Un jour… Un chef-d’œuvre (190)

Nous sommes tous nés en Arcadie.

Arthur Schopenhauer (1788-1860)

Emil Jakob Schindler (1842-1892) – An der Thaya bei Lundenburg II (Au bord de la Thaya près de Lundenburg), 1880.

Emil Jakob Schindler est un peintre autrichien spécialisé dans les paysages. Il est également le père d’Alma Mahler.

Gustav Mahler (1860-1911), Sixième Symphonie « Tragique », III. Andante moderato, interprété par l’Orchestre philharmonique de Vienne, dirigé par Pierre Boulez.

L’andante offre une pause dans un monde dur et cruel.
Il est dans une autre tonalité, mi bémol majeur. Il est l’unique montée de tendresse dans cette symphonie.
Parfois considéré comme le plus beau mouvement lent de Mahler, il se laisse aller au lyrisme, à l’effusion.
Évocation du monde pastoral, des trilles d’oiseaux (flûtes et clarinettes) et des cloches de vaches, Mahler se réfugie encore et toujours dans le « calme bienheureux de la nature dans laquelle Mahler puise toujours son énergie créatrice ». Mais si on prête bien l’oreille on peut entendre passer des thèmes des Kindertotenlieder, ombre portée de la mort toujours présente.

Esprits nomades

Nous sommes tous nés en Arcadie, c’est à dire : nous venons dans le monde remplis d’exigences de bonheur et de plaisir et nous gardons l’espérance folle de les réaliser jusqu’à ce que le destin se rappelle brutalement à nous et nous montre que rien n’est nôtre.

Arthur Schopenhauer (1788-1860)

Alma Mahler-Schindler (1879-1964)

Un jour, au cours d’une promenade, Alma avoue à Gustav Mahler que « ce qu’elle aime dans un homme, c’est uniquement ce qu’il est capable d’accomplir » que « plus ses réalisations sont parfaites, plus elle doit l’aimer! » « En vérité, répond Mahler, cela est dangereux pour moi, car s’il en venait un autre dont les capacités soient supérieures aux miennes? » « Alors je serais obligée de l’aimer! » déclare Alma sans hésitation.

Henry-Louis de La Grange, Gustav Mahler, Paris, Fayard, 3 vols, volume 2, 1983, p. 395.

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