Un jour… Un chef-d’œuvre (237)

Mais, au milieu des nuits, s’éveiller ! quel mystère !

Victor Hugo (1802-1885)

Peter Doig (né en 1959), La Voie lactée, 1989-90.

Franz Schubert (1797-1828), Nacht und Träume (Nuit et rêve) D. 827 (arrangement pour violoncelle et piano), interprété par Kian Soltani et Aaron Pilsan.

La Voie lactée

Aux étoiles, j’ai dit un soir:
« Vous ne paraissez pas heureuses;
Vos lueurs, dans l’infini noir,
Ont des tendresses douloureuses.

Et je crois voir au firmament
Un deuil blanc mené par des vierges
Qui portent d’innombrables cierges
En se suivant languissamment.

Êtes-vous toujours en prière?
Êtes-vous astres blessés?
Car ce sont des pleurs de lumière,
Non des rayons, que vous versez.

Vous, les étoiles, les aïeules
Des créatures et des dieux,
Vous avez des pleurs dans les yeux… »
Elles m’ont dit: « Nous sommes seules,

Chacune de nous est très loin
Des sœurs dont tu la crois voisine;
Sa clarté caressante et fine
Dans sa patrie est sans témoin;

Et l’intime ardeur de ses flammes
Expire aux cieux indifférents. »
Je leur ai dit: « Je vous comprends!
Car vous ressemblez à nos âmes;

Ainsi que vous chacune luit
Loin des sœurs qui semblent près d’elles,
Et la solitaire immortelle
Brûle en silence dans la nuit. »

Sully Prudhomme (1839-1907)

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