Royal!

La deuxième symphonie « Résurrection » de Gustav Mahler accompagne l’Orchestre philharmonique de Liège dans ses moments importants depuis bien longtemps. Alors que l’Orchestre n’existait pas encore au sens où nous le connaissons aujourd’hui, Sylvain Dupuis, en 1898, programmait la gigantesque œuvre à Liège dans le cadre de ses « Nouveaux concerts », une entreprise privée qui contrebalançait la traditionnelle « Société des Concerts du Conservatoire » dont la programmation était plus avant-gardiste.


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Mais lorsque les liégeois découvrirent cette symphonie très controversée en Allemagne, ils prirent conscience de l’importance du chef-d’œuvre et de son impact sur l’univers musical. Dupuis décida donc de faire rejouer l’œuvre l’année suivante, en 1899, mais sous la direction du compositeur lui-même, cette fois. On connaît la réaction de l’artiste qui, habitué aux orchestres de très haut niveau et n’ayant pas à sa disposition le nombre de cuivres suffisants, trouva la formation liégeoise « grossière ». Il semble, de plus, que le chœur, dont le rôle est si important dans la dernière partie du final, n’ait pas été à la hauteur.

Toujours est-il que les liégeois découvraient ce chef qui allait changer la face de la musique et celle de la direction d’orchestre.  Le journal l’Express écrivit à cette occasion une description haut en couleur du Mahler chef d’orchestre : « Chef frétillant, turbulent, battant désespérément des bras, sursautant, l’œil vif derrière le verre d’un pince-nez juché de guingois sur le nez, la physionomie d’un gastralgique, un gnome sortant, tout hérissé, d’une boîte magique. » (Source : site de l’OPL : http://www.opl.be/media/actualites.html )

 

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Après de nombreuses années, ce fut encore, en 1977, la « Résurrection » de Mahler fut choisie par Pierre Bartholomée pour inaugurer sa prise de fonction à la tête de l’Orchestre philharmonique de Liège fondé sous sa forme actuelle en 1960.

Lorsque la salle du conservatoire fut rénovée de fond en comble et qu’elle devint la Salle philharmonique que nous connaissons maintenant depuis septembre 2000, la symphonie de Mahler accompagna la réouverture officielle sous la baguette de Gabriel Chmura. Les quarante ans de l’orchestre, la réouverture de la salle et la nouvelle direction générale mise en place en 1999 inauguraient une nouvelle ère pour l’OPL.

 

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Dix ans plus tard, c’est à nouveau la fête, celle du cinquantenaire… et c’est encore la Deuxième symphonie de Mahler qui tient une bonne place dans les concerts d’ouverture de la saison. L’Orchestre était, vendredi dernier, accompagné par les Chœurs du Musikverein de Düsseldorf (qui étaient déjà de la partie lors du concert de l’an 2000), par la soprano Claire Debono et la contralto Delphine Galou, le tout sous la direction de John Neschling.

Mais c’est loin d’être tout ! À cette occasion, dans une brève séance protocolaire, Michel Forêt, Gouverneur de la Province de Liège, a remis, au nom du Roi Albert II, le titre de Société royale à l’Orchestre philharmonique de Liège. Ce titre honorifique ne change rien aux activités ni au statut réel de l’orchestre. Il est cependant un honneur soulignant les mérites de la phalange liégeoise et son travail pour le bien de la communauté au cours des cinquante dernières années. Avouons que c’est effectivement mérité.

La question est donc la suivante : L’orchestre devra-t-il changer de nom suite à ce nouveau titre. Rappelons que la complexité de l’administration belge et de ses diverses institutions donnent déjà à l’OPL une dénomination très longue : l’Orchestre philharmonique de Liège Wallonie Bruxelles. Faudra-t-il désormais y ajouter l’adjectif « Royal » ? Une autre formule… ? Nous verrons, mais une chose est certaine, cette nouvelle appellation donnera encore plus de prestige à l’étranger où le  Liège Royal Philharmonic Orchestra pourra séduire par ce qu’il rappelle du nom prestigieux des plus grands orchestres anglais.

 

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Tout cela pour dire que la saison s’ouvre sous d’excellents auspices et qu’il serait dommage de ne pas participer à cette fête continue. Le slogan « La musique est en vous » tend d’ailleurs une perche à ceux qui auraient encore un peu peur de franchir les portes de la Salle philharmonique et de la musique dite classique. Et ne nous y trompons pas, l’adjectif « Royal » ne rend pas l’institution plus guindée ou plus élitiste, que du contraire. C’est le service à la communauté qui est ainsi épinglé, donc, le service pour tous.  C’est la politique que développe l’OPL depuis des années et il faut la soutenir. Les séances s’enchaînent, ne se ressemblent pas et mettent l’accent sur la diversité des émotions musicales que nous ressentons tous les jours.


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Après les monumentales sonorités de Mahler, voici celles, plus menues, certes, et très populaires des Quatre saisons de Vivaldi. Un tube à ne pas rater. Et pour ceux qui veulent se préparer à une écoute active de l’œuvre la plus connue de Vivaldi, rien de tel qu’une écoute comparée de quelques versions du chef-d’œuvre. Car ce n’est pas rien. On recense à ce jour plus de 230 versions des Quatre saisons. Sous toutes les formes, de toutes les manières, dans toutes les vitesses et dans toutes les couleurs, …il y a de quoi redécouvrir cette oeuvre pourtant si familière. Jean-Pierre Rousseau et ses invités se feront une joie de proposer à l’écoute quelques versions significatives permettant de prendre toute la mesure de ces écarts d’interprétation. Une séance gratuite à la Salle philharmonique mercredi à 18H30 et un concert vendredi à 20H avec l’OPL et Stéphanie-Marie Degand au violon et à la direction…  à ne pas manquer!