« Je serais fort heureux de savoir si j’ai unifié de façon approprié mon harmonie avec la votre. »
Ludwig van Beethoven, Lettre à Goethe restée sans réponse (1823).
Caspar David Friedrich (1774-1840), Voiliers prenant la mer, 1834.
Felix Mendelssohn (1809-1847), Meeresstille und gluckliche Fahrt ( Mer calme et Heureux Voyage), Ouverture op.27, interprétée par le London Symphony Orchestra, dirigé par Claudio Abbado.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)
Ludwig van Beethoven (1770-1827), Meeresstille und gluckliche Fahrt ( Mer calme et Heureux Voyage), Cantate Op. 112, interprétée par les Choeurs et l’Orchestre philharmonique de Vienne, dirigés par Claudio Abbado.
Pas de citation, aujourd’hui, pour ce dernier « Un jour… Un chef-d’oeuvre« , le 85ème, mais un long texte que je vous écris comme une lettre intime! Je ne vous cache pas l’émotion qui me prend en écrivant ces quelques mots. Il faut dire que cette rubrique quotidienne a été, pour moi, un gros investissement et une thérapie contre le marasme et l’angoisse. Mais je voulais aussi, dans cette période difficile, continuer à vous proposer de la musique avec l’esprit que vous me connaissez (pour ceux qui me connaissent), celui de la transversalité, celui de la correspondance des arts et surtout, celui de la dimension humaine qu’occupent toutes nos disciplines issues de la création des hommes.
Et si ces billets ont permis à quelques lecteurs de traverser cette terrible période, remplie d’anxiété, d’incertitudes et de peurs, alors j’en suis très heureux. Rappelons-nous qu’au départ, et jusqu’au 20 mai, tous ces articles étaient aussi destinés à mes chers étudiants du Conservatoire royal de Liège, qui avaient la consigne de rédiger (COVID-19 oblige), à partir de quatre billets, une réflexion « documentée » qui serait la base de leur évaluation de fin d’année… puisqu’il n’a pas été possible de mener à bien ni les cours, ni les activités qui y étaient liées. Et je dois dire qu’ils ont répondu merveilleusement à ces propositions et m’ont pour, beaucoup d’entre-eux, remis des travaux exemplaires… où j’ai pu apprendre beaucoup et où de nouvelles pistes de réflexions ont vu le jour. Elles seront exploitées à l’avenir dans mes cours et conférences. Je les en remercie vivement et pour être franc, je suis fier de leur travail!
Puis, à titre personnel, chaque billet était pensé comme l’amorce d’un cours ou parfois, même d’une conférence! Ils sont donc en devenir et ne sont pas morts-nés. Ils reviendront de mille manière lorsque je pourrai enfin reprendre la route des cours, des séminaires et des conférences… qui me manquent tant! Car ce n’est pas moins de 80 séances, depuis le 13 mars (sans compter les cours réguliers) qui ont été annulées. Il n’est pas dans mes habitudes de pleurer sur mon sort, mais rester derrière mon bureau du matin au soir, je ne vous cache pas que cela me pèse. Vivement, j’espère, une rentrée plus ou moins normale…!
Vous avez été très nombreux à suivre, jour après jour, mes propositions virtuelles, avec beaucoup de passion parfois… quelques uns commentant presque tous les billets, je les en remercie sincèrement, d’autres lisant et ressentant les choses dans le silence de leur confinement. J’ai reçu de votre part des dizaines, peut-être encore bien plus, de messages, de témoignages. Vous aimiez ces billets quotidiens et votre fidélité m’a soutenu, car, comme toute discipline, elle n’est pas facile à tenir tous les jours. C’est grâce à vous que j’ai réussi à publier 85 billets… c’est votre enthousiasme qui m’a porté, je ne vous remercierai jamais assez pour cela. Ce fut une véritable aventure qui m’a obligé à lire, étudier, choisir, écouter, lire des partitions, choisir des interprétations,… Mais la récompense se trouvait dans vos témoignages et… dans les statistiques! Certains jours, vous avez été plus de 1500 à lire le billet. C’est certes modeste par rapport aux grands buzz de la toile, mais à mon petit niveau, c’est une véritable joie!
Je n’arrête pas la série par manque d’inspiration, cela pourrait continuer longtemps encore. J’observe cependant d’une part que le nombre de lecteur diminue avec l’approche des vacances, comme chaque année. C’est normal et peut-être qu’un peu de lassitude s’installe aussi. De plus, dès demain, le Festival VIRTUEL de l’U3A Voyages d’été 2020 débute avec son lot de deux concerts par jour… diffusés aux heures prévues. Les cinq jours du festival ne peuvent pas supporter de concurrence et, comme le dit le dicton, « trop d’information tue l’information« . Désormais, et avant de prendre quelques vacances, le Festival et les artistes de chez nous ont la priorité absolue! J’espère que vous suivrez avec autant d’enthousiasme les prestations de nos musiciens sur ma page Facebook, ici même sur le blog et ailleurs encore.
Mon amie Josiane Dethise avait, au début du confinement, fait le pari qu’il y aurait peut-être 100 billets « Un jour… un chef d’oeuvre! » Il en reste quinze à rédiger pour atteindre ce chiffre « fétiche ». Mais il se pourrait bien qu’on y arrive tout de même car si je n’en place plus tous les jours de l’été, je voudrais tout de même relever le défi. Après tout, rien ne dit dans le titre qu’il en faut TOUS les jours à 9H30. Ainsi, quand l’humeur sera à écrire un billet de cette série, je continuerai à le numéroter… et de cette manière, peut-être un jour, en espérant que ce ne soit pas à cause d’un nouveau confinement, je pourrai arriver au centième qui lui marquera la fin définitive de la série. Je compte faire un billet spécial où un lien vers chaque article sera facilement accessible. Vous pourrez ainsi, sans difficulté retrouver votre billet préféré.
Il n’est pas innocent que ce dernier billet (aucun ne l’a été, bien-sûr) mette en lumière la thématique du voyage. Le monde que nous vivons est grave et parfois dangereux. Mais tout voyage ne l’est-il pas, dans une certaine mesure? Lorsque le marin a peur du vide, de l’absence de vent, que peut-il faire? La question se pose depuis l’antiquité et Ulysse comme Énée ont été confrontés aux caprices des dieux du vent. Nous sommes tous comme le marin à attendre que les vents que nous espérons favorables nous poussent sur notre ligne du temps, sur la mer de nos espoirs. Tâchons parfois de les provoquer, car quand on les attend, beaucoup sont hostiles, l’ont été ou le seront… Mais vous connaissez mon tempérament optimiste: pour celui qui prendra conscience du temps, pour celui qui saura mesurer le juste chemin déjà accompli sur la mer, contre vents et marées, et qui tant bien que mal résiste sur son frêle esquif, l’horizon n’est pas encore atteint et la vie réservera encore mille joies pour qui peut les cueillir. Non, ce n’est pas de la naïveté, c’est l’espoir simplement, comme Beethoven et Mendelssohn ont pu l’exprimer et comme Caspar David Friedrich a pu le montrer à de nombreuses reprises dans ses « marines » où chaque voilier, plus ou moins loin sur la mer représente l’âme humaine dans son voyage existentiel.
Je vous souhaite de tout mon cœur cette mer calme et cet heureux voyage qui, je l’espère nous permettra d’enfin nous retrouver dans la vraie vie. Mais pour que cela puisse se réaliser, je vous le demande avec toute mon âme, montrez votre humanité… Prenez soin des autres… mais aussi de vous!
Avec toute mon amitié,
Jean-Marc Onkeliunx
Mille mercis, Monsieur Onkelinx, pour ces précieux rendez-vous quotidiens. Le découverte de vos «mini» billets nous a ravis et enrichis pendant plus de trois mois et l’émotion que vous décrivez à l’écriture de ce « 85 ème » est également la nôtre à sa lecture.
Au grand plaisir de vous entendre.
A jean Marc Onkeliunx,tribun romain ou barde gaulois,au minimum les deux!
Paraphrasant LVB,j’ai tenté d’unifier mon harmonie à la votre,de façon appropriée?Là n’est pas la question.Le plaisir et les sentiments ne se mesurent pas,ils se vivent.Ainsi,pour le dernier billet ?qui ont démarrés au départ du confinement, nous avons pris la mer,source d’inquiétude,sur une très belle mélodie illustrée par Caspar David que nous avons croisé a de nombreuses reprises pour notre plus grand plaisir.La terre est en vue,la fin du confinement se profile avec joie et cependant un regret de quitter son RDV journalier si plaisant.Nous espérons le retrouver rapidement sous une autre forme.Nous apprivoiser avec passion à connaître ces arts si vastes vous honore et me comble.Merci.
J’ai souvent pensé en vous lisant : »quelles capacités pour élaborer chaque billet » et les diffuser avec la volonté de partager qui vous anime ! C’est réussi, haut la main!! Vous nous avez fait du bien sur tous les plans! j’y a trouvé tant d’occasions pour appécier le beau,dans ses diverses sphères et ce grâce à votre grande culture et votre humanisme.
Encore un peu de temps et vous nous reverrez…!
Prenez du bon temps ,il est précieux! et merci
Bonjour, Jean-Marc. Que d’émotion en lisant ce billet… Merci pour tout cet investissement généreux qui nous a fait découvrir ou redécouvrir tant de beautés mais également réfléchir ! Mais il est vrai également que ces rendez-vous quotidiens forcent leur auteur à conserver une certaine disciple et une faculté de découverte(s) et d’émerveillement(s) dans une période délétère. C’est ce que je vis avec mes modestes propositions de photos et de textes d’auteurs (même si certains jours sans grande inspiration, j’ai trouvé cela un rien tyrannique!). L’idée du nombre 100 me fait sourire car c’est également le but que je me suis fixé… et comme vous, je vais un peu alléger le rythme, les samedis et dimanches seront dorénavant chômés ! Encore mille mercis à vous, et en route pour ces voyages virtuels en attendant de nous retrouver. On a tellement hâte!
C’est avec émotion que je viens de lire votre « dernier » article. Je veux dire et vous redire encore combien j’attendais avec impatience, chaque jour, ce ressourcement et aussi cette évasion, loin des contraintes du confinement. Ce fut pour moi un réel réconfort et aussi un stimulant. L’après-midi, je reprenais l’oeuvre évoquée, si je disposais du C.D. ou même d’un ancien L.P. ou retournais à you tube en laissant vagabonder mon imagination ou en méditant sur un des thèmes évoqués. Je me réjouis de suivre le concert virtuel et de reprendre les cours en septembre. Je vous souhaite, ainsi qu’à Madame, des vacances reposantes et beaucoup de joie de vivre et de découvertes. Avec ma sincère amitié.
Merci encore, Cher Monsieur Onkelinx pour ce moment de bonheur que nous découvrions chaque matin sur notre boîte mail. Vous nous avez aidés à trouver ce temps du confinement plus supportable et tellement plus enrichissant. On se réjouit de vous retrouver tous les lundis. Votre empathie, votre Humanité, votre Culture tellement séduisante, votre humour nous manquent terriblement.
À demain pour le début de votre Festival.
JP Detry
Cher Monsieur Onkelinx, merci pour tout! A demain!
Sacha et Claude Delbeuck
Un immense merci à vous!Vous avez balisé ce confinement en nous apportant tellement de joie profonde, d’appel à la réflexion, de découvertes!merci!
Merci Monsieur Onkelinx. Pour la découverte d’un monde que je connaissais mal. Quels beaux voyages grâce à votre connaissance, votre optimisme, votre écriture, vos réflexions. Un bonheur.
Que vous puissiez bien vite reprendre la route que vous aimez.
Merci