Un jour… Un chef-d’œuvre (201)

Mieux vaut ne pas louer le jour avant le coucher du soleil.

Proverbe norvégien (1822)

Edvard Munch (1863-1944), Début du printemps à Asgardstrand, 1905.

Edvard Grieg (1843-1907), Mélodies élégiaques Op. 34 n°2, Dernier Printemps (Vaaren), sur un poème de A.O Vinje, interprété par le Gothenburg Symphony Orchestra dirigé par Neeme Järvi.

Vaaren (Dernier Printemps)

Encore une fois, j’ai pu voir l’hiver céder au printemps
Et la haie luire avec ses fleurs comme la neige sur le riche feuillage.
Encore une fois j’ai vu la glace bleue s’écouler de la terre,
La neige fondre, les cascades jaillir dans le ruisseau, et rompre la glace.
J’ai pu encore contempler l’herbe verte avec les fleurs,
Entendre encore les oiseaux du printemps chanter face à l’été et au soleil.
J’ai pu voir l’air printanier vibrer dans la lumière du soleil,
L’oiseau d’été se baigner dans la senteur des fleurs et briller en voltigeant.
Toute cette vie du printemps, je l’ai contemplée encore, elle qu’ensuite j’ai perdue de vue.
C’est pourquoi je me demandais avec mélancolie: Est-ce vraiment la dernière fois?
Qu’importe qu’il en soit ainsi! Je conserve maint souvenir pur et resplendissant.
J’ai reçu plus que je n’avais mérité et tout peut disparaître.


Aasmund Olavsson Vinje (1818-1870), Le Printemps, nommé quelquefois Le Dernier Printemps.

Si l’on veut résumer les principaux caractères de la poésie norvégienne du 19ème siècle, on peut dire qu’elle tient du romantisme par le sentiment très vif de la nature – de cette magnifique nature du Nord -, l’éclat des images et la sensibilité frémissante, mais s’en écarte par l’absence de tapage et d’outrance; elle s’apparente aussi au symbolisme par son caractère intime et évocateur, sa tendance à regarder, par delà le monde matériel, vers les profondeurs de la pensée et les régions mystérieuses du monde invisible et de l’au-delà. Il s’en dégage enfin un sincère idéalisme et une grande leçon de fraternité humaine.

H. Corbes, Les poètes lyriques Scandinaves au temps du romantisme, Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 1962, p. 246.

Edvard Grieg (1843-1907), Concerto en la mineur, Op.16, II. Adagio-attacca interprété par Lilya Zilberstein et le Gothenburg Symphony Orchestra dirigé par Neeme Järvi.