Un jour… Un chef-d’œuvre (118)

On ne voit quelque chose que si l’on en voit la beauté.

Oscar Wilde (1891)

 

Edward Coley Burne-Jones (1833-1898), Portrait de Lady Frances Balfour (1880), détail.

Arthur Sullivan (1842-1900), Concerto pour violoncelle en ré majeur, II. Andante espressivo interprété par Julian Lloyd Webber (violoncelle) et le London Symphony Orchestra, dirigé par Sir Charles Mackerras.

Edward Coley Burne-Jones (1833-1898), Portrait de Lady Frances Balfour (1880).

 

« Ce portrait représente l’archétype de l’Anglaise de la fin du 19ème siècle.»

« Regardez cette jeune femme au teint de porcelaine. Elle semble appartenir à un monde imaginaire. Et pourtant, c’est lady Frances Balfour, la belle-sœur du célèbre homme politique anglais Balfour, peinte par Edward Burne-Jones en 1880. Mais s’agit-il vraiment de lady Balfour? Je veux dire: était-elle aussi évaporée? S’habillait-elle vraiment comme ça? Bien sûr que non. Edward Burne-Jones transformait tous ses modèles en nymphes évanescentes et sublimes. 

Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait « l’esthète rêveur ». Comme Oscar Wilde, son plus fervent admirateur, il estimait que l’artificiel est l’essence de l’art. Ce portrait n’a donc rien de réaliste. Pour Edward Burne-Jones, l’art ne doit surtout pas imiter la nature. Les femmes, quand il les couchait sur sa toile, devenaient son fantasme: traits fins, lèvres rouges, chevelure flamboyante, robe envoûtante, regard perdu. Et si, aujourd’hui, un portrait comme celui-ci représente à nos yeux l’archétype de l’Anglaise du 19ème siècle, c’est parce que la « femme idéale » selon Burne-Jones créa une véritable mode. Les jeunes élégantes de cette époque voulurent toutes lui ressembler! C’est ainsi que la nature imita l’art de quelqu’un qui pensait que l’art ne doit pas imiter la nature. »

Marie-Isabelle Taddeï et Frédéric Taddeï, D’art d’Art, Paris, Éditions Chêne, 2011, pp. 147-175.