2 concerts et puis s’en vont ! Festival J+5

Les festivals « Voyages d’été » des années passées l’ont montré : il règne toujours une ambiance étrange, entre ferveur, bonheur et nostalgie, lors du dernier jour. L’édition 2018 n’a pas dérogé à la règle ! Il y avait une atmosphère remplie d’émotion dans la Salle 11 de l’U3A hier après-midi. Il faut dire que le programme était alléchant. D’abord, un récital de Thibault Lavrenov au violoncelle et de Xavier Locus au piano, puis, cerise sur le gâteau du festival, Dominique Swinnen et Jean Schils, couple à la scène comme à la ville avec, en apothéose, la création mondiale de La Pluie des Songes pour piano à quatre mains de Marcel Cominotto.

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Photographies d’Armand Mafit

Thibault Lavrenov et Xavier Locus avaient opté pour un grand récital où deux œuvres majeures du répertoire russe étaient au programme. La Sonate pour violoncelle en sol mineur op. 19 de Serge Rachmaninov est un monument, dans tous les sens du terme. Immense structure en quatre mouvement, l’œuvre est contemporaine du Deuxième Concerto pour piano et possède un état d’esprit cheminant du tragique au retour à la vie. Composée après la fameuse dépression du musicien soigné par le fameux psychothérapeute russe Nicolas Dahl, par ailleurs excellent violoncelliste, elle figure au rang des œuvres de musique de chambre les plus prisées du Maître.

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Il n’y a aucune faille dans le jeu extrêmement subtil et varié de Thibault. Il a tout pour lui. Une aisance déconcertante, une concentration à toute épreuve, un talent et un sens du chant infaillible,… d’autant que Rachmaninov exige un sens aigu de la phrase et de la conduite harmonique. Avec une finesse inouïe, Thibault structure son propos en déclinant de formidables plans sonores. On n’est pas premier violoncelle à l’Orchestre philharmonique de Liège pour rien ! Xavier Locus, lui, est un pianiste solide et sensible. Il transforme une partition extrêmement ardue (on connaît la redoutable difficulté des œuvres de Rachmaninov) en un poème symphonique… miraculeux qui semble répondre directement à la définition que donnait Rachmaninov de la musique :

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« Qu’est-ce que la Musique ? Comment la définir ? La Musique est une calme nuit au clair de lune, un bruissement de feuillages en été. La Musique est un lointain carillon au crépuscule ! La musique vient droit du cœur et ne parle qu’au cœur ; elle est Amour ! La sœur de la Musique est la Poésie et sa mère est le Chagrin » (1932). Tout est dit et j’ai longuement repensé à cette phrase en écoutant nos musiciens, un duo d’une rare homogénéité.

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La Sonate en do majeur op. 119 de Serge Prokofiev fut composée en 1949. Comme beaucoup de ses collègues soviétiques, le compositeur fut accusé de formalisme et beaucoup de ses œuvres furent mises à l’index suite aux décrets du sinistre Jdanov, ministre de la culture de Staline. Prokofiev, comme Chostakovitch, continuèrent à composer dans cette terrible adversité sans savoir si leurs œuvres seraient jouées un jour. Prokofiev, ami et admirateur de Mstislav Rostropovitch écrivit cette sonate et la lui dédia. Elle fut créée par le dédicataire avec l’extraordinaire Sviatoslav Richter au piano… excusez du peu !

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En trois mouvements, elle explore toutes les émotions possibles et pousse les musiciens à une virtuosité hors normes. Thibault et Xavier triomphent haut la main de cette partition. Le public n’en revient pas ! Un programme si exigeant… décidément, ces deux-là sont de formidables musiciens !

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Une pause bien nécessaire pour se remettre de cette intensité russe et se désaltérer dans cette chaleur estivale rassemblait, pour encore en parler, mélomanes et musiciens… le temps aussi pour Dominique Swinnen et Jean Schils pour prendre possession des lieux et tenter de donner à notre piano des sonorités d’un grand orchestre. Vanter le jeu de Dominique et Jean est vain il s’impose d’emblée comme une évidence et est bien connu de tous.

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Le programme, très original, explorait des œuvres orchestrales réduites (le mot est très mauvais, mais c’est celui qu’on utilise…) pour piano à quatre mains (Mendelssohn, Tchaïkovski et Dvorak) ainsi que Mirage de Jean-Michel Damase. Suivaient deux pièces pour piano seul, le célèbre Liebesträume n°3 de Franz Liszt pour Jean Schils et la Rêverie de Claude Debussy pour Dominique Swinnen. Le récital s’articulait autour de deux pièces pour quatre mains (dont une création) écrites pour notre duo par le fabuleux compositeur liégeois Marcel Cominotto qui nous faisait l’honneur de sa présence.

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Les deux œuvres de Marcel sont d’une très grande difficulté. À l’U3A, c’était la seconde fois que Dominique et Jean jouaient À l’aube du crépuscule qu’ils avaient créé au festival « Voyages d’été 2016 ». L’honneur pour notre modeste festival était donc double lorsque, de concert, compositeur et musiciens avaient décidé de créer chez nous aussi une nouvelle partition, La pluie des songes. J’attendais avec une impatience d’enfant, je suis un grand admirateur du style de Marcel Cominotto, ce moment toujours si émouvant de la naissance publique d’une œuvre, une belle manière de clore nos Voyages.

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Car les œuvres de Marcel Cominotto sont de grands voyages très poétiques dont les titres suggèrent l’esprit et déclenche l’imaginaire. Avec un langage profondément moderne, l’art de notre musicien s’ancre profondément dans un passé dont il ne fait pas table rase. Il en ressort des pièces dont on perçoit la perfection des formes, la maîtrise des langages les plus divers unis en un seul canal profondément homogène et parfaitement senti et authentiquement personnel. L’œuvre est certes ardue à interpréter, mais elle est absolument fantastique !

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Et en toute modestie, mais avec une grande émotion teintée d’un peu de fierté, je signale que cette pluie des songes, m’est dédiée… Elle est un formidable geste d’amitié qui me touche beaucoup d’autant que j’admire l’art de Marcel depuis très longtemps… bien avant que je le connaisse personnellement. Je n’ai rien d’autre que : Merci !!!

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Le temps d’un tango d’Astor Piazzolla en guise de bis et voilà que déjà l’édition 2018 de Voyages d’été s’achève sous les bravos de nos mélomanes reconnaissants et heureux. Mais tout n’est pas encore terminé. Il reste la Coda finale, le tirage de la tombola du Festival ⃰ et le verre de l’amitié. Deux mains innocentes, celles de Bambou et de Pablo vont récompenser les festivaliers.

Mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Un autre grand moment d’émotion m’attend… quand l’équipe formidable du festival sans qui je ne pourrais rien organiser m’offre un grand bouquet de fleurs en guise d’amitié, puis quand Jacques Grégoire me fait ce merveilleux témoignage d’amitié en m’offrant l’une de ses plus belles aquarelles. Difficile de rester impassible, je suis profondément ému. Comment vous faire part de ma gratitude ? Que dire encore si ce n’est inviter les mélomanes et musiciens à prendre le verre de l’amitié ! Quel bonheur ! Le Festival « Voyages d’été 2018 » s’achève… qu’à cela ne tienne, vive le Festival « Voyages d’été 2019 » et surtout : Vivent l’Art et la Musique!

⃰  Ci-dessous, le numéro des billets gagnants non retirés lors du tirage.  Page Facebook du Festival.

Rendez-vous lors de la Journée Portes ouvertes de l’U3A le mardi 4 septembre pour retirer votre lot.

639: Deux places pour l’OPRL
705: Deux places pour l’ORW
641: Double CD Offert par Visé Musique
912: CD Offert par Visé Musique
623: CD Offert par Visé Musique
640:CD Offert par Visé Musique

Bravo aux gagnants!

 

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