus-Bertrand. C’est un paradoxe, de la démagogie ou une hypocrisie. Les mauvaises langues diront même que si Pinault a financé ce film, c’est grâce aux économies qu’il a pu faire en diminuant la masse salariale des Fnac françaises et de ses filiales diverses… Tout cela laisse songeur. Sans être aussi radical, je suis toujours surpris de voir comme il est facile de s’ériger en grand défenseur de la nature ou des peuples défavorisés (Bill Gates, …) quand on est si éloigné de la réalité du monde.


Home de Y. Arthus-Bertrand (Bande annonce) 


On est, par ailleurs, en droit de se demander, et PPR n’y est pour rien, cette fois, pourquoi les américains entament une nouvelle conquête de la lune. Les scientifiques auraient-ils compris que
le processus de destruction de notre planète était désormais irréversible et qu’il leur reste bien peu de temps pour sauver ce qui peut l’être de l’humanité ? La future station lunaire serait-elle une arche de Noé moderne qui préserverait ce qu’il faut sauver de la terre en attendant un nouveau départ de l’homme sur une autre planète (ce qui comme chacun sait, n’est pas pour demain) ? Et sur quels critères sauver ou abandonner des pans entiers de notre terre ? Qui décidera ? Je déraisonne ! Mais comment ne pas s’interroger quand les théories les plus optimistes laissent tout au plus un demi-siècle avant le dérèglement général (qui a déjà commencé d’ailleurs) ? Et on ne voit pas beaucoup de progrès d’envergure pour sauver la situation. Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?


 

Lune
 


 

Mais trêve de critiques ! Il faut absolument voir ce film car ce qu’il nous dit et nous montre est essentiel. Il se veut accessible à tous tant dans son propos que dans son accès (prix modique). Comment ne pas souffrir en pensant aux dégâts et aux blessures que nous infligeons, souvent malgré nous, à la nature. Cela changera-t-il les mentalités ? Je ne le crois pas, mais au moins, il y aura des gens, passionnés, qui auront tenté de nous avertir. Belle consolation ! En ce qui me concerne, je suis convaincu qu’il faut agir et je suis prêt, dans la mesure de mes modestes moyens, à faire quelque chose pour sauver la terre. Je n’ai pas attendu Home pour agir !


 

Terre vue du ciel