Bonnes nouvelles

 

Le fait de la semaine aura été pour moi une réunion au siège de la Fnac Belgique centrée sur le marché du disque classique. Je craignais de très mauvaises nouvelles en provenance de la direction qui avait, à plusieurs reprises, laissé sous-entendre une catastrophe pour les départements cd’s dans la conjoncture actuelle et face à la chute annoncée du marché.

 

Il n’en est rien ! Si les ventes semblent reculer sensiblement dans les départements pop/rock et variété, la situation n’est guère la même au niveau du classique et du jazz. Certes, l’avenir est incertain et il est possible que la crise se face sentir plus cruellement dans les prochains mois,  mais pour l’instant, les discours alarmistes des médias et de la presse sont réfutés par des chiffres satisfaisants que je ne peux évidemment pas vous communiquer. Sachez cependant que ce n’est pas demain que vos rayons classiques disparaîtront des magasins Fnac ou se réduiront à peau de chagrin. Et malgré certains visiteurs incrédules, le rayon classique à Liège n’a jamais proposé autant de références différentes. On profite, bien sur, d’une concurrence de moins en moins forte, donc d’importantes parts de marché. On se demande d’ailleurs pourquoi les grandes enseignes de la distribution de supports audio ne s’occupent plus du marché classique qui est pourtant le plus stable du domaine. Tant mieux pour nous !

 

Mieux que cela, nous étions invités à proposer des idées pour développer plus encore l’impact du classique auprès de la clientèle et, en particulier, des jeunes. Et comme vous savez que je n’ai pas ma langue dans ma poche, je me suis empressé de plaider pour les sujets qui me sont chers et que vous connaissez. Ce qui m’a toujours plu dans le « concept Fnac », c’est le rôle pédagogique qu’il suppose. Et même si l’enseigne a ses détracteurs, il faut tout de même reconnaître qu’il est unique en son genre. Quel magasin propose depuis plus de quinze ans des conférences, concerts, rencontres, séances de dédicaces, partenariats avec les grandes institutions…dans un espace pris sur la surface commerciale (quand on connaît le prix de la location du mètre carré en ville !) pour servir de lieu de rencontres culturelles ou à travers de nombreuses présences à l’extérieur du magasin, même en dehors des heures d’ouverture? Mieux que cela, qui, en vue de défendre son projet, est capable de louer une salle en ville pour poursuivre ces activités musicales pendant que l’espace réservé est indisponible pour cause de travaux tout en continuant d’assurer la totale gratuité pour les participants ? Il y a une vraie volonté de diffusion des cultures qui est garante de la survie de l’enseigne. Ce succès liégeois est en train de s’amplifier à Louvain-La-Neuve ou je vais déjà donner une conférence par mois depuis un an et peut-être bientôt à Bruxelles.

 

Mais cette réunion n’était pas non plus une séance d’autosatisfaction. De nombreux problèmes importants doivent être envisagés tant au niveau de l’actualité des cd’s en rayon que de leur prix ou de leur rangement (parfois très difficile à organiser). Pensez donc que nous disposons de plus de 9000 références rien qu’en classique… ! Comment les présenter au mieux ? Comment organiser la signalétique pour qu’elle soit efficace ? Comment accueillir le mélomane comme il se doit ? Comment aborder le néophyte pour ne pas le décourager face à la masse des produits ? … Toutes ces questions sont celles de notre quotidien et je me fais, depuis toujours, un point d’honneur à m’occuper de tous avec la même passion, mais dans des propos adaptés. C’est aussi là la force du « vendeur Fnac » qui est, en principe, spécialisé dans sa branche, être disponible, et ne doit jamais être enfermé dans une tour d’ivoire.

 

Vous le constatez, peut-être avec surprise, le rôle humain est crucial dans ce métier, une question de survie même. Il est donc urgent d’encore développer ces aspects. La Fnac, j’en suis toujours convaincu, est un lieu de commerce certes, mais est aussi un lieu d’échanges d’idées, de discussions constructives et de découvertes. C’est bien dans cet esprit là que je l’entends… ! C’est donc bien une confirmation essentielle pour moi.


 

Et en attendant Pâques, écoutons ce merveilleux passage de la grande Messe en si mineur de Bach: Et expecto resurrectionem mortuorum


3 commentaires sur “Bonnes nouvelles

  1. Je forme des vœux pour que cette stabilité dure le plus longtemps possible en Belgique, car je vous assure que, pour l’amateur de musique, rien n’est plus déprimant que se rendre dans un magasin d’une grande enseigne culturelle et ne pas y trouver ce qu’il vient chercher. C’est d’ailleurs, outre une politique de prix extrêmement inadaptée, ce qui m’a conduit à n’effectuer, depuis quelques années, mes achats que sur Internet, où il est possible de se procurer assez rapidement et à des prix raisonnables, les disques dont j’ai besoin pour mes recherches ou mon plaisir. Mais ça ne remplace néanmoins pas le contact, d’où peuvent naître parfois des échanges de grande qualité avec un vendeur qui connaît parfaitement son rayon et est en mesure de conseiller utilement.
    Merci pour votre réponse et pour ce blog, où je ne manquerai pas de revenir.
    Cordialement.

  2. J’ai effectivement eu vent de ce phénomène et je l’ai par ailleurs constaté moi-même, la France souffre plus que la Belgique de la « crise du disque ». Je n’ai pas d’explication toute faite, mais il faut savoir deux choses essentielles. La première est que la Fnac Belgique est dans une phase d’expansion, ce qui ne me semble pas le cas en France. La seconde réside dans une liberté relative des différents pays à exploiter les différents domaines du marché. Ainsi, de nombreuses initiatives pour le classique ont vu le jour en Belgique qui font leurs preuves tous les jours. les partenariats avec les institutions musicales liégeoises(par exemple) apportent une compensation non négligeables aux pertes du marché, ce qui, en contrepartie, permet de conserver un assortiment de qualité. Par tradition, les magasins flamands sont plus forts en classique que les francophones (c’est dû à un fort intérêt de la population pour la musique ancienne (Kuijken, Herreweghe, Van Nevel qui sont des musiciens d’origine flammande) et un pouvoir d’achat plus développé qu’en Wallonie. Sans doute y a-t-il aussi moins de concurrence en Belgique qu’en France (?)

    Tous ces éléments font que la Belgique résiste mieux pour l’instant, mais personne ne peut affirmer que cela va durer! Seule une « politique » volontariste des acteurs des rayons classiques de la Fnac peut convaincre les directions générales de continuer le « combat »… et cela manque peut-être un peu en France…

    Encore une fois, nous sommes loin de crier victoire, mais nous voulons absolument préserver cette qualité de service seule garante d’un sursis pour le disque classique

  3. J’ai été très surpris en lisant votre billet, car, en France, on assiste exactement au phénomène inverse dans les magasins de l’enseigne dont vous faites partie : réduction drastique des références disponibles en rayon, mise en avant des produits les plus tapageusement vendeurs et fonte comme neige au soleil de l’espace réservé au classique. Comment expliquer cette singulière différence de politique d’un pays à l’autre ?
    Cordialement.

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