La puissance de la Musique, d’un pavillon à l’autre, peut soulever des montagnes… de joie(s)… Profitons-en…!
Pablo Picasso (1881-1973), La Joie de vivre, 1946.
Johann Nepomuk Hummel (1778-1837), Concerto pour trompette et orchestre en mi bémol majeur, troisième mouvement, Rondo (1803), interprété par Alison Balsom et Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen.
« Lorsqu’au milieu d’un cercle où règne la gaîté s’avance tout à coup, et tel qu’un fantôme l’impitoyable destin: alors tous les grands de la terre s’inclinent devant cet inconnu qui vient d’un autre monde; tout le vain tumulte de la fête s’abat, les masques tombent, les œuvres du mensonge s’évanouissent devant le triomphe de la vérité.
De même quand le poète prélude, chacun jette soudain le fardeau qu’il s’est imposé, l’homme s’élève au rang des esprits et se sent transporté jusqu’aux voûtes du ciel. […] Le malheur n’a plus d’empire sur lui; tant que dure la magique harmonie, son front cesse de porter les rides que la douleur y a creusées.
Et comme après de longs désirs inaccomplis, après une séparation longuement mouillée de larmes, un fils se jette enfin dans le sein de sa mère, en le baignant des pleurs du repentir; ainsi l’harmonie ramène toujours au toit de ses premiers jours, au bonheur pur de l’innocence, le fugitif qu’avaient égaré des illusions étrangères, elle le rend à la nature, qui lui tend les bras pour réchauffer son génie glacé par la contrainte des règles.»
Friedrich von Schiller (1759-1805), La Puissance du chant (extrait) dans l’Almanach des Muses, 1797, traduction de Gérard de Nerval, 1830, publié dans Vincent Vivès, La Musique, Anthologie littéraire et philosophique, Paris, éditions Buchet-Chastel, 2011, p. 143.